Annonces d'Emmanuel Macron sur l'éducation : les réactions des syndicats d'enseignants
Faire rentrer de vacances d'été dès le 20 août certains élèves qui en auraient besoin "pose la question du droit aux vacances pour tous les élèves", estime mercredi 23 août au soir sur franceinfo Guislaine David, co-secrétaire générale et porte-parole du syndicat d’enseignants SNUipp-FSU, après les annonces d'Emmanuel Macron faites dans l'hebdomadaire Le Point à paraître jeudi 24 août.
Selon elle, ce n'est pas en faisant rentrer les élèves plus tôt qu'on va réduire les inégalités. Elle préconise d'alléger les effectifs dans toutes les classes, partout, d'embaucher des enseignants supplémentaires pour pouvoir faire des demi-groupes. La proposition d'Emmanuel Macron "semble être une punition pour les élèves déjà en difficulté", poursuit Guislaine David.
Elle se dit "étonnée que le président de la République parle d'éducation à quelques jours de la conférence de presse du nouveau ministre. On a bien compris que l'éducation n'était plus le sujet d'un ministère mais le sujet du président".
"C'est lui qui gouverne en matière d'éducation, le ministre ne sera qu'un pion dans cette politique"
Guislaine David, porte-parole du SNUipp-FSUà franceinfo
Selon elle, "cela pose problème car on a l'habitude depuis quelques années d'avoir des propos sur l'école qui épuisent l'école et les personnels". Guislaine David regrette que "le président de la République donne son avis sur tout", ce qui résulte en un "fossé" qui "se creuse entre la profession et le pouvoir politique".
Sur la forme, "les décisions doivent se prendre rue de Grenelle et être annoncées rue de Grenelle", dénonce quant à elle sur franceinfo Elisabeth Allain-Moreno, secrétaire générale du Syndicat des Enseignants de l'UNSA (SE-UNSA). Concernant les modifications suggérées du calendrier scolaire, elle rappelle que "les vacances des personnels ne sont pas les vacances des élèves".
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Selon elle, accueillir les enfants dès deux ans à l'école n'est pas une solution : "on ne solutionne pas la difficulté scolaire en accueillant beaucoup plus longtemps les élèves sur du temps scolaire, sans même savoir ce qu'on va leur faire faire. L'école n'est pas là pour accueillir, garder, protéger de l'extérieur", déclare-t-elle.
Elle revient sur les propos d'Emmanuel Macron qui dit que l'école "fabrique les républicains de demain". Selon elle, "l'école n'est pas une fabrique : elle émancipe, elle ne fabrique pas".
"Les élèves ne sont pas des ronds qui sortent de l'école en carrés avec un mode d'emploi bien défini par notre président de la République"
Elisabeth Allain-Moreno, secrétaire générale du SE-UNSAà franceinfo
Les termes employés par Emmanuel Macron sont "assez graves", estime Elisabeth Allain-Moreno, qui évoque des "paroles assez faciles", comme par exemple quand le chef de l'Etat parle de travailler plus pour gagner plus.
Il s'agit plutôt de "s'épuiser plus pour gagner plus", dit-elle. Emmanuel Macron "ne se contente pas de diviser au sein de la société, il divise au sein des personnels de l'Education nationale, entre ceux qui vont accepter les missions du Pacte, de façon légitime, pour voir des salaires insuffisants s'élever un peu, et ceux qui ne pourront pas le faire". Elle affirme qu'il "met en regard ceux qui travaillent bien et qu'il faut payer davantage et ceux qui sortent un peu de la route et qu'il faudrait sanctionner. C'est très méprisant de toute la profession".
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