Devant les journalistes, Hollande prend méticuleusement le contre-pied de Sarkozy
C'est une première entre les deux tours d'une élection présidentielle : François Hollande a tenu mercredi une conférence de presse à Paris. Et en a profité pour se différencier le plus possible de son rival.
Un candidat à l'élection présidentielle qui se prête au jeu de la conférence de presse entre les deux tours : l'exercice est trop rare pour être raté. Tous ceux qui suivent la gauche pour la presse française et étrangère arrivent en avance dans la salle de conférence de l'Union Internationale des chemins de fer, à Paris, mercredi 25 avril.
Les grands éditorialistes se saluent, les spécialistes économie et international de tous bords ont affûté leurs questions. Avant même son arrivée, François Hollande a réussi à créer l'événement.
"Ça changera"
Et tout cela est presque cousu de fil blanc. Il s'en défend et affirme avoir prévu cette conférence de presse "depuis un moment déjà". Mais elle tombe à pic, alors que Nicolas Sarkozy enchaîne les sorties virulentes contre "le terrorisme du système médiatique" et attaque "les commentateurs", "tous ces gens qui restent claquemurés dans leurs bureaux et ne voient pas la réalité du terrain".
Ces mêmes journalistes que le candidat socialiste convie cet après-midi là à poser "toutes les questions" qu"ils souhaitent. "Sur tous les sujets et dans la plus grande liberté. Ça changera", tacle-t-il. Ses lieutenants aux quatre coins de la salle, son directeur de la communication, Manuel Valls, au pied de la tribune, François Hollande profite de chacune des interrogations pour marquer, marteler, souligner sa différence avec Nicolas Sarkozy, sans jamais le nommer.
"Je suis dans une autre démarche"
D'abord, sur l'exercice en question. Le président sortant avait promis une conférence de presse annuelle et commencé la première en confiant "avec Carla, c'est du sérieux". Hollande sourit : "Je vous ai promis de le faire tous les six mois, je le ferai, et dans un endroit neutre, pas à l'Elysée". Et d'ajouter : "J'essaierai de faire la disctinction entre la vie publique et la vie privée."
Vient une question sur les premières mesures qu'il compte engager. "L'Etat de grâce ne dure jamais longtemps, il faudra faire vite et bien." Et un tacle : "Un quinquennat se juge à son début et se sanctionne à la fin, comme c'est le cas actuellement." La polémique sur "le vrai travail" ? "Il créé polémique, discorde, surenchère ; je suis dans une autre démarche." Et quand on l'interroge sur un éventuel coup de pouce au Smic après son élection, le socialiste "s'excuse de cette digression" mais lui "respecte les corps intermédiaires, les syndicats" , sous-entendu à l'inverse de Nicolas Sarkozy, qui les critique à longueur de meetings.
Humour et méticulosité
Le candidat socialiste insiste : il est différent. Exemples à l'appui. Le président candidat reproche aux syndicats qui appellent à lui faire barrage de ne pas être à leur place et de "faire de la politique" ? Lui, François Hollande, dit ne faire que "constater" que "Laurence Parisot [la patronne du Medef] n'a pas eu que des mots agréables" à son égard, "alors qu'elle a eu des mots très agréables pour Nicolas Sarkozy."
La conférence alterne avantageusement entre questions pointues, souvent venues de la presse étrangère, et questions politiques des journalistes qui le suivent. Quand c'est sérieux, François Hollande répond avec "méticulosité", pour reprendre ses propres mots, aux questions des journalistes grecs, canadiens, congolais, espagnols ou chinois venus l'interviewer sur son agenda comme s'ils étaient déjà face au nouveau président de la République. Quand c'est "politique", il joue l'humour et interpelle nommément les journalistes spécialisés.
Pas de "risque de luxe ou de fréquentations" à Tulle en cas de victoire
Deux cents places, une salle de travail tout équipée, praticable pour les photographes et les caméras, boissons chaudes ou fraîches et biscuits : comme pour les déplacements des candidats, les journalistes ont été choyés.
Plus d'une heure d'échange, pas de scoop mais le candidat du PS a balayé extrêmement large et fait cette ultime "révélation" en répondant à la dernière question concernant l'endroit où il fêterait son éventuelle victoire. "Je serai à Tulle et des établissements seront prêts à nous accueillir, sans risque de luxe ou de fréquentations", jubile-t-il.
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