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Audiovisuel public : les réponses des candidats à six questions des Sociétés de journalistes

Les Sociétés de journalistes de l'audiovisuel public ont interrogé les 10 candidats à la présidentielle sur leur vision de ce secteur de l'information. Nous publions une synthèse et l'intégralité de leurs réponses aux 6 questions posées.
Article rédigé par Francetv 2012
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 57min
Les candidats et l'audiovisuel public en six questions. (Afp)

Les Sociétés de journalistes de l'audiovisuel public ont interrogé les 10 candidats à la présidentielle sur leur vision de ce secteur de l'information. Nous publions une synthèse et l'intégralité de leurs réponses aux 6 questions posées.

Les Sociétés des Journalistes de l'ensemble des groupes audiovisuels publics ( France 2, France 3, France Télévisions, France Inter, France Info, France Culture, Radio France, RFI, France 24 ) ont posé six questions aux candidats à l'élection présidentielle. Voici une synthèse de leurs réponses :

Mode de nomination

Tous les candidats, à l'exception de Nicolas Sarkozy, affirment vouloir revenir sur le mode de nomination des dirigeants de l'Audiovisuel public directement par le chef de l'Etat.

Moyens budgétaires

Les réponses sont plus évasives : certains évoquent des moyens en hausse (Sarkozy, Mélenchon) mais non chiffrés, d'autres souhaitent plus une constance de budget (Bayrou, Dupont-Aignan, Hollande, Le Pen).

Les opinions sont plus franches sur la redevance : elle doit être supprimée (Arthaud), maintenue à son niveau actuel (Bayrou, Dupont-Aignan, Le Pen, Sarkozy) ou augmentée, au moins pour certains contribuables (Cheminade, Hollande, Joly, Mélenchon, Poutou).

Plusieurs candidats se prononcent pour un accroissement des taxes sur les entreprises de télécoms/internet/télévisions privées (Arthaud, Cheminade, Dupont-Aignan, Joly, Poutou).

Publicité

Vers une suppression totale de la publicité sur le service public : Arthaud, Joly, Le Pen, Mélenchon, Poutou

Statut quo ou moratoire avec le système actuel (pas de publicité après 20h sur les chaines du service public, mais publicité en journée) : Bayrou, Dupont-Aignan, Hollande, Sarkozy

Audiovisuel extérieur de la France

Une très grande majorité, à l'exception de Nicolas Sarkozy, souhaite une refonte complète de l'AEF et des dernières réformes engagées. A noter que Nathalie Arthaud souhaite le rattachement de France 24 à France Télévisions et celui de RFI à Radio France (comme P. Poutou).

Deux canaux d'infos nationales ?

Tous les candidats souhaitent le maintien de deux canaux d'informations nationales, mais les réponses sont souvent vagues sur ce sujet.
Tout en souhaitant le maintien de France 3 National, quelques candidats se prononcent pour un renforcement de la régionalisation de France 3 (Dupont Aignan, Joly, Le Pen).

Autres propositions

Les entreprises privées possédant (ou dans une trop grande proportion) des médias seraient exclues des marchés publics (Joly, Mélenchon)

Réforme profonde du CSA (Joly, Mélenchon, Poutou)

Création d'une chaîne « jeunes et jeunes adultes » sur le canal de France 4 (Hollande)

Renforcement de l'indépendance de l'AFP (Joly) ou rattachement de l'AFP au sein du Pôle Public des Médias (avec France Télévisions, Radio France et AEF, Mélenchon)

Nouvelle loi sur le renforcement de la protection des sources des journalistes (Joly, Poutou), abrogation du secret défense (Poutou)

Abrogation des décrets Tasca (qui permettent le statut d'animateur producteur) : Poutou, Mélenchon, Joly

Rapprochement de l'audiovisuel public des entreprises d'infrastructures de communication, et notamment renationalisation de France Télécom/Orange : Poutou, Mélenchon

Renationalisation de TF1 et retour dans le giron de France Télévisions (Poutou)

Droit à l'Information inscrit dans la Constitution (Mélenchon)

Requalification de tous les contrats précaires en CDI (Poutou)

Voici l'intégralité des réponses des candidats

1: Si vous êtes élu, souhaitez-vous maintenir ou revenir sur le mode de désignation directe par le président de la République des dirigeants de l'audiovisuel public ?

Nathalie Arthaud ( Lutte Ouvrière ) : Le problème pour nous, ce n'est pas tant la docilité de tel ou tel organisme vis-à-vis du chef de l'Etat, le problème c'est la transparence et le contrôle de la population qui n'existe pas.
Je préconise le contrôle des dirigeants des chaînes audiovisuelles publiques comme privées, comme je le préconise pour toutes les entreprises, par leurs salariés et par la population.

François Bayrou ( Mouvement Démocrate ) : Ma position sur le sujet n'a pas changé. Ce mode de désignation qui contrevient au principe de l'indépendance des médias est condamnable. Il faudra rapidement revenir desssus. La télévision publique n'appartient pas au pouvoir exécutif mais à tous les Français qui en assument le financement avec la redevance. Je propose que la nomination des présidents relève de la responsabilité d'une instance indépendante , représentative du pluralisme français, comme en Grande-Bretagne.

Jacques Cheminade (Solidarité et Progrès ) : Je combats le césarisme et il est donc logique que je trouve la situation actuelle malsaine.

Nicolas Dupont-Aignan (Debout la République ) : Un de mes premiers actes à mon arrivée à l'Elysée sera d'abroger la nomination du président de France Télévisions par le président de la République. Dans une démocratie épanouie du XXIème siècle, cette nomination est anachronique et ne correspond pas à l'exigence d'indépendance qu'est en droit d'attendre le service public de l'audiovisuel en France.
J'instaurerai un système de nomination collégiale, comme il en existait un auparavant, afin que les Français retrouvent confiance dans la télévision et la radio publiques.

