Affaire Benalla : "Tout le monde veut savoir si le président de la République est entouré de barbouzes"
Le député Les Républicains du Var, Jean-Louis Masson, a de nombreuses questions à poser au ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb, et au préfet de police de Paris, Michel Delpuech, qui sont tous deux auditionnés lundi 23 juillet par la commission d'enquête de l'Assemblée nationale.
"Tout le monde s'interroge pour savoir si le président de la République est entouré par des barbouzes", confie dimanche 22 juillet au soir sur franceinfo le député Les Républicains du Var, Jean-Louis Masson. L'élu va participer lundi 23 juillet aux auditions du ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb, et du préfet de police de Paris, Michel Delpuech, par la commission d'enquête de l'Assemblée nationale, à propos de l'affaire Benalla.
franceinfo : Quelles questions allez-vous poser au ministre de l'Intérieur et au préfet de police de Paris ?
Jean-Louis Masson : Je vais poser à Gérard Collomb les questions que l'on se pose tous. Comment un tel personnage peut occuper une telle place dans l'environnement présidentiel, avoir autant d'autorité au sein des unités de police et de gendarmerie ? Comment le président intervient-il pour le faire nommer lieutenant-colonel à un âge qui ne correspond pas à celui des officiers qui atteignent ce type de grade ? Vis-à-vis du préfet de police, comment se fait-il que le commandant des CRS et le commandant d'unité de gendarmerie puissent laisser une personne prendre le premier plan des opérations de sécurité ? Je suis choqué, jamais je ne l'aurais laissé faire. Je souhaiterais que le préfet de police s'explique.
Souhaitez-vous que d'autres proches collaborateurs du chef de l'État soient entendus par la commission des Lois ?
J'ai été surpris de la réticence des députés LREM, du président de l'Assemblée nationale, à enclencher toute cette procédure. Il a fallu qu'on ferraille, nous les groupes d'opposition. Je peux comprendre la fidélité qu'il peut y avoir à l'égard du président de la République, mais il y a quelque chose qui transcende l'appartenance à un parti politique, c'est l'appartenance à la souveraineté nationale, c'est l'appartenance à l'Assemblée qui représente le peuple. Il est normal que cette Assemblée équilibre le pouvoir législatif. Montesquieu disait : "Toute personne qui exerce le pouvoir est tentée d'en abuser", c'est pour ça qu'il y a un équilibre entre l'exécutif et le législatif. C'est pour ça que les députés LREM doivent acquérir un peu de maturité, prendre du recul par rapport à leur appartenance de parti et avoir une vision équilibrée du fonctionnement des institutions. Ce qui est assez surprenant, c'est que le président de la République a insisté pour venir s'expliquer devant les parlementaires avec la réunion du Congrès à Versailles. Là, non seulement il ne vient pas s'expliquer, mais il ne donne aucune explication à l'opinion publique, qui attend des explications. Tout le monde veut savoir si le président de la République est entouré de barbouzes. Le fonctionnement des institutions tranche avec ce que nous avait dit Emmanuel Macron quand il était candidat à la présidence de la République.
La vie parlementaire était paralysée depuis quatre jours, était-ce nécessaire de suspendre dimanche matin l'examen de la loi de révision constitutionnelle ?
Si l'ensemble des partis d'opposition de l'Assemblée nationale n'avait pas été aussi déterminé, je pense qu'il n'y aurait même pas eu de commission d'enquête. Le texte examiné en ce moment est une loi constitutionnelle qui envisage de réduire les pouvoirs du Parlement. Cette affaire montre qu'on ne peut pas réduire les pouvoirs du Parlement et à mon avis il faut même les renforcer, de façon à atteindre un parfait équilibre des pouvoirs dont toute démocratie a besoin.
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