PME : Fleur Pellerin minimise le coût du travail en France
Chaque dimanche, francetv info vérifie les propos de l'invité de l'émission "C Politique". Cette semaine, Caroline Roux recevait la ministre déléguée aux PME et à l'Economie numérique.
COMPETITIVITE - Le coût du travail en France est-il proche de celui de nos voisins ? C'est en tout cas ce qu'a affirmé la ministre déléguée aux PME, Fleur Pellerin, sur le plateau de France 5, dimanche 4 novembre. Des propos pourtant contredits par les chiffres d'Eurostat, l'institut européen des statistiques.
"Le coût du travail en France (...) est dans la ligne de ce qu'est le coût du travail chez nos principaux partenaires européens. (...) Aujourd'hui, ce n'est pas le principal facteur [pour améliorer la compétitivité]."
POURQUOI C'EST FAUX. Pour vérifier ce qu'affirme Fleur Pellerin, il convient de se pencher sur une étude de l'institut Eurostat (PDF), publiée en avril 2012. L'office européen des statistiques montre en réalité qu'au sein de l'Union européenne, seuls trois pays ont un coût du travail plus élevé que le nôtre (la Belgique, la Suède et le Danemark).
En France, le coût horaire d'un salarié s'élevait en 2011 à 34,2 euros, quand en Allemagne, ce coût était de 30,1 euros, et de 20,1 euros au Royaume-Uni. La moyenne des 27 pays de l'Union, elle, était de 23,1 euros :
Si l'on se focalise sur les PME, l'écart est encore plus parlant : toujours selon Eurostat, le coût horaire dans les entreprises de moins de 250 salariés est en effet de 23 euros en Allemagne, quand il est de 29 euros en France.
Vers une baisse ciblée du coût du travail ?
Pour sa défense, Fleur Pellerin a expliqué que pour calculer ce coût du travail, la France intègre le financement de la protection sociale, ce qui ne serait pas le cas des autres pays : "On ne compare pas des données qui sont forcément comparables. Il faut faire attention à cela." Dans la note méthodologique (PDF) qui accompagne son étude comparative, Eurostat précise pourtant qu'il s'agit bien de la même base pour tous les pays : "salaires et cotisations sociales à la charge des employeurs".
La ministre déléguée aux PME a toutefois reconnu que la coût du travail pouvait effectivement poser un problème dans "des secteurs exposés à la concurrence internationale", ajoutant que "ce sujet sera traité avec courage et avec lucidité", laissant présager une baisse ciblée du coût du travail. Les premiers arbitrages en la matière pourraient être rendus par François Hollande mardi 6 novembre, après la publication du très attendu rapport Gallois sur la compétitivité des entreprises.
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