François Hollande ( Parti Socialiste ) : Je reviendrai sur ce mode de désignation. Les responsables des chaînes publiques de télévision et de radio seront désignés par une autorité
indépendante et non plus par le chef de l'État. Cette autorité sera composée de membres désignés par l'Assemblée nationale et le Sénat, après avis conforme de leurs Commissions des affaires culturelles respectives statuant à la majorité des 3/5e.

Eva Joly (Europe Ecologie – Les Verts ) : M. Sarkozy n'a pas cessé durant son mandat d'intervenir dans les médias et d'y placer ses amis, dans l'audiovisuel public mais aussi dans les groupes de médias privés.
La loi sur la protection des sources est bafouée au plus haut niveau. Des pressions politiques sont exercées sur les journalistes et les éditeurs de presse. Jamais depuis l'ORTF, l'audiovisuel public n'a été aussi dépendant, alors que ses dirigeants sont nommés par le Président. La télévision publique redevient quant à elle la télévision d'Etat et, en même temps, ses ressources sont bridées (redevance bloquée, suppression de la publicité, développement de partenariats privés parfois exigeants sur les contenus) au profit du privé.
Les médias privés, qu'ils soient audiovisuels ou écrits, voient quant à eux leur capital se concentrer entre les mains d'un nombre de plus en plus réduit d'actionnaires ou entrent sous la coupe de puissants groupes financiers ou industriels, qui ont obtenu que leurs cahiers des charges soient moins contraignants vis-à-vis de la production d'œuvres originales. Le métier de journaliste est de plus en plus difficile à exercer. Les pressions par l'éditeur ou des lobbies sont exercées sur les rédactions. Dans le même temps, le plus grand nombre se précarise et les conditions de travail se dégradent. Il y a urgence à rétablir l'indépendance des médias et à permettre l'exercice du métier de journaliste en toute liberté.
Il est donc nécessaire de mettre en oeuvre des règles qui permettent de garantir une totale et nécessaire indépendance vis-à-vis des pouvoirs économiques, politiques et financiers, à l'image de ce qu'avait préconisé le Conseil National de la Résistance en 1946.
Ainsi, pour assurer l'indépendance de la presse et des médias, je m'engage à ce que toute société détenant plus d'un certain seuil du capital d'une entreprise du secteur soit exclue du droit de répondre à un marché public. Je réformerai également le CSA et le mode de nomination des dirigeants de l'audiovisuel public afin de garantir le pluralisme des médias audiovisuels et la parité des instances.
Donc une grande loi garantissant l'indépendance des médias, la liberté des journalistes et la protection du secret de leurs sources me semble nécessaire dès la première année de mandat, suite à des Etats généraux de la profession (syndicats de journalistes et éditeurs de presse, audiovisuel et internet) que nous souhaiterions tenir très vite pour formuler des propositions relatives aux évolutions du métier, au statut et à la rémunération des journalistes, en lien permanent avec les acteurs du secteur. Notre idée générale, c'est « Sortir l'audiovisuel des petits arrangements entre amis » en commençant par restaurer une vraie Démocratie dans l'audiovisuel !

Marine Le Pen ( Front National ) : Le service public de l'audiovisuel ne relève pas d'aucune des compétences régaliennes de l'Etat. Dès lors, la nomination des présidents de l'audiovisuel public ne doit plus appartenir au chef de l'Etat. Cette prérogative doit relever de la compétence d'une commission indépendante dont la composition impartiale garantira que les nominations concernées cause se feront sur la base de seuls critères professionnels

Jean-Luc Mélenchon (Front de Gauche ) : La gauche devra abroger le décret de nomination/destitution des Présidents des chaînes publiques par le Président de la République, mais aussi démocratiser les entreprises, donner de nouveaux droits aux salariés. Le droit des salariés et leur représentation dans les CA et Comités d'Entreprise seront accrus dans toutes les entreprises. Dans le secteur public, leur représentation sera portée à 50%. Un collège associé des usagers sera institué. Les présidents seront élus par les Conseils d'Administration sur proposition du Conseil Supérieur des Médias et sur un projet d'entreprise débattu par le Conseil.

Philippe Poutou ( Nouveau Parti Anticapitaliste ) : Nous sommes par principe contre toute nomination des présidents de l'audiovisuel public par le pouvoir exécutif, directe (comme c'est le cas depuis la réforme de l'audiovisuel de 2009) ou indirecte (comme c'était le cas avant cette réforme). Si le service public de l'audiovisuel doit être financé sur des fonds publics, pour autant il ne doit être en aucun cas sous le contrôle des gouvernements. Le NPA propose donc que les dirigeants des entreprises publiques soient élus par leurs salariés, sur la base de propositions formulées par un organisme démocratique de régulation des médias. Celui-ci prendrait la place du CSA, organisme prétendument indépendant mais qui se trouve en fait sous la coupe du pouvoir politique.
Au contraire, l'organisme dont nous proposons la création serait fondé sur le principe de l'élection et composé de la manière suivante : une représentation des élus strictement proportionnelle aux résultats électoraux, une représentation des salariés des médias (du secteur public, du secteur privé des médias du tiers-secteur) et une représentation des publics (même si cette dernière pose d'indéniables problèmes de représentativité). Outre la proposition de candidats à la présidence de Radio France, France Télévision, etc., cet organisme aurait des pouvoirs très importants comme la répartition du financement des médias, le contrôle du pluralisme (voir plus bas nos propositions), des mesures d'audiences et de diffusion (permettant notamment de limiter les concentrations), ou encore de la publicité.

Nicolas Sarkozy ( Union pour un Mouvement Populaire ) : La nomination des dirigeants de l'audiovisuel public se fait aujourd'hui en totale transparence. Les :candidats proposés par le Président de la République sont auditionnés publiquement par le Parlement et le CSA et leurs avis sont obligatoirement suivis par le gouvernement. J'ai la conviction que, pour diriger sereinement et efficacement des maisons aussi complexes, leurs dirigeants doivent avoir le soutien total de leur tutelle. Enfin, permettez-moi d'ajouter que ce mode de nomination n'empêche pas, aujourd'hui, le dirigeant d'une radio publique prestigieuse de faire ouvertement campagne pour le candidat socialiste.


