Dix questions pas si bêtes sur les produits dérivés vendus par l'Elysée
L'Elysée lance sa marque ce week-end avec une collection de produits dérivés. Objectif : rénover ses bâtiments.
Bientôt, vous verrez peut-être dans la rue des gens se balader avec un tee-shirt "Poudre de perlimpinpin", un cabas "Première dame" ou des bracelets "Liberté, Egalité, Fraternité". A l'occasion des Journées européennes du patrimoine, samedi 15 et dimanche 16 septembre, l'Elysée lance sa marque et ses goodies, des produits dérivés dont la vente devrait lui permettre de rénover ses bâtiments. Ils sont disponibles sur le site boutique.elysee.fr.
Combien coûtent-ils ? Quelles sont les marques partenaires ? Comment la présidence se rémunère-t-elle ? Autant de questions auxquelles franceinfo vous apporte des éléments de réponse.
1Est-ce une première ?
Pas exactement. La commercialisation de ces produits dérivés s'inscrit dans la continuité de ce qui avait été fait sous Nicolas Sarkozy en 2010. La marque Présidence française avait déjà été déposée par l'Elysée pour des objets comme des porte-clés, des stylos ou des timbres. L'ambition commerciale était toutefois plus limitée.
Par ailleurs, d'autres institutions politiques françaises, comme l'Assemblée nationale, disposent déjà d'une boutique à Paris et d'une vente en ligne de goodies.
2Les produits vendus par l'Elysée sont-ils tous made in France ?
Oui. L'Elysée promeut une vingtaine de fabricants français, qui proposent des produits made in France (ce qui garantit que la dernière transformation du produit a eu lieu sur le territoire) mais aussi certains produits Origine France Garantie (un label qui impose qu'au moins 50% du prix de revient unitaire du produit soit français), comme l'explique BFMTV.
"Les Vosges, Bordeaux, Besançon, Limoges... Nos partenaires sont implantés partout en France. (...) Acheter 'made in France', c'est récompenser les talents de notre territoire et soutenir l'emploi local", écrit l'Elysée sur son site.
3Quelles sont les marques partenaires ?
L'Elysée commercialise des vêtements, des bijoux, de la papeterie, de la verrerie... Pour le lancement, elle a fait appel aux marques suivantes : le Slip français, OMY, La Monnaie de Paris, La Documentation française, BIC, Le Sac Citoyen, Dejean Marine, La Maison du Carnet, l'Atelier Paulin, Lip, Léon Flam, Mug in France, Pierre Hermé et Duralex.
Les macarons bleu, blanc, rouge du célèbre pâtissier Pierre Hermé seront retirés de la vente dans quelques semaines. Selon Le Figaro, l'Elysée envisage de renouveler ce type de partenariats temporaires, en commercialisant d'autres éditions limitées à l'occasion de grands événements, comme Noël.
Depuis deux semaines, Emmanuel Macron fait lui-même la promotion de la montre Lip tricolore en la portant à son poignet.
Sur Twitter, l'association de ce fabricant de montres qui s'est battu pour sauver ses emplois à des goodies de l'Elysée n'est pas du goût de tout le monde.
#Lip, symbole des luttes pour la sauvegarde de l'emploi fait partie des enseignes qui figurent sur la boutique de l'Elysée où on trouvera des "goodies"dont certains reprenant les formules de Macron. Bon pour le business. Bon pour une certaine idée de la #République sociale ?
— Pierre Kanuty (@PierreKanuty) 14 septembre 2018
4Les prix sont-ils les mêmes que dans le commerce ?
Si les tarifs paraissent élevés à première vue, ils sont identiques à ceux pratiqués par les marques partenaires. Sur cette première gamme de 56 produits, 30 coûtent moins de 15 euros. Mais il faudra débourser 55 euros pour le tee-shirt "croquignolesque" du Slip français, 24,90 euros pour le mug orné du portrait officiel du président de la République de la marque Mug in France ou encore 169 euros pour la montre Lip.
