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Au Congrès des maires de France, "on a retrouvé Emmanuel Macron dans son style caractéristique", analyse un politologue

Pour le politologue Bruno Cautrès, le chef de l'Etat a renoué avec sa marque de fabrique lors de son discours devant les maires de France jeudi. Il a affiché "une volonté de faire dans l'empathie" sans pour autant renoncer "à ses convictions". 

Article rédigé par franceinfo
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Emmanuel Macron au 100e Congrès de l'Association des maires de France, jeudi 23 novembre, à Paris. (LUDOVIC MARIN / AFP)

Emmanuel Macron a clôturé le 100e Congrès de l'Association des maires de France (AMF) jeudi 23 novembre, à Paris, avec un discours de près d'une heure et demi. Le chef d'Etat a notamment annoncé son intention de profondément réformer la fiscalité locale eta confirmé la suppression progressive de la taxe d'habitation pour 80 % des Français. "On a retrouvé Emmanuel Macron dans son style caractéristique (...) avec une volonté de faire dans l'empathie et en même temps dire qu'il ne renonce en rien à ses convictions", a estimé Bruno Cautrès, chercheur CNRS au Cevipof (Centre de recherches politiques de Sciences Po) et enseignant à Sciences Po, invité de franceinfo.

franceinfo : Le style Macron est-il adapté aux maires ?

Je ne sais pas si c'est adapté mais en tout cas, on a retrouvé Emmanuel Macron dans son style caractéristique avec des discours très longs, très construits, très charpentés. Mais aussi avec beaucoup de conviction, une vraie volonté pédagogique et de déminer certains dossiers sensibles avec les élus locaux tout en faisant du Macron, c'est-à-dire de montrer qu'il est ferme dans ses convictions et qu'il ne renoncera à rien de ses réformes.

Emmanuel Macron n'a pas fait semblant de faire partie des maires, il n'a pas dit : "Je suis l'un d'entre vous".

Non, s'il y a bien un répertoire auquel Emmanuel Macron n'a pas le droit par rapport aux élus locaux, c'est celui de leur expliquer qu'il est l'un des leurs. Il est tout sauf un des leurs. Il n'a jamais été élu en-dehors de l'élection présidentielle. Rien dans sa trajectoire ne s'inscrit dans le pouvoir local, dans la proximité avec les élus locaux, pas davantage avec les députés et les sénateurs. C'est l'une des difficultés pour Emmanuel Macron par rapport à ses prédécesseurs qui pouvaient facilement savoir leur parler, utiliser la complicité et dire "Moi aussi j'ai été comme vous". Donc là, Emmanuel Macron était dans un exercice difficile, mais on l'a retrouvé dans cette figure de style qui est vraiment sa marque de fabrique : une volonté de faire dans l'empathie et en même temps de dire qu'il ne renonce en rien à ses convictions, qu'il est ferme sur ses positions et que les maires sont là pour exécuter ce qu'il décide.

Sur la taxe d'habitation, Emmanuel Macron a demandé aux maires d'être à ses côtés et leur a dit que certains seraient gagnants...

Emmanuel Macron sait qu'il a une carte maitresse entre les mains : le fait que beaucoup de Français ressentent une pression fiscale. En annonçant la fin de la taxe d'habitation, les élus locaux ne sont pas contents et doutent de la capacité de l'Etat à compenser cette perte de ressources. Mais Emmanuel Macron sait très bien qu'il sera très difficile aux élus locaux d'expliquer qu'il ne fallait pas toucher à la fiscalité en France.

Emmanuel Macron doit composer avec une réalité : il y a des députés et des sénateurs, mais peu de maires...

Ça va être le grand rendez-vous du mandat : les élections municipales de 2020, si elles ne sont pas repoussées. Est-ce que La République en marche pourra conquérir un certain nombre de grandes villes ? Ce sera un point essentiel du mandat d'Emmanuel Macron. On sait que l'un des objectifs de La République en Marche est de se transporter dans les régions, de trouver une couleur locale. D'où la remise en ordre du mouvement et la nomination de Christophe Castaner dans une perspective de faire émerger, partout en France, des leaders locaux de La République en marche.

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