2: Quelle mission souhaitez vous pour les médias de l'audiovisuel public ?

NA : Un responsable d'une grande chaîne privée avait déclaré, il y a quelques temps, que son objectif était de « vendre du temps de cerveau » de téléspectateurs à la publicité. Et malheureusement, de ce point de vue, les chaînes publiques sont souvent peu différentes des chaînes privées.
En fait il faudrait que la population puisse influer sur le choix des sujets et sur la programmation des chaînes et radios. Combien d'émissions intéressantes ne passent qu'à 22 h 30/23 h, voir plus tard.
Des émissions historiques, politiques, scientifiques, sociales, ou même des pièces de théâtre, qui passent après le journal de 20 h bénéficient d'un fort taux d'audience, dès lors qu'elles sont bien faites.
Par ailleurs, la moindre des choses serait d'imposer à toutes les chaînes et radios un vrai pluralisme politique tout au long de l'année et pas seulement à 15 jours ou 4 semaines précédant une élection.
Chaque courant politique devrait avoir un accès aux médias en proportion de ce qu'il représente, sans oublier l'athéisme qui passe sous la table.

FB : Avec la TNT et la multiplication des chaînes d'information continue, je crois que les médias publics devraient avoir une mission particulière de sensibilisation aux enjeux politiques, sociaux et économiques, pour lesquels permet un angle d'approche approfondi et fouillé. Je crois aussi que les médias et les médias publics en particulier, qui sont des moyens d'expression essentiels en démocratie, doivent avoir toujours à l'esprit la nécessité absolue de respecter le pluralisme et de refléter la diversité des opinions.

JC : Au contraire des chaînes privées qui diffusent gratuitement de nombreux reportages souvent superficiels, les sites de France Télévision proposent des documentaires plutôt intéressants mais misent sur l'offre payante ! France TV doit devenir une plateforme éducative fournissant en masse des contenus vidéo gratuits par internet (avec une France 5 consacrée « chaîne des idées » et centrée sur la découverte et l'éducation). Les équipes de France TV seront dépêchées auprès des institutions publiques comme le CNRS ou le CEA, les Opéras et les grands orchestres, pour assister chercheurs, ingénieurs et artistes dans la réalisation de programmes visant à faire découvrir au peuple ce qu'ils font, comment et pourquoi. Ainsi, en peuplant le web de contenus intelligents, l'on aura un levier pour relever le niveau général d'internet.
De plus, l'exceptionnelle base d'archives que constitue l'INA devra être mise en libre accès et les émissions éditées, libres de droits dix ans après leur production.

NDA : Je crois que les médias de l'audiovisuel public doivent sortir un peu plus encore de la logique de l'audimat pour se concentrer sur une approche plus pédagogique des programmes diffusés. Concrètement, je pense que les programmes doivent conjuguer les vertus du divertissement et de l'évènementiel pour le plus grand nombre avec les exigences de programmes culturels que seul le service public est capable de financer et de proposer à des heures de grande écoute. En résumé, la mission du service public de l'audiovisuel doit calquer sa direction sur celle de tous les grands services publics de notre pays : une vocation généraliste, marquée par l'universalité d'accès et la qualité de la prestation.

FH : J'attire votre attention sur le fait qu'à mes yeux, il faudra d'abord mettre un terme aux dérives interventionnistes encouragées par le candidat sortant. Il n'appartient pas au président de la République de dicter à une entreprise publique son projet éditorial, ni de
s'immiscer dans sa gestion quotidienne. Les missions essentielles de l'audiovisuel public sont bien connues :informer, distraire, éduquer et cultiver en s'adressant à tous les publics. « Populaire et de qualité » sont deux qualificatifs qui doivent s'appliquer à ces missions. Mais la vraie question, c'est la manière dont ces missions sont déclinées. Plus que jamais, le service public est nécessaire parce qu'il est le seul à lutter contre les tendances du moment : il agrège alors que la société se désagrège, il fédère autour de valeurs alors que nous souffrons de l'absence de valeurs communes, il développe l'imaginaire via la fiction et le cinéma.

L'Etat attendra d'abord des dirigeants de France Télévision :
-Une définition claire du projet éditorial, du rôle de chaque chaîne existante ; j'ai déjà évoqué à ce sujet l'intérêt qu'aurait la création d'une chaîne « jeunes et jeunes adultes » sur le canal de France 4.
-Un bilan de la plateforme d'information qui vient d'être lancée, et
des autres développements numériques.
-Les mesures qu'ils comptent mettre en œuvre pour que la priorité soit donnée à « l'audace créative » car il n'y a pas de fatalité à voir Hollywood dominer l'univers de la fiction, et la BBC celui du documentaire. Il n'y a pas de fatalité à programmer des formats étrangers de jeux et de divertissements.

EJ : Le financement et le périmètre actuels du secteur public ne garantissent pas un service public de l'information et de la culture ambitieux et digne de notre pays. Pour tendre à nouveau vers un audiovisuel public qui fasse de la qualité de ses programmes son objectif premier, il convient donc tout d'abord de redéfinir le rôle et les missions du CSA. Il faut d'abord que le CSA, (dont les attributions, les moyens humains et financiers, comme le nom doivent évoluer, pour que ses missions soient intégralement remplies) soit une vraie instance démocratique. L'instance doit être dirigée par une représentation des élus, des professionnels et des usagers, chacun de ces corps choisissant ses représentants. Le président et son exécutif sont choisis par l'assemblée ainsi constituée et l'instance est rigoureusement indépendante du pouvoir politique. Elle doit se voir réintégrée et confirmée dans les pouvoirs qui étaient les siens, à savoir notamment la nomination du président des entreprises et instances de Service public (chaines de télévision, radio, CNC…), et doit bénéficier de nouveaux pouvoirs en matière d'élaboration et de respect des cahiers des charges, disposer des outils de sanction positive et négative (bonus, malus) pouvant aller jusqu'à l'attribution, la réattribution ou la suspension des licences d'exploitation. Le CSA doit étendre son champ d'action, en tenant compte notamment de l'évolution des médias et des télécoms, regrouper les instances pertinentes de régulation concernées par les sujets de la diffusion au sens large. Exemple : Création d'un organe de coordination entre le CSA et l'ARCEP (organisme de régulation télécom et poste, à réformer lui même sur le modèle du CSA), doté d'un véritable pouvoir de régulation sur les opérateurs, accompagnant les évolutions technologiques, et évoluant lui même jusqu'à une fusion éventuelle.
Le CSA doit enfin rendre des comptes au Parlement sur sa gestion et ses décisions.

