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Où sont passés les 405 millions d'euros de Bernard Tapie ?

La cour d’appel a condamné l’homme d’affaires de 72 ans à verser très exactement 404 623 082,54 euros à l’Etat.

Article rédigé par franceinfo
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L'homme d'affaires Bernard Tapie lors d'une conférence de presse à Marseille, le 12 mars 2014.  (CLAUDE PARIS / AP / SIPA)

"Mais je n’ai pas touché ces 405 millions d’euros." Dans une interview au Monde, Bernard Tapie l'affirme haut et fort : il n'est pas en mesure de rembourser la somme que lui réclame désormais la justice dans l'affaire Adidas-Crédit lyonnais. Il n'empêche. La cour d'appel de Paris a estimé, jeudi 3 décembre, que l'homme d'affaires n'avait pas été floué lors de la revente de son ex-entreprise Adidas par la banque du Crédit lyonnais en 1994. Et qu'il doit restituer l'argent perçu lors d'une précédente décision de justice, rendue par un tribunal arbitral privé en 2008. Combien doit-il rembourser exactement ? Où est passée sa fortune ? Francetv info fait le calcul.

Combien doit-il rembourser ?

La cour d’appel a condamné l’homme d’affaires de 72 ans à verser très exactement 404 623 082,54 euros à l’Etat. Bernard Tapie devra également rembourser les intérêts au taux légal depuis 2008, que les parties devront calculer et qui seront majorés de 5% à compter du 3 février en cas de non-paiement. Il devra aussi s'acquitter du coût de la procédure d'arbitrage – estimé à plus d'un million d'euros – et payer 300 000 euros au titre des frais de justice.

Bernard Tapie a la possibilité de se pourvoir en cassation, mais ce recours ne sera pas suspensif. Le Consortium qui gère le passif de l'ancienne banque publique Crédit lyonnais (CDR), donc l'Etat, est en mesure de demander immédiatement la restitution de l'argent. 

Combien d'argent Bernard Tapie a-t-il perçu ? 

En 2008, le tribunal arbitral privé mis en place pour juger l'affaire avait condamné le CDR à verser à Bernard Tapie 285 millions d'euros, une somme majorée à 405 millions avec les intérêts, comme l'expliquent Les Echos. L'homme d'affaires assure dans Le Monde n'avoir jamais perçu ces intérêts. Environ 100 millions de créances du fisc ont dû être honorées, confirme de son côté L'Express.

Bernard Tapie donne le détail de l'argent qui lui a été versé : "Le groupe Bernard Tapie (GBT) a perçu exactement 245 millions. Moi, personnellement, 45 millions, j’en ai donné la moitié à ma femme, c’était la moindre des choses, j’en ai donc gardé la moitié, et, sur cette moitié, c’est-à-dire 22, j’en ai mis 20 dans le compte courant de La Provence." "Et votre villa de Saint-Tropez ?" interroge le quotidien. "Je l’ai achetée avec la vente de mon bateau", répond l'intéressé. 

Où est passée sa fortune ? 

Bernard Tapie explique donc n'avoir gardé personnellement que "22 millions" en cash sur les 285 millions d'euros qui lui ont été versés en 2008. Et se lamente d'être "ruiné" si la justice met à exécution sa peine. L'homme d'affaires avait pourtant profité de l'arbitrage pour acquérir de nombreux biens immobiliers : "Hôtels particuliers et appartements à Paris, à Neuilly ou à Asnières, villa à Saint-Tropez", liste L'Express, indiquant qu'il "a aussi misé sur des contrats d'assurance-vie, notamment au nom de son épouse, Dominique, pour un montant de plus de 180 millions d'euros". Une quinzaine de comptes bancaires auraient également été ouverts en France et à l'étranger, selon le site d'informations. 

Bernard Tapie s'est aussi offert un yacht, baptisé Reborn, qu'il a revendu pour 44 millions d'euros à la société Everton, de droit des îles Caïmans, selon Libération. Il s'est aussi séparé de son jet, immatriculé à Malte, pour 16 millions d'euros, précise le journal

"Il y a une traque qui va être menée. Il y a des indices qui accréditent l'idée qu'une partie des sommes se sont évaporées dans des lieux hospitaliers comme des paradis fiscaux", confirme sur France Info Me William Bourdon, qui a représenté les parties civiles dans l'affaire de l'arbitrage du Crédit lyonnais. L'avocat n'exclut pas que les choses se terminent par de la prison si Bernard Tapie tente d'organiser une insolvabilité présumée. 

En septembre 2013, la cellule antiblanchiment de Bercy s'était opposée à un virement de 1,8 million d'euros vers Hong Kong. Tracfin soupçonnait Bernard Tapie d'avoir voulu faire sortir les fonds de France pour échapper aux saisies judiciaires.

Lorsque l'homme d'affaires est mis en examen pour "escroquerie en bande organisée" dans l'enquête pénale sur l'arbitrage rendu en sa faveur en 2008, entaché de soupçons de fraude, la justice saisit une partie de ses biens. Les parties devraient notamment pouvoir s'appuyer sur ces nombreuses saisies conservatoires. Elles représentent plusieurs centaines de millions d'euros, selon une source proche du dossier citée par Reuters. Parmi les biens saisis : trois contrats d'assurance-vie, une villa à Saint-Tropez et un hôtel particulier rue des Saints-Pères à Paris.

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