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Karachi : les comptes de campagne de Balladur découverts chez un préfet

La résidence du président de l'association de financement de la campagne d'Edouard Balladur en 1995 a été perquisitionnée selon le JDD. Les enquêteurs auraient trouvé la preuve que ces comptes de campagne ont été truqués.

Article rédigé par franceinfo
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Edouard Balladur lors d'un meeting, le 12 avril 1995 à Angers, dans le cadre de la campagne électorale. (PASCAL GUYOT / AFP)

Les archives de la campagne d'Edouard Balladur en 1995 étaient dans la cave du préfet. Le Journal du Dimanche révèle dimanche 8 janvier que le domicile du préfet Jean-Claude Aurousseau a été perquisitionné le 24 novembre dans le cadre du volet financier de l'affaire Karachi.

Les enquêteurs ont trouvé dans la cave de ce dernier les archives de l'Aficeb, l'association de financement de la campagne d'Edouard Balladur pour la présidentielle de 1995, association dont Jean-Claude Aurousseau était le président. En épluchant ces documents, les enquêteurs auraient trouvé la preuve que les comptes de campagne d'Edouard Balladur ont bien été truqués, selon le JDD. La division nationale des investigations financières  a rédigé trois procès-verbaux de synthèse à partir des documents de campagne.

Des financements de dernière minute

Bien que des anomalies apparaissent sur les comptes de campagne, les enquêteurs font un constat : l'équipe Balladur n'ignore pas la loi. "Dès le départ de la campagne, aucun amateurisme ou approximation", notent les policiers cités par le JDD. L'Aficeb connaît donc bien le cadre légal de financement d'une campagne présidentielle. Le plafond de dépenses est fixé à 90 millions de francs pour les candidats au premier tour. Or, les enquêteurs constatent que "les engagements ont été dépassé de 17 millions de francs", le 20 mars 1995.

Autre zone d'ombre : les recettes ne sont pas au rendez-vous, selon les policiers. Comment rééquilibrer le budget de campagne dans ce cas ? L'hebdomadaire explique que les policiers semblent persuadés que le camp Balladur a eu recours à des financements de dernière minute, soit des fonds spéciaux de Matignon, soit des rétro-commissions. Dans l'enquête sur l'attentat de Karachi, la thèse d’un règlement de comptes lié au non-versement de commissions par l'Etat français est privilégiée par la justice depuis 2009. Cette enquête a mis au jour des mécanismes occultes qui pourraient avoir financé illégalement la campagne présidentielle d’Edouard Balladur.

"Des sommes mirobolantes"

Jean-Claude Aurousseau a été placé en garde de vue le 7 décembre. Le préfet reconnaît avoir reçu "une enveloppe" provenant des fonds spéciaux de Matignon pour "compenser" ses activités. Mais il s'agit des seuls fonds spéciaux que le préfet dit avoir vus pendant la campagne.

Quant aux sommes en espèce d'origine inconnue, Jean-Claude Aurousseau assure les découvrir. Il n'a "aucune idée" sur leur provenance. Quid des 5,2 millions de francs utilisés pour la sécurité des meetings et qui n'apparaissent pas dans les comptes de campagne ? "Ces sommes me paraissent mirobolantes", répond le préfet aux enquêteurs. Pas de réponse non plus sur des sommes d'argents mystérieuses et griffonnées sur des carnets manuscrits saisis par les policiers chez Jean-Claude Aurousseau.

Le préfet avoue avoir constaté que que les "dépenses augmentaient alors que les sondages baissaient". Alors que les policiers font défiler les factures non signalés au Conseil constitutionnel sous les yeux de Jean-Claude Aurousseau, il dit découvrir ces sommes d'argent et déclare : "Je ne peux vous donner aucune réponse. Je comprends maintenant pourquoi les rapporteurs ont mis en évidence des problèmes".

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