Il faut parallèlement garantir un soutien à l'audiovisuel public, renforcer ces collaborations avec d'autres services publics (éducation, emploi, santé, etc.), définir une charte de déontologie en cas de conflit d'intérêt pour les animateurs-producteurs dans le service public : aide à l'investissement dans les nouvelles technologies pour diversifier les accès aux contenus et aux écrans ou encore éducation des jeunes publics aux usages de l'internet et à la lecture de l'information.
Dans chaque entreprise de presse, une Association de journalistes et/ou une société des rédacteurs, doit être constituée selon des modalités à préciser par la loi (élections sur le modèle des élections professionnelles).
Il convient également de préserver l'Agence France Presse dans son indépendance à l'égard des pouvoirs politiques et économiques en garantissant son statut, tel que défini dans la loi de 1957. Enfin, les médias associatifs et collaboratifs qui se développent très rapidement, notamment par le biais d'Internet, doivent pouvoir être soutenus par les pouvoirs publics, car l'assurance du pluralisme est essentielle dans ce secteur. Ce serait une des principales discussions à aborder dans le cadre d'Etats généraux de la presse et du journalisme.

MLP : De mon point de vue, l'audiovisuel public doit avant tout avoir pour tâche de réconcilier les Français à leur culture ; selon ma conception des choses, la culture doit permettre à nos compatriotes d'accéder à l'inestimable héritage artistique et historique de la France, non sans y allier une indispensable ouverture au monde. C'est le sens de la mission estimable que j'entends assigner à l'audiovisuel public, lequel n'est jamais parvenu, jusqu'à présent à se hisser à ce niveau d'ambition.

JLM : L'absence récurrente de la question sociale, l'insistance sur les faits divers, la place disproportionnée accordée aux instituts de sondages et aux « experts », des contenus culturels en régression au profit du flux des « talk shows » écartent l'information réfléchie dont devrait disposer le citoyen pour exercer ses droits.

Il s'agit de reconstruire un authentique service public de l'audiovisuel, de la production à la diffusion, associant des salariés et leurs représentants, les usagers et les élus de la Nation, à son fonctionnement, pour des contenus plus démocratiques, plus représentatifs de la société.

Il est pour cela indispensable de soustraire les médias, audiovisuels et autres, à la domination des pouvoirs politiques et économiques, et en premier lieu, de relancer les dispositifs anti-concentration dans la presse, la télévision et l'Internet, condition du pluralisme des idées et de la liberté de la création.

Nous reconstituerons un pôle public de production au service des chaines publiques, autour des moyens de France télévisions, notamment ceux de France 3 et des Outre-Mers Première/RFO.
Nous renforcerons les coopérations européennes entre services publics : projets industriels, recherche, coproductions permettant de relancer la croissance et l'emploi.

PP : Le service public a une mission cruciale en matière d'information, de débat et de culture. Ce sont là des biens publics sans lesquelles la démocratie n'est qu'un mot en l'air, et à ce titre ils ne doivent pas donner lieu à une appropriation privée, être soumis à des logiques de rentabilité ou se trouver sous le contrôle des gouvernements.
Dans tous ces domaines, le service public audiovisuel devrait donc à la fois être indépendant des pouvoirs économique et politique (voir notre réponse sur la nomination des présidents de l'audiovisuel public), mais aussi promouvoir un pluralisme de principe. Le respect de cette exigence de pluralisme serait contrôlé par l'organisme démocratique de régulation des médias dont le NPA propose la création (voir plus haut).
Pour l'heure, même si la situation n'est pas aussi dégradée dans le service public audiovisuel que dans les médias audiovisuels privés (notamment TF1, M6 et certaines chaînes de la TNT), et même si subsistent des espaces libérés des logiques mercantiles et de l'emprise de l'idéologie dominante, les chaînes publiques ne remplissent pas correctement leurs missions de service public. Outre le contrôle indirect exercé par les gouvernements et le pluralisme idéologico-politique anémié, force est de constater que les chaînes du secteur public ne font guère vivre une idée différente du journalisme et ne promeuvent pas un modèle culturel alternatif aux logiques imposées par les grands groupes de l'industrie culturelle.
Cela n'est évidemment pas la responsabilité des salariés de ces groupes, qui résistent souvent aux politiques qu'on tente de leur imposer (pensons à la lutte des salariés de RFI par exemple, ou de ceux de France Télévision), mais à celle de leurs dirigeants nommés par le pouvoir exécutif.
Plus largement, le service public de l'audiovisuel doit être complètement refondé, libéré des logiques mercantiles et rendu indépendant du pouvoir politique. Il devra respecter les droits des salariés, journalistes, personnels administratifs et techniques, mettre fin à la précarité, renégocier tous les accords d'entreprise récemment démantelés et respecter les droits d'auteur.
Ce service public des médias, qui associera médias publics (fondés sur la propriété publique) et médias associatifs (fondés sur la propriété coopérative), devra englober toute la chaîne de production, au plan national, régional, local. Ainsi, dans l'audiovisuel, la production réintégrera les chaînes publiques, via l'abrogation des « décrets Tasca » qui privent la télévision publique de la maîtrise de ses programmes. Les salariés des sociétés de production privées seront intégrés dans le service public sur simple demande.
Les médias associatifs sont trop souvent oubliés dans les projets politiques sur les médias.
Pourtant, malgré leurs moyens souvent faibles, ils donnent d'ores et déjà une idée de ce que pourraient être des médias libérés des logiques capitalistes et exerçant une fonction de service public. Plutôt que de distribuer des aides à la presse à de puissants médias appartenant à de grands groupes (dont nous préconisons le démantèlement), il importe d'assurer un financement pérenne des médias du tiers-secteur, en créant un fonds de soutien aux médias alternatifs.
Le service public doit aussi avoir pour mission d'aider au développement de l'initiative locale, telles que les télévisions associatives. Les propositions de la Fédération des Vidéos des
Pays et des Quartiers (FNVDPQ) doivent être étudiées dans ce cadre. Pour développer la production régionale, des partenariats pourront être créés avec des coopératives de création. Les partenariats avec le « spectacle vivant » doivent se multiplier afin de créer une complémentarité entre les médias et les acteurs de la vie culturelle. Les rencontres entre le public, les créateurs, les artistes, les journalistes etc. doivent être favorisées afin d'établir des lieux d'échanges, d'évaluation et de créativité.
Dans ce service public de l'audiovisuel, le droit d'expression pluraliste de toutes les composantes de la société – en premier lieu partis, syndicats et associations – deviendra la règle. Les médias qui le composent auront en effet pour obligation d'organiser des débats, réguliers et pluralistes, sur l'ensemble des questions sociales et politiques qui concernent la population. L'organisme démocratique de régulation des médias, dont nous proposons la création permettra de contrôler la fréquence et le caractère pluraliste de ces débats.
Evidemment, nous nous opposerons par ailleurs à toute privatisation des médias et infrastructures de télécommunications, et revendiquons la renationalisation de France-
Télécom/Orange. Nous proposons ainsi de créer un service public des télécommunications, qui permettrait de garantir un accès universel aux technologies disponibles de l'information et de la communication. Il s'agit là d'un enjeu technologique et politique bien trop crucial pour être laissé aux mains d'investisseurs n'ayant pour objectif que le profit.