Spoiler : les goodies de l'Elysée coûtent un pognon de dingue ! pic.twitter.com/rR28WFtlHo
— Louis Scocard (@louis_scocard) 14 septembre 2018
5Comment la présidence va-t-elle réaliser des bénéfices avec ces ventes ?
Sur chaque produit vendu, l'Elysée touchera un pourcentage de 12% de redevance, ce qui se situe dans la moyenne haute de ce qui se pratique généralement dans l'exploitation de marque (entre 5 et 15%), note BFMTV.
"C'est une sorte de financement. On monnaie un nom, et cela peut rapporter : la Maison Blanche développe depuis plusieurs années de nombreux produits à son image", explique dans Le Figaro Gaëlle Bloret-Pucci, avocate en droit de la propriété intellectuelle.
6Comment sera utilisé l'argent récolté ?
Il "sera affecté à des projets de restauration de l'Élysée", un ensemble de bâtiments vieux de 300 ans nécessitant remise aux normes ou rafraîchissement. "Des travaux ont commencé à l’été 2018. Le prochain chantier est celui de la salle des fêtes", explique l'Elysée sur le site de sa boutique.
Au total, 100 millions d'euros doivent être consacrés sur sept ans à la restauration du palais édifié au XVIIIe siècle, précise BFMTV. Dans un rapport publié en 2016, la Cour des comptes avait estimé qu'"à force de repousser les nécessaires opérations de conservation du patrimoine immobilier, celui-ci se dégrade et les coûts nécessaires à sa restauration sont augmentés".
7Qui va gérer la marque Présidence française ?
La société parisienne Arboresens. Elle a remporté en août un appel d'offres et va ainsi s'occuper de la stratégie d'extension de la marque Présidence française. Cette entreprise de marketing s’occupe déjà de l’image de la Ville de Paris, de la Patrouille de France ou de Vélib'.
Arboresens a l'honneur de devenir l'agent de licence de l'@Elysee et de porter un programme qui ambitionne de diffuser le plus largement possible les valeurs de la République pour susciter fierté et adhésion ; et être une vitrine du savoir-faire français. #licensing #marketing pic.twitter.com/rBRXH4SS1A
— Arboresens (@Arboresens) 14 septembre 2018
8Peut-on utiliser l'expression "présidence de la République" même si la marque est déposée ?
Bien sûr, répond l'avocate Gaëlle Bloret-Pucci dans Le Figaro. "Le nom 'Élysée - présidence de la République' n'entravera jamais la liberté d'expression et à l'information : il sera toujours possible d'évoquer l'Élysée ou la présidence, sans risquer d'être poursuivi", explique-t-elle.
9Les produits seront-ils vendus uniquement en ligne ?
Une boutique éphémère dans la cour du palais sera ouverte au public ce week-end. Mais le reste de l'année, les goodies seront vendus en ligne. A partir de 2019, les entreprises partenaires pourront directement distribuer ces produits en utilisant la licence Présidence de la République française pour les commercialiser via leurs réseaux de boutiques ou à l'étranger. "Cette distribution plus large offrira un rayonnement toujours plus important à la marque, aux valeurs républicaines, à la culture française et à ses savoir-faire emblématiques", estime l'Elysée.
10Ces goodies sont-ils trop personnalisés ?
Si certains objets proposés à la vente sont très classiques, d'autres sont plus personnalisés et jouent sur des expressions prononcées par Emmanuel Macron telles que "croquignolesque" ou "poudre de perlimpinpin". Un tee-shirt reproduit aussi la photo du président célébrant un but au stade de Moscou lors de la Coupe du monde. Autodérision ou culte de la personnalité ? Le débat est lancé sur les réseaux sociaux. Et les détournements ne se sont pas fait attendre.
Franchement les #GoodiesÉlysée ne sont pas si mal que ça pic.twitter.com/1y9XzHpEUd
— un Bug dans la RAM ˢᵖᵒᵒᵏʸ (@ak_a_a_sh) 14 septembre 2018
Elle est quand même incroyable cette collection de t-shirts sur le site de l'Elysée pic.twitter.com/mSpKSrl78Q
— Jules Grandin (@JulesGrandin) 14 septembre 2018
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