Affaire libyenne : Ziad Takieddine condamné pour diffamation contre Claude Guéant, Mediapart relaxé
L'homme d'affaires franco-libanais avait affirmé au site internet avoir remis à Claude Guéant cinq millions d'euros d'argent libyen pour le financement de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007.
L'homme d'affaires franco-libanais Ziad Takieddine a été condamné pour diffamation contre l'ancien ministre de l'Intérieur Claude Guéant, jeudi 13 février, par le tribunal correctionnel de Paris. La justice a en revanche relaxé le patron de Mediapart, Edwy Plenel, et les trois journalistes auteurs de l'article où étaient tenus les propos visés.
Il est reproché à Ziad Takieddine d'avoir, dans un entretien vidéo paru le 15 novembre 2016, affirmé avoir remis cinq millions d'euros d'argent libyen pour le financement de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007.
Il dit avoir apporté la somme à l'occasion de trois voyages entre Paris et Tripoli, entre novembre 2006 et début 2007, et avoir remis l'argent dans des valises, une fois à Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'Intérieur, et deux fois à Claude Guéant, qui était à l'époque son directeur de cabinet.
Une "base factuelle" insuffisante
Ces derniers avaient farouchement démenti ces allégations et annoncé des poursuites, mais Nicolas Sarkozy s'est désisté en juillet d'une procédure similaire à celle de Claude Guéant.
Dans deux jugements distincts portant sur ce même entretien, le tribunal estime que Ziad Takieddine n'a pas apporté "une base factuelle suffisante" pour étayer ses propos et "bénéficier de la bonne foi". Il est donc condamné à 8 000 euros d'amende, mais aussi à verser 6 000 euros de dommages-intérêts à Claude Guéant et 6 000 euros au titre des frais de justice.
"C'est un jugement incompréhensible et inadmissible puisque les propos qui ont valu à Ziad Takieddine une mise en examen sont aujourd'hui jugés diffamatoires", a réagi à l'AFP son avocate, Elise Arfi, qui a annoncé son intention de faire appel de ce jugement.
Les journalistes de Mediapart sont, eux, relaxés au titre de la "bonne foi" car, dans le cadre d'un entretien, "leur rôle se bornait précisément à poser des questions" à l'homme d'affaires franco-libanais.
Sarkozy, Guéant et Takieddine mis en examen
Dans ce dossier, Nicolas Sarkozy est mis en examen depuis mars 2018 pour "recel de détournements de fonds publics libyens", "financement illégal de campagne électorale" et "corruption passive".
Claude Guéant est lui mis en examen depuis 2015 pour "faux et usage de faux" et "blanchiment de fraude fiscale en bande organisée". Il l'a ensuite été en 2018 pour six chefs supplémentaires, dont "recel de détournement de fonds publics", "corruption passive" ou "complicité de financement illégal de la vie politique".
Ziad Takieddine est de son côté mis en examen pour "complicité de corruption", "complicité de détournements de fonds publics par un agent public", et "complicité de trafic d'influence actif et passif commis par des personnes exerçant une fonction publique".
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