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Vidéo Nicolas Sarkozy a-t-il financé sa campagne de 2007 avec de l'argent libyen ? On vous explique l'affaire

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On vous explique l'affaire Sarkozy-Kadhafi
On vous explique l'affaire Sarkozy-Kadhafi On vous explique l'affaire Sarkozy-Kadhafi
Article rédigé par Ilan Caro
France Télévisions

Depuis 2013, des juges français s'intéressent à un possible financement occulte de la campagne de Nicolas Sarkozy par la Libye du colonel Kadhafi.

L'affaire poursuit l'ancien chef de l'Etat depuis son départ de l'Elysée. Nicolas Sarkozy a été placé en garde à vue, mardi 20 mars, dans le cadre de l'enquête sur un possible financement illégal de sa campagne présidentielle de 2007, a annoncé une source proche du dossier à franceinfo. Une affaire à laquelle la justice française s'intéresse depuis 2013 et que franceinfo vous explique.

A l'origine de ces soupçons, il y a un document, révélé par le site Mediapart en avril 2012. Il s'agit d'une note officielle émanant des services secrets libyens datée de décembre 2006. Ce document évoque "un accord de principe" pour le versement par la Libye, alors gouvernée par le colonel Kadhafi, d'une somme de 50 millions d'euros pour soutenir la campagne de Nicolas Sarkozy.

Les valises de Ziad Takieddine

Jadis mise au ban de la communauté internationale, la Libye tente à cette époque de se refaire une place dans le concert des nations. Un rapprochement avec Paris se noue dès la fin 2004, avec une visite du président Chirac à Tripoli. Mais c'est avec le clan Sarkozy que les contacts les plus étroits vont s'établir. En octobre 2005, celui qui n'est encore "que" ministre de l'Intérieur est reçu par Mouammar Kadhafi. Selon un "mémo" également dévoilé par Mediapart, la décision d'aider le candidat Sarkozy aurait été prise en marge de cette visite officielle, lors d'une réunion en présence de Brice Hortefeux et Ziad Takieddine.

Cet intermédiaire, aussi mis en examen dans l'affaire Karachi, un autre scandale de financement politique occulte, a déclaré avoir lui-même transporté cinq millions d'euros en provenance de Libye, dans des valises remplies de billets livrées en trois fois au ministère de l'Intérieur, quelques mois avant la présidentielle. Ziad Takkiedine affirme avoir été reçu par Claude Guéant, directeur de cabinet du ministre lors de ses deux premières visites, puis par Nicolas Sarkozy lui-même lors de la troisième livraison, en janvier 2007.

Le troublant coffre-fort de Claude Guéant

Au sein du clan Sarkozy, Claude Guéant semble être au cœur du système. Les enquêteurs s'intéressent notamment à un coffre-fort loué le 21 mars 2007, soit un mois avant le premier tour, à l'agence BNP de Paris Opéra. Une véritable "chambre forte", si grande qu'on peut y entrer sans se baisser, dans laquelle il s'est rendu à sept reprises, avant de la rendre le 31 juillet 2007. Les explications de Claude Guéant, selon lesquelles ce coffre servait à stocker des archives, notamment des discours de Nicolas Sarkozy, n'ont pas convaincu les policiers.

Mais c'est à cause d'un mystérieux virement de 500 000 euros apparu sur son compte en 2008 que le bras droit de Nicolas Sarkozy a été mis en examen le 7 mars 2015. Pour expliquer l'arrivée de cette somme, Claude Guéant a prétexté avoir vendu deux tableaux flamands. Or, l'enquête a pu déterminer non seulement que lesdits tableaux valaient moins du dixième de ce montant, mais que Claude Guéant n'en avait vraisemblablement jamais été propriétaire.

Des enveloppes d'argent liquide

En fait, cet argent, en provenance de Libye, a transité via des montages financiers complexes échafaudés par... Alexandre Djouhri. Lors d'une perquisition menée à son domicile suisse, les policiers ont en effet retrouvé un RIB du compte de Claude Guéant. Avec cet argent, le directeur de cabinet de Nicolas Sarkozy s'est acheté un appartement. A ce stade, rien n'indique que l'argent reçu par le biais d'Alexandre Djouhri ait pu servir à financer la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007.

Reste que des enveloppes d'argent liquide ont bien circulé pendant et à l'issue de la campagne présidentielle. Entre 30 000 et 35 000 euros seraient ainsi arrivés soit au QG du candidat soit au siège de l'UMP, avant d'être distribués aux salariés de la campagne. Selon Eric Woerth, à l'époque trésorier de la campagne, cet argent proviendrait de dons anonymes de militants. Ce qui laisse les enquêteurs sceptiques.

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