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Les magistrats atterrés par le "mur des cons" et par la réaction de Taubira

Comment a réagi le monde de la magistrature en découvrant qu'un "mur des cons" était affiché au Syndicat de la magistrature ? Réponses de Dominique Verdeilhan, le chroniqueur judiciaire de France 2.

Article rédigé par Hervé Brusini - Propos recueillis par
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Le palais de justice de Perpignan (Pyrénées-Orientales). (MAXPPP)

Dominique Verdeilhan est le chroniqueur judiciaire de la rédaction de France 2. Il fréquente palais de justice et magistrats depuis plus de vingt ans. Pour francetv info, il confie le trouble causé par la révélation du "mur des cons", le panneau de photos et commentaires affiché dans les locaux du Syndicat de la magistrature.

Francetv info : Quelle est l'atmosphère du côté des magistrats avec cette affaire dite du "mur des cons" ?

Dominique Verdeilhan : Les magistrats sont atterrés ! Le Syndicat de la magistrature peut difficilement parler de blague de potache. Quand on est magistrat, l'argument passe difficilement. On peut avoir, en toute légitimité des positions idéologiques, politiques, ou déontologiques très tranchées, mais afficher des personnalités comme cela a été fait, c'est autre chose. Les commentaires en particulier qui sont annotés près des photos leur posent un grave problème. Mais selon moi, là où la ligne jaune est franchie, c'est lorsque l'on met en cause les parents de victimes. Que ce soit Philippe Schmitt, le père d'Anne-Lorraine assassinée de 34 coups de couteau par un récidiviste, ou Jean-Pierre Escarfail, le père de Pascale, violée et tuée par Guy Georges. Sans parler de Christophe Régnard, le patron de l'Union syndicale des magistrats. Le fait de viser ainsi une autre organisation professionnelle est très mal venu dans le monde de la justice.

Que pensent les magistrats de la réaction de leur ministre, Christiane Taubira ?

Pour eux, elle a tardé à prendre position. Il lui a fallu deux jours. Après avoir déclaré que les personnes visées pouvaient porter plainte, elle a fini par saisir le Conseil supérieur de la magistrature (CSM). Mais là encore, les termes de la saisine ont surpris. En gros, il est demandé au CSM si cette affaire pose ou non un problème déontologique. Les magistrats auraient espéré que la question aille un peu plus loin...

Est-ce que cette affaire laissera des traces ?

Sur le terrain disciplinaire, celui des sanctions, je ne le pense pas. Le CSM procédera à un rappel à l'ordre pour non respect de la déontologie. Ce qui est pour moi plus grave, c'est le problème de crédibilité qui est ici posé. Quelle confiance accorder, au moins pour ceux qui figurent sur ce "mur des cons", s'ils sont jugés par un membre du syndicat ? Il est difficile de militer pour l'indépendance et l'impartialité des juges quand on se livre à ce genre de jeu. D'ailleurs, même les habitués de la pétition ne se précipitent pas pour défendre les responsables du "mur".

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