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Jeunes frappés par Alexandre Benalla : "Mes clients ne veulent pas du tout être mêlés à ce qu'on appelle l'affaire Benalla"

Cet homme et cette femme violentés souhaitent être entendus par le juge d'instruction, selon leur avocat, maître Sahand Saber. Il affirme mercredi sur franceinfo qu'un certificat médical va être versé au dossier.

Article rédigé par franceinfo
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Alexandre Benalla (à droite), Vincent Crase (à gauche) et plusieurs policiers autour d'un jeune homme, le 1er-Mai à Paris. (NAGUIB-MICHEL SIDHOM / AFP)

"Mes clients ne veulent pas du tout être mêlés à ce qu'on appelle l'affaire Benalla", a affirmé mercredi 25 juillet sur franceinfo maître Sahand Saber, l'avocat des deux personnes frappées par Alexandre Benalla le 1er-Mai place de la Contrescarpe à Paris. L'avocat s'interroge pour savoir pourquoi ses clients "n'ont pas été poursuivis devant le tribunal correctionnel" alors qu'ils admettent avoir jeté des projectiles sur les forces de l'ordre. Selon lui, c'est parce que "monsieur Benalla et monsieur Crase auraient été contraints de témoigner devant le tribunal correctionnel et cette affaire Benalla aurait éclaté bien avant".

franceinfo : Dans quel état d'esprit sont vos clients ?

Sahand Saber : Mes clients ne veulent pas du tout être mêlés à ce qu'on appelle l'affaire Benalla. Pour eux, l'affaire d'État, qui emmène une tempête médiatique et politique, ne les concernent pas. Ce qui les concerne, c'est ce qu'ils ont subi des violences de la part de cette personne qui avait l'apparence d'un policier. Pour eux, ils sont victimes de violences policières. C'est sur ce terrain-là qu'ils entendent s'exprimer. Pour le reste, les considérations partisanes, ils ne s'en mêleront pas. Mes clients ne sont pas des membres du black bloc, ce ne sont pas des manifestants. Ce sont juste deux amoureux qui sont venus prendre un verre en toute intimité. Ils tiennent à clarifier les choses et cesser une certaine forme de calomnie dont ils sont les cibles. Pour l'instant nous n'avons pas reçu de convocation. Nous souhaitons évidemment être entendus par le juge d'instruction pour donner notre version des faits et pour avoir accès au dossier de la procédure. Nous avons des éléments concrets, un certificat médical, qui sera remis dans les prochaines heures au juge d'instruction, avec un arrêt de travail de six jours pour le jeune homme. Son médecin, qui l'a examiné le 11 mai, soit 10 jours après les incidents, a constaté des traces de coups sur la poitrine et une raideur dans les cervicales. Le jeune homme s'est plaint de maux de tête et de contusions thoraciques.

Pourquoi ont-ils porté plainte tardivement ?

Ils ont songé à le faire et finalement ils y ont renoncé. Ce sont des jeunes qui ne veulent pas être retenus dans la vie par ce type d'affaire. Ils ont décidé de considérer que cette journée était une bien mauvaise journée qui s'était mal finie puisqu'ils ont été interpellés et emmenés pour une vérification d'identité. La vraie question est : pourquoi ils n'ont pas été poursuivis devant le tribunal correctionnel, puisque les jets de projectiles sont constatés. Je pense que, s'ils avaient été poursuivis, placés en garde à vue, interrogés, voire confrontés aux forces de police en présence, monsieur Benalla et monsieur Crase auraient été contraints de témoigner devant le tribunal correctionnel et cette affaire Benalla aurait éclaté bien avant. Il y a une question qu'il convient de se poser : pourquoi mes clients n'ont pas été jugés à ce moment-là ? En réalité, j'ai tendance à croire que les autorités, le ministère de la Justice, le ministère de l'Intérieur, étaient au courant de la présence et des actes de monsieur Benalla ce jour-là.

Pourquoi vos clients ont-ils lancé des projectiles ?

Cette scène a bien eu lieu. Mais il y en a une avant, c'était la première charge des CRS. Les CRS auraient dû réaliser cette charge contre les manifestants, mais cette charge s'est répandue à d'autres personnes qui étaient des spectateurs. Après avoir essuyé des coups de matraques, [mes clients] ont réagi. Ils reconnaissent avoir jeté ces projectiles. Ils le regrettent, mais ils n'étaient pas dans une démarche violente. Si on restitue les faits comme ils sont, mes clients n'étaient pas venus ce jour-là en découdre avec les forces de police. [Les jets de projectiles étaient] certainement de la colère, l'incompréhension, une réaction un peu sanguine, un peu inepte qui a consisté à prendre ce qu'ils avaient sous la main. Nous ne les remettons pas en cause.

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