NS : Les médias de l'audiovisuel public ont pour mission d'informer, d'instruire et de divertir le public sa :ns se soumettre au diktat des annonceurs publicitaires. Ils ont un rôle essentiel, à mon sens, dans l'organisation du débat démocratique et dans la transmission de notre identité, de nos valeurs communes et de notre culture. Cette culture, je ne la réduit pas uniquement à la culture savante, mais j'entends aussi par-là, notre culture populaire qui fait partie intégrante de notre identité. Parfois, le service public réussit ce miracle de réconcilier ces deux cultures dans de formidables réussites où l'audience vient consacrer la prise de risque culturel.

3 : Dans un contexte de crise, quel type d'évolution ou quel maintien des moyens budgétaires de l'audiovisuel public souhaitez-vous ?

NA : La redevance télé est comme la TVA un impôt identique qu'on soit milliardaire ou smicard.
Je suis donc pour supprimer cet impôt injuste et je suis pour « faire payer les riches » à savoir les grandes chaînes privées comme TF1, M6, Canal Plus, et les autres. Et je suis pour supprimer la publicité sur les chaînes publiques.
Les chaines et radios publiques pourraient être un moyen fantastique de cultiver, d'ouvrir l'esprit de tous, ce qui n'est vraiment pas le rôle de la publicité.

FB : La situation budgétaire rend malheureusement illusoire l'idée que les budgets pourraient augmenter indéfiniment. Et j'ajoute qu'il n'est pas question d'envisager une quelconque hausse de la redevance, tant le pouvoir d'achat des Français s'est dégradé. Je crois surtout très important que les responsables de l'audiovisuel public disposent de stabilité et de visibilité pluriannuelle.

JC : Plusieurs sources peuvent être sollicitées en même temps:
--un pourcentage sur les recettes publicitaires accrues de TF1, M6 et les chaînes privées ;
--un pourcentage sur le chiffre d'affaires des nouveaux moyens de communication. Il est plus que normal que l'accès à l'internet et la téléphonie mobile payent (les bénéfices très élevés de l'oligopole Bouygues-SFR-Orange sont une source légitime où puiser) ;
--une augmentation de la redevance appliquée aux revenus les plus élevés : c'est une occasion de rétablir un impôt progressif de solidarité.

NDA : Le contexte de crise nous invite à beaucoup de mesure dans les comptes publics. Le service public ne peut bien évidemment échapper à cette mesure, et promettre une forte expansion des dépenses serait irresponsable. Pour autant, l'allocation des ressources peut-être perfectionnée pour optimiser le budget dédié au service public de l'audiovisuel. D'abord, les sources traditionnelles de financement doivent être consolidée. Ensuite, la suppression de la publicité doit être maintenue ce qui implique une réflexion nouvelle sur la consolidation budgétaire de l'audiovisuel public. Surtout, il faudra savoir penser de nouveaux modèles économiques pour l'audiovisuel qui puissent allier les modes de financement classiques que je viens d'évoquer, et de nouvelles voies liées à la révolution du numérique, que ce soit l'instauration d'un système de licence globale, ou l'utilisation de la publicité sur Internet comme nouveau mode de financement.

FH : Comme vous le soulignez, nous sommes dans un contexte budgétaire très contraint.
Pour 2012, le financement de France Télévision n'est pas assuré en raison des régulations budgétaires effectuées par l'Etat et des risques sur les recettes publicitaires. Pour les années qui suivent, le retour à l'équilibre repose sur des hypothèses irréalistes. C'est donc à une impasse budgétaire que l'entreprise risque d'être confrontée. Il faudra trouver les moyens de la résorber. A cet effet, je maintiendrai l'indexation de la redevance sur l'inflation et, si
cela s'avère nécessaire, j'élargirai son assiette aux résidences secondaires. Des compléments de financement devront être recherchés, notamment dans le développement de nouvelles recettes commerciales et, au-delà, dans l'optimisation de la répartition de la ressource
publique entre les sociétés de l'audiovisuel public.

