Affaire des écoutes : qui sont les taupes de Nicolas Sarkozy ?
Dans les conversations révélées par Mediapart, l'ancien président évoque à plusieurs reprises un "correspondant" et des "amis", qui le tiennent informé de l'évolution des procédures judiciaires le concernant.
Qui sont les informateurs de Nicolas Sarkozy dans l'affaire des écoutes ? Mediapart (article payant) a publié, mardi 18 mars, le contenu de sept interceptions judiciaires effectuées, entre le 28 janvier et le 11 février, sur la ligne téléphonique "secrète" de l'ancien président, sous le nom d'emprunt de Paul Bismuth. Les propos de Nicolas Sarkozy révèlent, selon Mediapart, la mise en place d'"un cabinet noir pour neutraliser les juges qui enquêtent sur lui".
Dans leurs discussions, l'ex-chef de l'Etat et son avocat Thierry Herzog citent, à plusieurs reprises, un "correspondant" et des "amis", qui les tiennent informés de l'évolution de différentes procédures judiciaires en cours.
Qui sont ces indics ? Francetv info explore les différentes hypothèses.
Sur les agendas : le juge Azibert fortement soupçonné
Parmi les potentiels "correspondants" de l'ex-président et de son avocat, le seul dont le nom apparaît dans la procédure ouverte pour trafic d'influence et dans les révélations du Monde et de Mediapart est Gilbert Azibert, magistrat de la Cour de cassation. Il aurait surveillé pour le compte de l'ex-président de la République l'avancée du dossier des agendas de Nicolas Sarkozy, saisis dans le cadre de l'affaire Bettencourt. L'ex-chef de l'Etat souhaitait alors faire annuler leur saisie par la justice.
Gilbert Azibert a "bossé", assure ainsi Thierry Herzog à Nicolas Sarkozy. Le "boulot" supposé de ce haut magistrat auprès de l'avocat ? Selon Mediapart, il s'agissait de de renseigner sur les différents dossiers judiciaires en cours qui concernent l'ancien chef d'Etat. Mais aussi de "bien (...) expliquer" la situation aux conseillers de la Cour de cassation qui devaient trancher la question des agendas.
La justice soupçonne Azibert d'avoir rendu ce "service" en échange d'un appui en faveur de la nomination au Conseil d'Etat de Monaco de Gilbert Azibert (une nomination que le magistrat n'a pas obtenue).
Sur les écoutes : le conseil de l'ordre des avocats ?
Autre enseignement des fuites publiées par Mediapart : Nicolas Sarkozy se savait sur écoute. C'est pourquoi il s'est procuré une nouvelle ligne téléphonique, ouverte sous le nom d'emprunt de Paul Bismuth. Le 1er février toujours, l'ancien chef de l'Etat demande à son avocat de l’appeler sur sa ligne officielle, pour "qu’on ait l’impression d’avoir une conversation".
Qui prévient Nicolas Sarkozy de sa mise sur écoute ? "Les juges chargés de l’enquête pour trafic d’influence soupçonnent également une fuite au sein du conseil de l’ordre du barreau de Paris", explique Libération. Car les juges sont tenus par la loi d'informer le bâtonnier du conseil de l'ordre lorsqu'ils placent un avocat sur écoute. Or, Nicolas Sarkozy est inscrit au barreau de Paris. Contacté par francetv info, le conseil de l’ordre du barreau de Paris ne souhaite faire aucun commentaire.
Sur les perquisitions : un magistrat, un policier ou un haut fonctionnaire...
Les révélations de Mediapart pointent aussi le rôle d'un autre indic sur le dossier du financement libyen de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007. Le 1er février, l'ancien président de la République s'inquiète d’une possible perquisition de ses bureaux dans l'affaire libyenne. Il demande à son avocat "de prendre contact avec nos amis pour qu’ils soient attentifs". Et Thierry Herzog, qui n'y croit pas, de répondre : "Je vais quand même appeler mon correspondant ce matin (…) parce qu’ils sont obligés de passer par lui".
Qui est ce correspondant qui violerait le secret professionnel ? Mediapart avance la piste d'un "haut fonctionnaire bien placé dans la chaîne judiciaire". Mais les possibilités sont multiples : le juge d'instruction, les policiers chargés de la perquisition, le parquet... "Dans le cadre d'une perquisition sensible, d'autres acteurs que les magistrats sont mis au courant et pourraient être susceptibles de renseigner l'ancien président et son conseil", explique le Syndicat de la magistrature à francetv info. "Des hauts fonctionnaires de la justice peuvent être informés, mais aussi des hauts fonctionnaires d'autres institutions, comme ceux de la police", estime le Syndicat de la magistrature.
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