Congrès des maires : dans l'Yonne, des élus s'inquiètent des conséquences concrètes des coupes budgétaires dans leurs communes
Surnommé le "Congrès de la colère" par l'Association des maires de France, ce 106e grand rendez-vous des élus locaux commence lundi 18 novembre et s'annonce très tendu. Au centre des inquiétudes : cinq milliards d'euros de coupes budgétaires dans les frais de fonctionnement des collectivités locales.
Dans l'Yonne, la principale crainte porte sur l'effet domino. Les subventions des collectivités locales comme le département ou la région permettent aux communes de mener à bien des projets. À Etigny, commune de 800 habitants dans le nord de l'Yonne, la mairie a financé les travaux qui ont permis la réouverture de la boulangerie, c'est le dernier commerce du village.
Les petites communes, dépendantes des subventions
Sans cet argent public, Nicolas le repreneur n'aurait pas pu y arriver. 600 000 euros de travaux, payés à 80% par des subventions publiques, "ça a été l'Etat le principal financeur, le département en second et l'agglomération en troisième", explique le maire d'Etigny, Lionel Terrasson. L'élu craint qu'avec cet effort demandé aux collectivités locales, ces financements se tarissent à l'avenir. Et que cela empêche les petites communes comme la sienne, dépendantes des subventions, d'investir.
Pour un projet comme celui de ce commerce, avec les coupes dans les budgets du département et de l'agglomération, les aides auraient pu être divisées par deux. "Si on ne m'accorde plus 450 000 euros de subventions, mais si dès le départ on me dit que je ne vais en avoir que 300 000, potentiellement, pas de boulangerie", indique l'élu, Lionel Terrasson.
"On nous demande de faire plus, avec moins"
Les communes de toutes tailles redoutent cet effet domino à moyen terme, sans oublier les conséquences à très court terme de ce budget 2025. Sens est la grande ville la plus proche d'Etigny, avec 27 000 habitants, une magnifique cathédrale gothique et un maire en colère. "On nous demande de faire plus, avec moins", déplore Paul-Antoine de Carville. Il a chiffré les conséquences du budget 2025 sur les finances de sa ville : "on nous annonce des augmentations de cotisations sur le personnel de la collectivité et on estime que ces hausses représentent à peu près entre 400 000 et 500 000 euros supplémentaires."
500 000 euros sur un budget de 37 millions pour la ville de Sens, ce n'est pas négligeable, "500 000 euros, c'est l'équivalent de dix policiers municipaux. Il faudrait qu'on se sépare de la moitié de la police municipale, ce qui est inenvisageable", illustre le maire Les Républicains.
L'élu craint que ce nouvel effort financier demandé aux villes ne décourage encore plus les élus locaux, alors que les démissions de maires sont déjà en hausse.
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