EJ : Sur la question du budget et du financement de l'audiovisuel public, nos positions et propositions concrètes sont les suivantes :
- La fin du statut d'animateur-producteur dans le service public : les animateurs seront salariés des entreprises du service public et ne pourrons être à la fois prestataires de services et animateurs d'antenne dans ces entreprises.
- L'instauration d'un audit régulier de l'ensemble des chaînes sur le respect de leur cahier des charges.
- L'introduction d'une taxation des recettes et revenus des organes de diffusion privés (pub, abonnements, TV, Internet, Téléphonie, etc..) au profit du tiers secteur audiovisuel (radios et télévisions associatives/coopératives).
- La question de l'augmentation de la redevance audiovisuelle est charnière avec l'autre question qui croise maintenant les pratiques culturelles des Français, celle des abonnements Internet, téléphonie mobile, etc. Les études sur la « consommation » des écrans montrent qu'elle se fait à moitié sur une TV classique et à moitié sur des écrans d'ordinateurs. Ainsi se pose, à terme, la question de la fusion entre la redevance TV et les abonnements aux différents systèmes de diffusion des textes, des images et des sons. Il est à noter que tant du point de vue de la redevance TV que des abonnements Internet, la France est championne du monde des « bas tarifs ».
- Les services publics ne doivent plus être en voie d'étouffement budgétaire mais au contraire, et plus que jamais, dans des politiques de croissance afin d'étendre leurs missions d'intérêt général sur les nouveaux territoires numériques dont ils sont quasi absents.
- Les recettes nécessaires seront donc générées par une augmentation progressive et proportionnelle aux revenus et au patrimoine de la redevance audiovisuelle et par un prélèvement sur les recettes publicitaires et d'abonnement aux services de diffusion (téléphone, Internet, etc.). Le prélèvement sera effectué soit par nature de media soit dans le cadre d'une fusion de l'ensemble des prélèvements.

MLP : La redevance audiovisuelle doit permettre au service public de l'audiovisuel public de conserver une autonomie de fonctionnement et de ne pas être tributaire de sources de financement alternatives, telle la publicité. Dès lors, je suis favorable au gel de cette redevance, pour éviter la démagogie et permettre aux Français de bénéficier d'un véritable service public de l'audiovisuel.
Il faudra bien sûr que la qualité des programmes soit revue à la hausse.

JLM : Le service public de l'audiovisuel, noyé dans un océan standardisé, peine à se différencier des chaines privées. C'est qu'il est maintenu dans une situation de sous-financement qui ne lui permet pas un véritable développement. Les raisons économiques ne sont pas les seules : course à l'Audimat pour arracher des parts de marché publicitaires certes, mais également conformisme d'une programmation dédiée au « formatage des esprits ».

Nous ne souhaitons pas être dépendants de la publicité. La pérennité de financement de l'audiovisuel public sera inscrite dans la Constitution comme le préconisait le Rapport Clément. Le montant de la redevance sera porté par étapes au niveau moyen européen.

Les « décrets Tasca », qui interdisent de facto aux chaines de télévisions publiques de produire et de réaliser la majorité de leurs émissions seront abrogées. Nous financerons France Télévisions dans le cadre du pôle public des médias. Celui-ci sera alimenté par le prélèvement sur les recettes de la publicité et sur les opérateurs de télécommunications.

Une réforme de l'imposition des groupes privés de communication sera instaurée en fonction de la politique de l'emploi en CDI (moins de 5% de précaires), de leur respect des conventions collectives et de la Charte des Droits et Devoirs des Journalistes.

Les aides régionales y seraient conditionnées ; à cette fin sera mise en place dans chaque Conseil Régional une Commission tripartite (élus, employeurs, syndicats) d'attribution et d‘utilisation des aides s'appuyant sur les Comités d'Entreprise de presse ou les délégués du personnel. En cas de violation du Code du travail est des Conventions collectives, les aides publiques seraient suspendues. Le financement de ces propositions nécessite aussi la remise en cause des traités européens, un réinvestissement public, la réorientation de l'action de la BCE et la nationalisation de certaines banques.

PP : La crise du capitalisme est provoquée par l'irrationalité d'un système fondé sur la recherche, par tous les moyens, du profit maximal à court terme. Ce n'est ni aux travailleurs ni aux services publics de faire les frais de cette crise, dans une logique de socialisation des pertes et de privatisation des profits. Le NPA propose donc des mesures d'urgence à mettre en place dès maintenant (voir le site poutou2012.org) et qui permettent d'engager une sortie des logiques capitalistes. Nous pensons en effet que ces logiques ne doivent pas s'imposer aux médias, tant l'information, le débat et la culture sont des biens publics vitaux.
L'audiovisuel public doit bénéficier du budget nécessaire, sans le carcan des contrats d'objectifs et de moyens. Le NPA est favorable au maintien et à l'augmentation de la redevance, laquelle doit devenir progressive, c'est-à-dire dépendre du niveau de revenus des contribuables. Les transformations technologiques qui permettent de recevoir les chaînes de télé sur les ordinateurs ne changent rien à l'affaire : pour financer un service public de l'audiovisuel que le NPA propose de refonder, il faut des fonds publics, c'est-à-dire issus de l'impôt et d'un impôt progressif. Dans le cadre d'une refonte radicale de la fiscalité,
le NPA prône également une taxation des grands groupes multimédias qui doit contribuer au financement de l'audiovisuel public.

NS : Dans une période de tension budgétaire sans précédent, le gouvernement a accordé à France Télévisions une augmentation annuelle de sa ressource publique de 2,2% par an sur toute la durée de son nouveau contrat d'objectifs et de moyens. L'augmentation a été encore plus spectaculaire pour ARTE. Je ne vous cache pas que des voix s'élevaient pour que ce chiffre soit revu très largement à la baisse. Si nous avons pris un arbitrage aussi favorable avec François Fillon et Frédéric Mitterrand, c'est que nous estimions que l'on ne pouvait pas vouloir libérer France Télévisions de la tyrannie de l'audience commerciale sans la soutenir financièrement.

4: Voulez vous maintenir/ supprimer totalement/ augmenter à nouveau la part de la publicité sur les chaines publiques ?

