Renvoi d'Edouard Balladur devant la Cour de justice de la République dans l'affaire Karachi : "On n'est pas surpris", réagit l'avocat de l'ex-Premier ministre
Felix de Belloy, l'avocat d'Édouard Balladur, se dit "confiant" sur l’issue de ce procès qui d'après lui, "est bâti sur une théorie absurde".
"On n'est pas surpris" par le renvoi d'Édouard Balladur devant la Cour de justice de la République, a réagit sur franceinfo l'avocat de l'ex-Premier ministre, Felix de Belloy. Edouard Balladur et son ancien ministre de la Défense François Léotard sont poursuivis devant la Cour de justice de la République dans l’affaire Karachi.
"On s’y attendait, parce que c’est une affaire où les juges subissent pas mal de pressions, et politique et de l’opinion. Une opinion qui a été manipulée depuis 10 ans", affirme Félix de Belloy. Mais l'avocat d'Édouard Balladur se dit "confiant" sur l’issue de ce procès, qui "est bâti sur une théorie absurde".
franceinfo: Vous attendiez-vous à ce procès devant la Cour de justice de la République ?
Felix de Belloy: On s’y attendait, parce que c’est une affaire où les juges subissent pas mal de pressions, et politiques et de l’opinion. Une opinion qui a été manipulée depuis 10 ans. On n'est pas surpris et surtout nous sommes extrêmement confiants quant à l'issue de ce procès. L'avocat général a lui-même noté l'absence assez vertigineuse de charges contre Édouard Balladur. Il a noté qu'il n'était absolument pas fait de la démonstration que l'ancien Premier ministre était impliqué dans les contrats d'armement en marge desquels des commissions ont été versées. Toutes les coulisses de ces contrats, Matignon n'était pas informé.
De quelles pressions parlez-vous ?
Après l'attentat de Karachi, il y a eu une théorie selon laquelle cet attentat aurait peut-être un lien avec la campagne d'Édouard Balladur. Je crains que cette théorie ait été formulée pour qu'on évite certaines questions sur l'attentat et sur ce système de commissions et de rétro-commissions qui a pris toute son ampleur après la campagne d'Édouard Balladur. Les médias se sont engouffrés dans cette brèche. Les familles des victimes de l'attentat de Karachi ont espéré que ce fameux volet financier mettant en cause Édouard Balladur pourrait apporter des éléments d'explication sur l'attentat, mais il n'en a rien été. Je vous affirme que dix années de procédure n'ont pas fait avancer d'un iota la procédure sur l'attentat de Karachi. C'est pour moi un vaste gâchis judiciaire. On embête un homme qui est âgé de 90 ans, qui a une carrière politique absolument remarquable et sans que ça n'apporte rien de vérité à des gens qui ont souffert.
Est-il prêt à aller s’expliquer ?
Il est archi prêt. Mais, il n'y a pas de preuves. Il y a eu une coïncidence qui depuis dix ans fait les choux gras dans les journaux. C'est qu'il y a des versements de quelques millions de francs sur le compte de campagne d'Édouard Balladur en 95, au moment où il y a des premières rétro-commissions qui sont retirées en liquide dans les réseaux de M. Takieddine et autres. C'est de cette coïncidence là qu'a été établie toute cette théorie. On parle d'un système de commissions de près de 600 millions de francs qui a été versé pour l'essentiel après 95 et comme le dit l'avocat général lui-même il est évident aujourd'hui que ce système de rétro-commissions n'a pas été mis en place pour financer la campagne d'Édouard Balladur.
Deuxièmement, s'agissant des espèces versées sur le compte d'Édouard Balladur à hauteur d'environ 10 millions de francs, je rappelle que le plafond légal à l'époque était de 18 millions de francs. Le compte de campagne d'Édouard Balladur est celui qui par rapport à Jacques Chirac ou Lionel Jospin, qui a reçu le moins d'espèces en 95. Par ailleurs, ces 10 millions de francs s'expliquent aisément. Il y avait des collectes dans toute la France. Ça représente à peu près 100 000 francs soit 15 000 euros par département. Ce sont des sommes absolument raisonnables et crédibles et donc ce procès est bâti sur une théorie absurde.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.