Comment l'avocat de Denis Baupin tente d'organiser sa défense
Emmanuel Pierrat a multiplié les initiatives médiatiques pour défendre le député écologiste, accusé de harcèlement et d'agressions sexuelles.
Depuis un mois, Denis Baupin est l'objet d'accusations de harcèlement sexuel de la part de plusieurs femmes de sa famille politique. Trois femmes ont déposé plainte, mardi 2 juin, contre le député écologiste. Denis Baupin assure n'avoir "jamais commis de harcèlement ni d'agression sexuelle". C'est son avocat Emmanuel Pierrat qui se charge d'organiser sa défense, mardi 7 et mercredi 8 juin.
Il publie une tribune dans le Huffington Post
"Cela fait un mois que la réputation du député Denis Baupin a été jetée en pâture dans les médias et l'opinion publique, par deux journalistes mués en procureurs" : c'est par ces mots que commence la tribune d'Emmanuel Pierrat, mise en ligne mardi sur le Huffington Post.
Cette tribune, titrée "Affaire Baupin : quand la presse se fait juge", est une riposte à l'enquête de Mediapart et de France Inter, que l'avocat juge "partielle et partiale". Deux journalistes de ces médias ont révélé le scandale le 9 mai en publiant les témoignages de quatre accusatrices à visage découvert. D'autres témoignages se sont ajoutés depuis : en tout, treize femmes se sont, à ce stade, dites victimes du député écologiste.
Dans sa tribune, l'avocat cite les questions posées par les journalistes de Mediapart et de France Inter, envoyées à Denis Baupin quatre jours avant la parution de l'enquête : "Plusieurs témoignages évoquent notamment l'envoi de nombreux SMS sur le registre de la séduction, ou invitant à une relation sexuelle ou à caractère pornographique. M. Denis Baupin s'est-il rendu compte que ces envois répétés pouvaient être assimilés à du harcèlement sexuel ?"
"Aucun de ces dizaines de messages, dont il est fait état à n'en plus finir dans les deux enquêtes, où leur existence est affirmée comme constituant la preuve de multiples délits, n'est recopié ou cité dans chacun des deux articles de plusieurs pages", argue Emmanuel Pierrat.
Il révèle des SMS que Denis Baupin a envoyés
L'avocat a donc décidé de publier certains de ces SMS. Voici un échange écrit "au lendemain d'une supposée agression sexuelle narrée comme traumatisante".
– Le député : "On se prend un café ou un 'dej' quand tu viens à Paris ?"
– Elle : "Ouais sans problème vendredi par ex."
– Le député : "Quel enthousiasme ! :)"
– Elle : "Ben ouiiiiiii !!!!! Avec plaisir."
D'autres SMS ont également été publiés dans L'Obs, mardi. Mais comme l'hebdomadaire le rappelle, "ils sont parcellaires et ne correspondent qu'à ce que la défense de Denis Baupin a voulu montrer". Certains datent de juillet 2012 et sont échangés entre Denis Baupin et Isabelle Attard. La députée du Calvados accuse le député de l'avoir harcelée de SMS "salaces" de juin 2012 à décembre 2013.
– Denis Baupin : "Je note avec tristesse qu’il y a certains de mes SMS auxquels tu ne réponds pas :-)"
– Isabelle Attard : "Merci pour tes compliments adorables mais non merci :-)"
– Denis Baupin : "Je me rends compte qu'arrive cette terrible période de la semaine où tu t'éloignes de moi. Alors je t'envoie un nuage de petits bisous t'effleurant la nuque pour mieux te mordiller ensuite."
– Isabelle Attard : "Denis, je te l’ai déjà dit : merci mais non merci… Et j’ai horreur de me répéter !"
– Denis Baupin : "Oh là, je ne pensais pas t'embêter à ce point. C'était un peu un jeu. Désolé si je t'ai embêtée. Bises." Puis un peu plus tard : "Tu es si fâchée que ça ?
– Isabelle Attard : "Je voudrais juste qu'on puisse vraiment bien travailler ensemble sans que notre relation soit polluée par ce genre de messages."
– Denis Baupin : "Message reçu. Je pensais que ça t'amusait aussi de jouer. Bises."
Denis Baupin et Emmanuel Pierrat utilisent ces échanges pour tenter de se défendre. Selon eux, cela montre que "d'une part qu'il y avait avec sa collègue d'Europe Ecologie-Les Verts une forme de jeu de 'séduction'. D'autre part, que Baupin s'arrêtait si les femmes le lui demandaient". Mais pour Isabelle Attard, qui a confirmé la teneur des SMS à L'Obs, "ces échanges montrent clairement des refus polis et répétés".
Il répète à l'envi ses arguments
Emmanuel Pierrat persiste et signe mercredi sur Europe 1. "Mon client a été un tout petit peu insistant, pas harcelant", assène-t-il face à Jean-Michel Apathie. Si la démarche tend à dédouaner Denis Baupin, elle vise aussi les journalistes qui ont réalisé l'enquête.
Mediapart apporte toutefois une mise au point, mercredi. "Est-ce l'avancement de l'enquête préliminaire engagée par le parquet de Paris qui déclenche ainsi les colères publiques de l'avocat et – on l'imagine – de son client ? Derrière la vieille rengaine du procès de la presse, derrière la bataille de l’opinion, l'objet de la vindicte de Denis Baupin et de son conseil est bien cette enquête judiciaire en cours", souligne le journal en ligne qui rappelle que l'enquête a été menée avec sérieux.
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