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Nicolas Sarkozy en garde à vue : "C'est le seul ancien président de la République traité de cette manière", s'insurge Nadine Morano

L'ex-ministre de Nicolas Sarkozy, Nadine Morano, a réagi, mardi matin pour franceinfo, à la mise en examen de l'ancien Président de la République dans le cadre de l'enquête sur le financement libyen supposé de sa campagne en 2007.

Article rédigé par franceinfo
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Nadine Morano, lors d'un meeting de l'association "Les amis de Nicolas Sarkozy", le 20 février 2013, à Paris. (PATRICK KOVARIK / AFP)

La député européenne Nadine Morano, ancienne ministre de Nicolas Sarkozy, a pris, mardi 20 mars sur franceinfo, la défense de l'ancien chef de l'État, placé en garde à vue dans le cadre de l'enquête sur le financement libyen supposé de sa campagne en 2007. "C'est le seul ancien président de la République qui est traité de cette manière", a estimé Nadine Morano, rappelant aussi qu'"une garde à vue n'est pas un jugement".

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franceinfo : Êtes-vous surprise par le placement en garde à vue de Nicolas Sarkozy ?

Nadine Morano : Oui, je suis surprise, parce que je pense qu'il y a un traitement qui est assez particulier qui lui est réservé. Il avait déjà été mis en garde à vue en 2014 jusqu'au milieu de la nuit. C'est le seul ancien président de la République qui ait été traité de cette manière. Dans les affaires de Chirac, par exemple, l'ancien président n'avait jamais été placé en garde à vue. Je pense que si Nicolas Sarkozy avait été convoqué par la justice, il s'y serait rendu sans problème. J'observe aussi qu'il y a beaucoup d'agitation médiatique dans le cadre de cette garde à vue, mais il y en a beaucoup moins lorsque les non-lieux sont rendus. Je me rappelle du battage médiatique qui avait eu lieu sur l'affaire Bettencourt et Nicolas Sarkozy avait eu un non-lieu en 2013, comme en 2015 et en 2016, j'en passe, et d'autres.

C'est quand même cinq ans d'enquête qui mènent à cette garde à vue... Vous estimez qu'il n'y a pas d'affaire ?

Je trouve qu'il y a beaucoup d'amalgames. Cette intervention en Libye, ce n'est pas la France ou Nicolas Sarkozy qui ont décidé de partir pour abattre M. Khadafi. Je vous rappelle que c'est dans le cadre de la résolution 1973 des Nations unies, qu'ont participé à cette coalition les Émirats arabes unis, le Canada, le Danemark, l'Espagne, les États-Unis, la France, la Grèce, l'Italie. Il y avait une grande coalition et ce n'est pas une intervention de Nicolas Sarkozy seul. J'entends tout et n'importe quoi, on mélange l'intervention en Libye qui aurait été destinée à abattre M. Khadafi, le financement de la campagne électorale dont je rappelle que les comptes ont été validés...

Sur le financement de cette campagne, Mediapart a apporté des preuves et des faits ?

Vous estimez que Mediapart est un tribunal, un magistrat ? Moi, je pense qu'il s'agit plutôt d'un procureur médiatique ! Comment pouvez-vous dire que ce sont des preuves alors que ça n'a pas été jugé ? Est-ce que vous les avez vues, ces preuves ? Est-ce que vous êtes en capacité de dire que ce sont des preuves ? Une garde à vue n'est pas un jugement ! Encore une fois, je me rappelle que lors de l'affaire Bettencourt, Nicolas Sarkozy a été littéralement traîné dans la boue. Lorsqu'il a été blanchi, je n'ai pas entendu mon téléphone sonner autant pour réagir dans les médias, donc je vous invite à beaucoup de prudence.

Il y a tout de même le témoignage de Ziad Takieddine, qui affirme avoir transporté des millions d'euros en liquide, de Tripoli à Paris...

Est-ce pour autant que le juge considérera que ce témoignage est valable ? Il faut avoir des preuves. Ce qu'affirment M. Takieddine ou d'autres, c'est à la justice de valider la réalité des propos tenus et les preuves qui pourront aussi être obtenues. Il y a un côté sulfureux de certains personnages dans tout ça et moi, je n'ai pas à me prononcer sur le fond. Je n'ai pas à parler d'éléments judiciaires dont je n'ai pas les preuves sous les yeux. Il faut laisser la justice faire son travail. Les médias n'ont pas à se comporter comme des juges médiatiques. Ni vous, ni moi ne pouvons parler d'une affaire : que ce soit traité par la justice, c'est une chose, mais est-ce qu'il y aura condamnation, ni vous ni moi ne pouvez le dire. Je constate simplement qu'il y aujourd'hui un grand battage médiatique, et que les faits nous démontrent que Nicolas Sarkozy a bénéficié de trois non-lieu, déjà.

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