"Acculé", "dans le déni", "loin du peuple", "un discours de vérité" : les réactions politiques aux vœux d'Emmanuel Macron pour 2025
Dix minutes d'allocution pour clôturer l'année 2024. Emmanuel Macron a présenté, mardi 31 décembre, ses traditionnels vœux aux Français. Il souhaite que "2025 soit l'année du ressaisissement collectif, pour permettre la stabilité". Le chef de l'État reconnaît aussi que "la dissolution a apporté davantage de divisions à l'Assemblée que de solutions pour les Français", il avance également la perspective de demander aux Français de "trancher" des "sujets déterminants". Ces vœux du président de la République font réagir timidement la classe politique française.
À gauche
Manuel Bompard, coordinateur national de la France insoumise et député de Marseille, réagit dans la foulée des vœux présidentiels sur X : "Acculé, Macron reconnaît lui-même ce soir qu’il est le problème. Il ne suffit pas de reconnaître sa responsabilité, il faut en tirer toutes les conclusions politiques : partir." Mathilde Panot, la présidente du groupe LFI à l'Assemblée nationale renchérit, toujours sur X, en appelant à nouveau à la démission du président de la République, chère à son parti :"Oui 2025 sera une belle année. Celle où nous réussirons à faire partir ce Président arrogant et autoritaire."
Du côté des écologistes, la députée Sandrine Rousseau réagit sur franceinfo : "J'entends un homme qui ne change pas de cap, qui poursuit sa vision des choses, du quoi qu'il en coûte démocratiquement. Il s'approprie le combat des femmes avec Gisèle Pelicot et l'IVG", dénonce-t-elle. Elle rebondit particulièrement sur la phrase d'Emmanuel Macron qui a affirmé qu'il demanderait en 2025 aux Français de "trancher" des "sujets déterminants" : "Qu'il commence par un référendum sur les retraites, et qu'il arrête d'être dans le déni démocratique dans lequel il est."
Fabien Roussel, secrétaire national du Parti communiste français, ironise également sur cette proposition du président lors de ses vœux. "En 2025, Macron découvre la démocratie. Tout arrive ! écrit-il sur X. Après avoir refusé obstinément le référendum sur la réforme des retraites, Macron envisage de consulter les Français. Nous ne manquons pas d’idées à lui soumettre."
À l'extrême droite
De l'autre côté de l'échiquier politique, le Rassemblement national réagit aux vœux d'Emmanuel Macron, notamment par la voix d'un de ses porte-parole, Julien Odoul, également député de l'Yonne. "Macron se parle à lui-même, pour se plaire à lui-même, pour s’encourager lui-même, pour tenir son propre cap. Loin du peuple qui est pourtant son seul patron", écrit-il sur X. "Emmanuel Macron (Président des JO) a livré un semblant de mea culpa pour le chaos qu’il a créé… avant de vanter sa politique et d’appeler le peuple français à se 'ressaisir'. Cette fin de règne semble aussi douloureuse pour lui que pour les Français", dénonce Laure Lavalette, autre porte-parole du RN, également sur X.
Concernant le fait de "trancher" certains "sujets déterminants", le député RN des Bouches-du-Rhône, Franck Allisio, invité de franceinfo craint "que ce ne soit un énième effet d'annonce". "Le recours au peuple souverain est toujours une bonne chose", ajoute le député, rappelant que "Marine le Pen a souvent dit qu'elle souhaitait un recours beaucoup plus fréquent au référendum". Cependant, selon lui, "le président n'a jamais eu recours au référendum depuis sept ans et c'est maintenant qu'il se retrouve en cohabitation qu'il va proposer un référendum". "Mais sur quoi ?", termine-t-il.
À droite et dans le camp présidentiel
Alors que le président de la République a, entre autres, estimé qu'il faudrait, avec 2050 en ligne de mire, faire des choix "pour notre économie, notre sécurité, notre démocratie, nos enfants", "on peut parler de 2050 mais avant cela il ferait bon d'avoir l'œil sur février ou mars 2025", réagit sur franceinfo Philippe Gosselin, député Droite républicaine de la Manche. L'élu ne voit pas comment la situation peut évoluer : "Je ne vois pas, dans la configuration actuelle de l'Assemblée, ce qui pourrait réellement faire bouger les lignes". Il ajoute : "On a vu qu'il y avait une alliance [...] entre le NFP et le RN qui pourront, quand ils le voudront, censurer le prochain gouvernement".
"J'ai entendu un discours de vérité, salue pour sa part le député macroniste Karl Olive sur franceinfo. En 10 minutes, on a eu un Emmanuel Macron qui parle avec son cœur. Tout n'a pas été parfait, loin de là, avec cette fausse bonne idée de dissoudre l'Assemblée nationale, et cette instabilité politique, ajoute-t-il cependant, c'est bien que le président l'ait enfin reconnu ce soir." "L'important c'est de donner la parole au peuple", dit aussi le député Ensemble pour la République des Yvelines, à propos des éventuels référendums que pourra mettre en place le président de la République lors de l'année 2025. "Il y a quelque chose qu'on ne peut pas retirer à Emmanuel Macron, c'est son courage. C'est bien de se confronter au peuple, ça fait la démocratie."
Quant à la nouvelle ministre déléguée chargée de l'Intelligence artificielle et du Numérique, Clara Chappaz, elle applaudit l'allocution d'Emmanuel Macron sur X : "En 2025, nous inventerons et développerons les technologies et les entreprises du monde de demain. Imposons notre audace, unis, déterminés et solidaires pour un réveil européen !"
Lancez la conversation
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour commenter.