NA : La redevance télé est comme la TVA un impôt identique qu'on soit milliardaire ou smicard.
Je suis donc pour supprimer cet impôt injuste et je suis pour « faire payer les riches » à savoir les grandes chaînes privées comme TF1, M6, Canal Plus, et les autres. Et je suis pour supprimer la publicité sur les chaînes publiques.
Les chaines et radios publiques pourraient être un moyen fantastique de cultiver, d'ouvrir l'esprit de tous, ce qui n'est vraiment pas le rôle de la publicité.

FB : Je ne peux m'engager à l'aveugle dans de nouveaux bouleversements. Faisons d'abord le bilan.

JC : Le financement que je préconise (réponse 3) doit être pérennisé, comme celui de la BBC en Grande-Bretagne, pour assurer une politique à moyen et long terme et éviter la dépendance vis-à-vis du pouvoir existant. Les budgets de dépenses doivent être votés sur au moins cinq ans, sinon dix. Comme une part des recettes sera variable (dépendante des débits et des recettes publicitaires), l'Etat devra être chaque année, dans certaines limites, autorisé à abonder les comptes en relevant la redevance (pas plus de 5 % par an) et en affectant au besoin des fonds budgétaires en complément.

NDA : Je crois que la diffusion de la publicité a évolué dans le bon sens ces dernières années. Le service public s'en passe en effet à partir de 20 heures et ce jusqu'à minuit. Je suis partisan du maintien de cette formule car elle permet de libérer les chaînes publiques de la dictature de l'audimat aux heures de grande écoute. Ainsi, elles peuvent se permettre une plus grande diversité de programmations que leurs concurrentes privées, ce qui conforte leur statut et leur rôle particuliers dans le paysage audiovisuel français.
Pour autant, je crois que nous pouvons aller plus loin dans la manière de contrôler la publicité sur les chaînes publiques. Dans cette optique, je veux mettre l'accent sur la nécessité d'interdire la diffusion de publicités invitant à la consommation de produits sucrés à l'heure des programmes jeunesse.

FH: Je ne supprimerai pas la publicité en journée, sauf sur la chaîne jeunesse que j'appelle de mes vœux. En soirée, l'absence totale ou partielle de publicité sera maintenue.

EJ : Etant contre la publicité, nous sommes favorables à ce qu'à terme la publicité soit totalement supprimée sur les chaines publiques. Mais il ne faut pas que cette perte de recettes serve d'excuse pour réduire la voilure de l'audiovisuel public et offrir de nouveaux marchés aux chaines privées. Il faut au contraire que l'ambition en termes de qualité et de moyens soit forte pour le service de l'audiovisuel public, dont le budget doit être pérennisé et garanti par les pouvoirs publics.

MLP : La redevance audiovisuelle doit permettre au service public de l'audiovisuel public de conserver une autonomie de fonctionnement et de ne pas être tributaire de sources de financement alternatives, telle la publicité. Dès lors, je suis favorable au gel de cette redevance, pour éviter la démagogieet permettre aux Français de bénéficier d'un véritable service public de l'audiovisuel.
Il faudra bien sûr que la qualité des programmes soit revue à la hausse.


JLM : Le service public de l'audiovisuel, noyé dans un océan standardisé, peine à se différencier des chaines privées. C'est qu'il est maintenu dans une situation de sous-financement qui ne lui permet pas un véritable développement. Les raisons économiques ne sont pas les seules : course à l'Audimat pour arracher des parts de marché publicitaires certes, mais également conformisme d'une programmation dédiée au « formatage des esprits ».

Nous ne souhaitons pas être dépendants de la publicité. La pérennité de financement de l'audiovisuel public sera inscrite dans la Constitution comme le préconisait le Rapport Clément. Le montant de la redevance sera porté par étapes au niveau moyen européen.

Les « décrets Tasca », qui interdisent de facto aux chaines de télévisions publiques de produire et de réaliser la majorité de leurs émissions seront abrogées. Nous financerons France Télévisions dans le cadre du pôle public des médias. Celui-ci sera alimenté par le prélèvement sur les recettes de la publicité et sur les opérateurs de télécommunications.

Une réforme de l'imposition des groupes privés de communication sera instaurée en fonction de la politique de l'emploi en CDI (moins de 5% de précaires), de leur respect des conventions collectives et de la Charte des Droits et Devoirs des Journalistes.

Les aides régionales y seraient conditionnées ; à cette fin sera mise en place dans chaque Conseil Régional une Commission tripartite (élus, employeurs, syndicats) d'attribution et d‘utilisation des aides s'appuyant sur les Comités d'Entreprise de presse ou les délégués du personnel. En cas de violation du Code du travail est des Conventions collectives, les aides publiques seraient suspendues. Le financement de ces propositions nécessite aussi la remise en cause des traités européens, un réinvestissement public, la réorientation de l'action de la BCE et la nationalisation de certaines banques.

PP : Le NPA est favorable à une suppression progressive de la publicité, mais pas selon la
méthode imposée par Nicolas Sarkozy, dans le but d'asphyxier le service public au profit des télévisions privées. Au risque de nous répéter, le service public doit être financé sur des fonds publics, non sur les revenus publicitaires. Dans une période transitoire, néanmoins, la publicité sera lourdement taxée et les revenus dégagés permettront de soutenir le service public audiovisuel, particulièrement la production de contenus audiovisuels de qualité, mais aussi les médias associatifs qui, fondés sur la propriété coopérative et sur une logique non-capitaliste, doivent être intégrés à ce service public (sous un statut différent toutefois des médias publics).

NS : Le Parlement a décidé d'un moratoire qui maintient l'équilibre actuel jusqu'en 2016. Cette décision de la représentation nationale sera bien évidemment respectée.

5: Quelle organisation et quelle gouvernance souhaitez vous pour l'AEF, l'Audiovisuel Extérieur de la France ?

NA : Je n'ai pas d'avis tranché sur l'AEF. Je me référerais donc à la position du Syndicat National des Journalistes qui préconise l'adossement de France 24 à France Télévision et RFI au groupe Radio France.

