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Ancien ministre UMP de la culture, Jean-Jacques Aillagon se rallie à François Hollande

Il y a les lâchages discrets et les trahisons assumées. Après l'annonce du soutien de l'ancien socialiste Claude Allègre à Nicolas Sarkozy, voici son pendant avec celle, jeudi 8 mars, de l'ex ministre UMP, Jean-Jacques Aillagon, à François Hollande.
Article rédigé par Catherine Rougerie
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Claude Allègre (3e à partir de la gauche) et Jean-Jacques Aillagon (2e à partir de la droite) en 2003 (JEAN AYISSI / AFP)

Il y a les lâchages discrets et les trahisons assumées. Après l'annonce du soutien de l'ancien socialiste Claude Allègre à Nicolas Sarkozy, voici son pendant avec celle, jeudi 8 mars, de l'ex ministre UMP, Jean-Jacques Aillagon, à François Hollande.

"En politique, il n'y a pas de traîtres, il n'y a que des perdants." La formule, du romancier André Thérive, est cinglante mais signifiante.

Sans remonter jusqu'à Mathusalem, plusieurs exemples montrent que dans le domaine politique, le retournement de vestes des uns n'est pas sans rapport avec l'échec pressenti ou avéré des autres.

En ce domaine aucun camp n'est épargné. Jean-Marie Bockel, Bernard Kouchner, Eric Besson ont déserté les rangs socialistes pour rejoindre la rive sarkozyste. A l'inverse, l'ancien ministre de droite, Jean-Jacques Aillagon, vient d'annoncer son soutien au candidat socialiste, François Hollande.

Retour sur des infidélités à géométrie variable, du plus soft au plus tonitruant.

Jean-Jacques Aillagon, sans violence mais sans ambigüité

Proche de l'ancien président, Jacques Chirac, nommé ministre de la culture et de la communication en 2002 dans le gouvernement de Jean-Pierre Raffarin, Jean-Jacques Aillagon n'est sans doute pas le plus illustre des hôtes de la rue de Valois. Mais l'homme est respecté dans les milieux culturels.

Président de l'établissement public du château, du musée et du domaine national de Versailles, de 2007 à 2001, ce haut fonctionnaire a aussi occupé la présidence du centre Georges-Pompidou de 1996 à 2002, conseillé l'homme d'affaires François Pinault, par ailleurs directeur du Palazzo Grassi à Venise, et occupé le poste de président-directeur général de la chaîne de télévision TV5 Monde.

Autant dire que son carnet d'adresses est bien fourni. Et si l'homme occupe peu les colonnes de la presse, il dispose d'un blog où il publie régulièrement des billets.

Ainsi, et quelques jours avant sa tribune dans Libération, l'ancien occupant de la rue de Valois évoquait dès le le 2 mars, le tempérament de Nicolas Sarkozy comme accentuant "le caractère de monarchie républicaine de la République française".

Dans sa tribune publiée par Libération, la coupure est plus franche. Mais a contrario du "félon besson", elle intervient avant le premier tour de la présidentielle.

Eric Besson, le félon

Né en 1958 au Maroc, l'itinéraire politique de l'actuel ministre chargé de l'Industrie, de l'énergie et de l'économie numérique, Eric Besson, a fait couler beaucoup d'encre.

Et si les regards se sont largement détournés de cet ancien secrétaire national à l'économie du Parti socialiste, son ralliement à Nicolas Sarkozy n'est toujours pas digéré. Et ne le sera jamais. Il faut dire que l'intéressé y met du sien.

On ne compte plus les "amabilités" qu'il profère à l'égard de ses anciens alliés.

Mais au-delà de la régularité des critiques, le plus impardonnable pour les socialistes, c'est le "timing" de la trahison : au soir du premier tour de l'élection présidentielle de 2007 pour, qui plus est, y coordonner le "pôle gauche".

En termes d'élégance, on frise l'excellence.

Claude Allègre, tout un art

Autre personnalité, autre style. Dans la série, "je flingue mes amis", le géochimiste Claude Allègre est à part.

Ancien ministre de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie dans le gouvernement de Lionel Jospin, M. Allègre possède un talent tout à fait particulier. Celui de se mettre à dos des corps entiers de métiers.

Du milieu des enseignants à la communauté scientifique, ce membre de l'Académie des sciences françaises cultive les polémiques comme d'autres leur jardin. Avec art et persévérance. Dernier exemple en date, une interview au JDD, fin février, dans lequel il confirme son soutien à Nicolas Sarkozy.

Mais la volte-face ne s'arrête pas là. Outre le ralliement, l'homme dézingue avec inspiration.

Dans ce même entretien, l'ancien membre du parti socialiste et compagnon de route de François Mitterrand décrit François Hollande comme "un homme politique intelligent, sympathique" mais "qui manœuvre tout le temps, éternellement".

On lui doit aussi un fameux : "on aura Chirac II au pouvoir" si François Hollande est élu sans oublier, sur Europe 1, une autre gentillesse : il "n'est pas le bon capitaine du navire dans la tempête que la France et l'Europe traversent".

En matière d'abandon de navire, le chef du pédalo a trouvé son maître.

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