PIP reconnaît avoir utilisé du gel non conforme mais nie sa toxicité
L'avocat de la société a reconnu mardi que PIP utilisait pour certaines prothèses un "gel maison" n'ayant reçu aucun agrément.
"Il y a un produit fabriqué par la société PIP qui n'a pas reçu formellement l'agrément et, à ce titre, il y a une infraction à la réglementation." Maître Yves Haddad, l'avocat de la société Poly Implants Prothèses, plus connue sous le nom de PIP, a reconnu, mardi 27 décembre, que le gel utilisé dans certaines prothèses mammaires PIP ne répondait pas aux normes en vigueur dans le secteur.
Yves Haddad nie cependant leur toxicité et pointe du doigt la responsabilité de l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps). A ce jour, 2 172 femmes ont porté plainte pour tromperie aggravée après s'être fait implanter des prothèses qui, dans certains cas, ont laissé s'échapper un gel non destiné à un usage médical.
"Un produit d'appel et un produit haut de gamme"
L'avocat s'est entretenu mardi avec les agences Reuters et AFP pour donner la position de son client. PIP utilisait deux types de gels de silicone, explique-t-il : le gel américain Nusil, autorisé, et un "gel maison", de fabrication artisanale, cinq fois moins cher. "Il y avait un produit d'appel (...) et un produit haut de gamme pour les gens du XVIe [arrondissement de Paris] par exemple", résume l'avocat.
Selon lui, le gel PIP maison était "un gel alimentaire acheté sur le marché français, qui remplissait les mêmes caractéristiques chimiques que le produit Nusil". "PIP savait qu'il n'était pas en conformité mais ce n'était pas un produit nocif", plaide le défenseur de Jean-Claude Mas, le fondateur de PIP. "Le caractère irritant, cela concerne tous les gels de silicone". Quant au risque accru de rupture de prothèse relevé par l'Afssaps, "ce n'est pas démontré", affirme-t-il.
L'Afssaps "négligente" pour PIP
Admettant avoir signé des protocoles d'accord avec des femmes et des chirurgiens pour payer l'explantation de prothèses défectueuses et la réimplantation de nouvelles, le défenseur de PIP affirme cependant que le taux de réclamation sur ses implants n'était pas plus important que chez ses concurrents et "ne dépassait pas 1,21 % [des cas]".
Pour PIP, l'Afssaps a sa part de responsabilité dans le scandale sanitaire. Il souligne que l'agence n'a procédé à aucun contrôle avant mars 2010. Selon lui, la société chargée de la surveillance qualité chez PIP émettait des rapports "qui étaient vraisemblablement transmis à l'Afssaps".
Si des produits étaient fabriqués avec du gel non conforme, l'Afssaps "n'avait pas le droit de l'ignorer. Si elle l'ignorait, c'est qu'elle est négligente", estime l'avocat.
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