Affaire Bettencourt : un non-lieu pour Woerth requis sous pression, selon "Le Monde"
Le quotidien affirme que le parquet de Bordeaux a décidé d'abandonner les poursuites contre l'ancien ministre sans l'accord de la magistrate chargée du dossier.
Pour Le Monde, si le parquet de Bordeaux a requis un non-lieu en faveur d'Eric Woerth, le 10 mai, dans le cadre de l'affaire Bettencourt, c'est grâce à un homme : André Ride. Procureur général près la cour d'appel de Bordeaux, il aurait décidé, sans l'accord de la magistrate chargée du dossier, de mettre fin aux poursuites judiciaires contre l'ancien ministre du Budget, mis en examen en 2012 dans le volet de l'affaire concernant le trafic d'influence. C'est ce qu'affirme le quotidien, mercredi 22 mai.
Dans ce volet, les juges d'instruction avaient estimé qu'Eric Woerth avait pu attribuer une Légion d'honneur à Patrice de Maistre, l'ex-homme de confiance de Liliane Bettencourt, en échange d'un emploi pour la femme de l'ancien ministre dans une société de la milliardaire. Patrice de Maistre a également été mis en examen en 2012.
La magistrate voulait renvoyer Woerth en correctionnelle
Pour étayer son propos, Le Monde fournit les explications suivantes. La magistrate du parquet de Bordeaux chargée de "régler" ce volet de l'affaire remet début mai au procureur de la République, Claude Laplaud, un projet de réquisitoire. "Au terme de sa démonstration, la magistrate conclut que les charges pesant sur [Eric Woerth et Patrice de Maistre] justifient leur renvoi devant le tribunal correctionnel", indique Le Monde.
Claude Laplaud soumet ensuite ce document à son supérieur, André Ride. "Ce dernier, selon plusieurs sources au tribunal de Bordeaux, aurait signifié à M. Laplaud que les conclusions de la vice-procureure ne lui convenaient pas, et qu'il fallait requérir un non-lieu en faveur des deux hommes", affirme Le Monde. "Classé à droite, M. Ride a été conseiller justice d'Alain Juppé à Matignon, en 1995. Il avait côtoyé brièvement dans le même cabinet Eric Woerth, alors conseiller parlementaire du Premier ministre", précise ensuite le quotidien.
Le procureur général dit n'avoir "jamais donné d'instructions formelles"
Devant le refus de la magistrate de modifier ce projet de réquisitoire, c'est finalement Claude Laplaud qui aurait changé les conclusions du document. Or, le Code de procédure pénale n'autorise pas le procureur général à ordonner à ses subordonnés de mettre fin à des poursuites judiciaires, souligne Le Monde.
Interrogé par le quotidien, André Ride a assuré n'avoir "jamais donné d'instructions formelles sur ce dossier". "J'ai discuté de cette affaire avec les membres du parquet, normalement. M. Laplaud m'a effectivement transmis un projet de réquisitoire. Nous n'étions pas d'accord avec l'analyse de la magistrate du parquet", admet-il.
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