FB : L'idée de rapprocher les outils publics d'information internationale est pertinente. Mais la méthode employée, concernant notamment le personnel de RFI, a été d'une maladresse rare. Faut-il revenir dessus et déstabiliser encore plus ? Ce n'est pas ma démarche. Je mets une idée sur la table : celle de penser RFI et France 24 complémentaires dans la construction de la nouvelle entité.

JC : Cela doit évidemment rester public. La chaîne ne devra pas se limiter à l'info mais être à l'image de ce que je souhaite pour France 5. C'est bien ça qui fera aimer la France dans le monde.

NDA : Je souhaite que l'Etat pèse de tout son poids pour redonner à l'AEF une gouvernance qui respecte les principes de base de cette institution. J'en ai assez des polémiques incessantes, des luttes de pouvoir et des scandales financiers qui gravitent autour de l'AEF, notamment depuis la fusion entre RFI et France 24. Je crois que l'Etat doit impulser une vision stratégique en mettant en place une équipe de gouvernants ayant une vision neuve de la mission primordiale de l'AEF, celle de faire rayonner la langue française et son point de vue particulier sur les grands sujets de l'actualité internationale. A ce titre, il faudra sans nul doute s'appuyer sur le rapport parlementaire de mars 2012 qui préconise la signature d'un contrat d'objectif et de moyens (COM) sous l'impulsion d'un ministre chef de file qui sera en mesure de clarifier les objectifs stratégiques de l'AEF.

FH : La fusion juridique et rédactionnelle de RFI avec la télévision France24 a été menée à marche forcée par les responsables actuels de l'Audiovisuel extérieur de la France. Elle a conduit à marier sans concertation véritable, une radio multilingue, expérimentée, avec une télévision, trilingue, née il y a 5 ans, dont les pratiques professionnelles comme l'organisation technique sont totalement différentes, dont les missions et les zones d'influence ne se recouvrent que partiellement. Comme je m'y suis déjà engagé, instruction sera donnée au Président de l'AEF de mettre un terme immédiat à la fusion des rédactions, dans l'attente d'une remise à plat du dossier de l'audiovisuel extérieur.

EJ : La fusion juridique et rédactionnelle qui s'opère, au sein de la Société de l'audiovisuel extérieur de la France, depuis 2008, entre les trois composantes à savoir Radio France Internationale, TV 5 Monde et France 24 a aujourd'hui un bilan catastrophique, un immense gâchis de moyens, mais surtout de compétences, tant les professionnels ont été malmenés. Je constate que ce rapprochement n' a résolu ni la question de la complémentarité (mais aussi de la potentielle concurrence) entre ces médias ; ni l'équation, par une gouvernance appropriée, de faire vivre des médias libres et indépendants ; ni la difficulté, dans un contexte de concurrence internationale, de leur financement, le résultat en la matière étant le siphonage des ressources de RFI par France 24. Il est urgent de mettre un terme à l'effondrement des moyens, de revenir sur le processus en œuvre, et de poser collégialement les conditions de l'existence de médias libres et indépendants. Sachant que rien ne se fera sans le respect et l'adhésion des journalistes et sans un indispensable dialogue social.

MLP : L'Audiovisuel Extérieur de la France doit être partie prenante à la politique ambitieuse de rayonnement culturel de la France à l'étranger. Par souci de cohérence d'action, l'AEF sera donc directement rattachée à un Institut spécifique, lui-même placé sous le contrôle d'un Ministère des Affaires étrangères aux moyens renforcés qui aura vocation, à l'égal du Goethe Institut allemand, de porter puissamment cette vaste entreprise de diffusion de la culture et de la civilisation françaises.

JLM : Nous créerons un Pôle Public des Médias qui rassemblera les réseaux de diffusion, de communication et les moyens de production de France Télévisions, Radio France, l'Audiovisuel extérieur de la France (RFI, TV5 Monde, France 24), CFI, Euronews, l'INA et l'AFP.

Pour assurer la souveraineté populaire, nous créerons des Etats Généraux des Médias.

Constitués de professionnels, de parlementaires, de syndicats et d'associations, ils seront un espace de suivi de l'actualité des médias, du respect des conventions et sollicitera le Parlement. Les EGM pourront interpeller le Conseil Supérieur des Médias ou les Conseils d'administration des entreprises du pôle public.

Nous créerons un Conseil Supérieur des Médias, en lieu et place du CSA qui n'a jamais joué son rôle, composé d'élus, de représentants des professionnels et des usagers, chargé de veiller au respect de la responsabilité publique et nationale. Le CSM contrôlera le respect des obligations; assurera les fonctions actuelles du CSA, du BVP (Bureau de Vérification de la Publicité) et des autorités de régulation. Il élaborera un statut des médias publics, privés et associatifs en relation avec les syndicats.
Sa composition sera tripartite: parlementaires, professionnels et citoyens, dans les représentations qu'ils se donnent syndicats, associations). Son président(e) sera élu(e) sera élu par le Conseil sur proposition du Président de l'Assemblée Nationale. Il rendra compte de son travail devant les Etats Généraux des Médias.

PP : Structure créée de façon autoritaire par le clan Sarkozy, l'AEF ne pourra jamais répondre correctement à des missions de service public. Nous préconisons le démantèlement de cet organisme d'un autre âge qui symbolise la mainmise du pouvoir gouvernemental sur l'information.
Les salarié-e-s de RFI se battent depuis des mois contre la fusion-concentration que veut leur imposer la tutelle. Nous soutenons totalement l'intersyndicale de RFI, de même que celle de France 24. Nous dénonçons la méthode du bulldozer appliquée par un Alain de
Pouzilhac aux ordres de Nicolas Sarkozy, pour faire plier les salariés, au mépris du droit du travail.
Pour le NPA, les médias – comme l'ensemble de l'économie – doivent être placés sous le contrôle des salariés, c'est-à-dire de celles et ceux qui produisent effectivement les richesses, qui font tourner l'économie. La « gouvernance » que nous proposons est donc radicalement démocratique. Nous préconisons que les rédactions aient un droit de véto sur la nomination des dirigeants et l'orientation r&eacu

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