Dominique Strauss-Kahn a redit dimanche soir sur France 2 qu'il "continuait à remplir sa mission au FMI"
"Je ne suis que le directeur général du FMI", a-t-il affirmé dimanche soir, indiquant également qu'il écoutait "toujours" son épouse Anne Sinclair, qui avait déclaré récemment ne pas souhaiter qu'il fasse un second mandat à la tête du FMI.
"Ce qu'elle dit a beaucoup d'importance pour moi. (...) Quoi que je fasse, son avis comptera", a-t-il ajouté.
Au total, 7,2 millions de Français ont suivi l'interview du directeur général du Fonds monétaire international, soit une part d'audience de 28 %, a précisé la chaîne publique dans un communiqué. Soit un "record pour le journal télévisé depuis le début de la saison 2010-2011", a ajouté France 2.
"S'occuper des problèmes des gens"
Le directeur général du Fonds monétaire international (FMI) a tenu à soigner son image de présidentiable. "Je suis un homme plus libre que je ne l'ai jamais été. Je peux dire à tous les chefs de l'Etat ce qui va et ce qui ne va pas", a-t-il asséné au 20 heures de France 2.
"La crise sociale, c'est mon leitmotiv", a-t-il déclaré, revenant à plusieurs reprises sur ce thème. L'ancien ministre PS de l'Economie a évoqué "M. tout le monde (...) qui n'arrive pas à payer ses factures" et la lutte contre les inégalités. Il faut "résoudre les problèmes des gens" sur un Vieux continent où "la souffrance sociale est plus forte" qu'ailleurs et où existe "un risque de déclassement réel par rapport à l'Asie", a-t-il dit. Il a fait explicitement allusion à la France où, a-t-il dit, "6 millions de salariés gagnent moins de 750 euros (par mois)".
Interrogé sur l'institution qu'il préside, il a insisté sur le fait que "le FMI a changé". Il a prôné des "politiques raisonnables (...) mais en le faisant dans la justice". "Le vrai problème, notamment pour les pays européens, c'est d'être capable de revenir dans des choses (...) réalistes et de le faire dans la justice", a-t-il résumé. "Dans beaucoup de pays européens, ce n'est pas ressenti comme ça", a-t-il déclaré. A une question sur le socialisme, DSK a répondu que ce courant de pensée, "c'est l'espoir, l'avenir, l'innovation."
Interrogé sur les polémiques et les critiques dont il a fait l'objet la semaine dernière (le chef de file des députés UMP Christian Jacob avait notamment estimé qu'il n'incarnait "pas la France des terroirs et des territoires"), il a répondu: "Ce qui m'indigne, c'est qu'il y a mieux à faire, il y a mieux à faire pour les responsables français et européens que de la polémique". Il a rappelé que "les élus sont là parce que des gens leur ont demandé de résoudre les problèmes et, tout leur temps, ils doivent le consacrer à résoudre les problèmes des gens et pas à se préoccuper de leur prochaine élection".
"Si les gouvernements voulaient bien se préoccuper un peu plus de ce pourquoi ils ont été élus, plutôt que de savoir comment ils vont gagner les prochaines élections, les choses iraient mieux", a-t-il ajouté.
Réactions
Dans un communiqué, le député PS, Jean-Jacques Urvoas a indiqué qu'"en remettant la question sociale au coeur des enjeux mondiaux, Dominique Strauss-Kahn sert une parole de vérité aux dirigeants. Il est déterminé à agir en faveur de ceux qui attendent que le changement vienne enfin."
Pour un autre député PS, Jean-Marie Le Guen, DSK "a de nouveau montré ce (dimanche) soir la densité de sa personnalité, sa compétence, sa vision pour l'Europe et la France, et son souci de la vie quotidienne des gens".
Côté UMP, lundi matin dans les 4 Vérités, le ministre de l'Industrie Eric Besson a estimé que si Dominique Strauss-Kahn se présentait à la présidentielle, ce serait "une bonne nouvelle", évoquant un "candidat de qualité".
Dimanche soir, le secrétaire général de l'UMP Jean-François Copé a jugé que Dominique Strauss-Kahn était "très loin des Français", "lointain" et "hautain".
Pour le ministre du Budget François Baroin, le silence de DSK, "c'est un manque de respect vis-à-vis de l'institution FMI, vis-à-vis du mandat qui lui a été confié, un manque de respect global compte tenu des enjeux pour un pays comme le nôtre d'une élection présidentielle".
Pour le co-président du Parti de gauche Jean-Luc Mélenchon, la prestation de DSK "était asez consternante". "J'étais surpris qu'on lui demande rien sur le G20 et qu'on l'interroge sur l'opinion de son épouse, qu'on lui parle de la couleur des rideaux et ainsi de suite", a déploré Jean-Luc Mélenchon. "La machine médiatique et sondagière déferle qui ne nous parle que du deuxième tour, que de choses qui n'existent pas et d'un candidat qui n'est pas candidat."
L'interview au Parisien
De passage à Paris pour la réunion des ministres des Finances du G20, Dominique Strauss-Kahn avait déjà déclaré, samedi, que le Fonds monétaire international (FMI) l'occupait à "plein temps". "Je vais vous répéter, et je peux le répéter 25 fois si vous voulez, ce que j'ai toujours dit: aujourd'hui, je dirige le FMI", avait répondu DSK,
interrogé sur son éventuelle candidature à la présidentielle en 2012, à l'issue de la réunion.
La ministre française de l'Economie Christine Lagarde avait précisé que le cas personnel de Dominique Strauss-Kahn n'avait pas été abordé pendant la réunion du G20. "Cela n'a pas une seconde fait l'objet des débats", a-t-elle assuré à la presse.
Les lieutenants de DSK au sein du PS avaient prévenu qu'il n'annoncerait rien de capital lors de son séjour à Paris, assurant que sa décision de concourir ou non à la primaire socialiste n'était pas prise. Cela n'empêche pas le patron du FMI d'avoir conçu un plan média solide pour ses journées parisiennes, conclu avec le passage au 20H de France 2, dimanche.
Vendredi, il s'était livré durant près de deux heures aux questions des lecteurs du Parisien. L'entretien complet a été publié lundi. Auparavant, dimanche, le quotidien a mis une vidéo du patron du FMI. "Je pense que tout individu qui travaille à l'étranger par moment a un peu le blues du pays", déclare DSK dans cette vidéo tournée après sa rencontre avec six lecteurs du Parisien. "Vu de Washington, la France et notamment Sarcelles ça vous manque ?", lui demande-t-on. "Oui bien sûr ça me manque", répond l'ex-ministre, ancien élu du Val-d'Oise. "Ca me manque parce que votre pays vous manque toujours, d'abord vous y avez des tas d'amis, de la famille, des habitudes, des goûts, une culture".
L'épouse de DSK, la journaliste Anne Sinclair, a récemment confié ne pas souhaiter qu'il fasse un deuxième mandat au FMI, relançant l'éventualité de sa candidature en vue de la présidentielle de 2012.
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