Crise de la dette: les solutions de Mélenchon
Ses prises de position radicales et sa crédibilité en économie pourraient lui bénéficier pendant la campagne
Il y a un an déjà, l'économie grecque menaçait d'entraîner toute la zone euro dans sa chute. Premières frayeurs et premières sorties médiatiques pour Jean-Luc Mélenchon. Clair et sûr de lui, celui qui n'était alors que co-président du Parti de gauche et député européen cultivait une certaine crédibilité en matière économique. Avec le retour en force de la crise de la dette, le candidat du Front de gauche à la présidentielle pourrait tirer profit de la constance de son discours et de son intransigeance face aux accords européens.
Sur son blog, sur les matinales des radios nationales, sur les plateaux de télé et sur le web, Jean-Luc Mélenchon s'était fait remarquer l'année dernière, lors de la première crise grecque, par sa différence de ton. Fustigeant le plan d'austérité "imposé" à la Grèce, le tribun du Parti de gauche parlait dette souveraine, agences de notation ou risque systémique avec une aisance singulière.
Le site web Arrêt sur images, emmené par Daniel Schneidermann, l'avait même confronté à deux économistes influents, invités réguliers des médias, Jacques Attali (par ailleurs directeur de PlaNet Finance) et Marc Touati (Directeur Général Adjoint de Global Equities). Le député européen s'y était montré à l'aise et déterminé à faire passer son message : les peuples ne paieront pas les pots cassés de la crise financière. "Je veux vous foutre la trouille !", lançait-il à un Marc Touati médusé. Le niveau de la dette ? Un problème secondaire. Son rôle de politique ? Dissuader les investisseurs de s'en prendre à la France par un discours radical et agressif.
Un discours qui semble de moins en moins marginal au fur et à mesure que l'Europe s'enfonce dans la dépression. "On est tous voués à devenir des Grecs !", clamait Mélenchon le 17 juin dernier sur les ondes de France Info. Une menace de la contagion que brandit également Jacques Attali, même si les deux hommes diffèrent sur les réponses à apporter à l'interminable crise financière.
Pour le co-fondateur du Parti de gauche, il faut "soumettre les marchés au contrôle politique et à la volonté des parlements". Mélenchon entend en finir avec la dépendance des Etats vis-à-vis des marchés financiers en permettant à la Banque Centrale Européenne (BCE) "de leur prêter directement à un taux identique ou plus favorable que celui qu'elle accorde aux banques".
Et face aux catastrophistes qui pressent le gouvernement de renflouer les finances publiques à tout prix pour apaiser les marchés, le candidat propose ni plus ni moins d'"annuler partiellement ou intégralement la dette". Une mesure drastique qui devrait aller de pair avec la fin des exonérations d'impôts "pour les plus riches", la taxation des revenus du capital "à la même hauteur que ceux du travail" et des transactions financières, la lutte contre la fraude fiscale et le blocage des flux spéculatifs.
Mélenchon ne rate pas l'occasion de remarquer, dans son blog, qu'on peut lire, "sous la plume de nos pires détracteurs", des idées "qui hier encore nous étaient reprochées comme la preuve de notre archaïsme". Et le candidat de citer un article du Monde dans lequel l'économiste Daniel Cohen explique qu'il faudrait "transformer la BCE en bombe nucléaire en l'autorisant à acheter de la dette d'un pays de l'euro". L'objectif : que l'Europe, aujourd'hui si impuissante, puisse "faire capituler le marché".
Jean-Luc Mélenchon aura en tous cas besoin de toute sa volubilité pour convaincre de sa crédibilité sur le sujet. Selon un sondage Ifop pour Sud-Ouest Dimanche publié le 7 août, près de la moitié des Français doute de la capacité de Nicolas Sarkozy, Martine Aubry et François Hollande à régler le problème de la dette.
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