Congrès de l'AMF : pas de discours d'Emmanuel Macron, une "manœuvre d'évitement", selon son vice-président André Laignel
Cette année, l'Élysée innove : pas de discours de clôture au 104e congrès de l'Association des maires de France (AMF) pour le chef de l'État, il sera prononcé jeudi par la Première ministre Élisabeth Borne. Une décision qui fait grincer des dents.
"C'est une manœuvre d'évitement", juge mercredi 23 novembre sur franceinfo André Laignel, vice-président de l'Association des maires de France (AMF), à propos de la décision d'Emmanuel Macron de ne pas prononcer de discours de clôture au 104e congrès de l'AMF. À la place, Emmanuel Macron visite le salon des maires de France à Paris. Il prendra bien la parole devant un millier de maires, mais le soir lors de la désormais traditionnelle réception à l'Élysée. C'est Élisabeth Borne, la Première ministre, qui prendra la parole jeudi 24 novembre devant l'AMF.
"Monsieur Macron va visiter un salon, mais il ne traversera pas la rue pour venir au congrès des maires, c'est-à-dire pour dialoguer avec eux", résume André Laignel. "Je crois que c'est une mauvaise manière qui est faite aux maires et c'est une forme de mépris à l'égard de l'Association des maires de France", observe le vice-président de l'AMF. Le maire (PS) d'Issoudun, en Indre, regrette aussi le manque de "débat" et la "confrontation d'idées" qu'il y aurait pu avoir, comme à chaque discours de clôture prononcé par le chef de l'État à l'AMF.
Dialogue rompu, "étouffement financier"
Ce dialogue rompu doit absolument être repris pour André Laignel, qui n'arrête pas de croiser dans les couloirs du congrès de l'AMF, des maires qui "ne savent plus quoi faire". "On me dit : 'j'ai l'inflation, j'ai la baisse des dotations, j'ai l'augmentation des salaires de la fonction publique'. On ne sait plus boucler nos budgets. Et pendant ce temps-là, nous avons un État qui est incapable de nous apporter des réponses et qui fait de la propagande".
Des aides financières ont pourtant été fournies par le gouvernement : la dotation globale de fonctionnement (DGF) qui finance le quotidien des collectivités, a été réhaussée. Le gouvernement a aussi promis 1,2 milliard d'euros destinés aux collectivités locales pour accélérer la transition écologique, cinq milliards d'euros répartis jusqu'en 2026 pour "redynamiser" le centre de 234 villes moyennes... "Mais ces aides ne sont absolument pas à la hauteur de la situation", critique André Laignel.
"L'augmentation de la dotation globale de fonctionnement, c'est 1,4%. L'inflation va être de 7,5 %. Ça veut dire que nous allons perdre 6 % de pouvoir d'achat cette année."
André Laignel, vice-président de l'AMFà franceinfo
"Ce qui est plus que chacune des dix années qui viennent de s'écouler. C'est un étouffement financier", lance André Laignel. Le vice-président de l'AMF réclame que le gouvernement indexe la DGF sur l'évolution de l'inflation. "Je rappelle que ce n'est pas un cadeau fait par l'État. C'est un dû de l'État à l'égard des collectivités territoriales. Et la moindre des choses, c'est qu'elles restent stables en euros constants, c'est-à-dire qu'elles prennent en compte l'inflation."
Face à ce manque d'argent, André Laignel assure que lui et ses confrères sont "dans l'abattement. Depuis des années et des années, nous sommes là pour apporter un meilleur service à chacun de nos concitoyens. Or, la seule interrogation que nous avons pour l'an prochain, c'est quel service nous allons affaiblir. Jamais, depuis des décennies, et en tout cas depuis les quarante ans de décentralisation, nous n'avons été dans une situation aussi grave pour chacune de nos communes".
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