"En Conseil des ministres, il écoute mais ne dit plus rien" : comment Emmanuel Macron tente de se construire un nouveau rôle

Le président de la République, en retrait depuis la nomination du nouveau gouvernement, est à Strasbourg samedi pour les 80 ans de la Libération.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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En visite au Chili, Emmanuel Macron a prononcé un discours au Congrès, le 21 novembre 2024. (CRISTOBAL BASAURE ARAYA / MAXPPP)

Emmanuel Macron a-t-il déjà des fourmis dans les jambes ? Le chef de l'État se fait très discret depuis la nomination du gouvernement Barnier. Cette semaine, il n'a pas effectué de déplacement au Congrès des maires, il a donné très peu voire pas du tout d'interview dans les médias. C'est donc un président en retrait, sans pouvoir sur la scène intérieure, entièrement tourné vers les grands dossiers internationaux comme le Mercosur et la Russie, mais aussi vers les commémorations.

Emmanuel Macron est en déplacement à Strasbourg samedi 23 novembre pour les 80 ans de la Libération, l'occasion pour lui d'étrenner son nouveau rôle. 

En retrait mais "connecté à la pulsation du pays"

Il a beau chasser le naturel, il revient au galop. En témoigne cette scène symptomatique à Rio, révélatrice d'un Emmanuel Macron "incontrôlable", comme le dit un de ses amis. Interpellé à propos de la situation à Haïti, le président français, en bras de chemise, dans les rues de la ville brésilienne, déclare : "C'est terrible. Ils sont complètement cons". Il s'emporte alors contre les dirigeants haïtiens, après le limogeage du Premier ministre. La vidéo fait le tour des réseaux sociaux, à rebours de la stratégie savamment cultivée à l'Élysée, celle d'un président sage et silencieux.

"Macron, c'est OSS 117", se désole un fidèle. "Même en Conseil des ministres, il écoute mais ne dit plus rien", confirme un membre du gouvernement. "Il ne peut pas intervenir plus, c'est la lettre de la Constitution, il n'a plus de pouvoir", embraye un ancien ministre.

Toutefois, son entourage défend un Emmanuel Macron "connecté à la pulsation du pays" entre deux voyages. Il revient d'Amérique latine, il sera début décembre en Arabie saoudite. C'est une frénésie de SMS envoyés à "ses capteurs", des maires et des députés qu'il reçoit parfois à déjeuner. Un de ses amis lui a même conseillé, en vain, de se rendre dans une ville sinistrée, touchée par les inondations, comme l'a fait, par exemple, le roi d'Espagne.

Emmanuel Macron voit des ministres, récemment Bruno Retailleau, le médiatique patron de Beauvau et Catherine Vautrin, en charge des territoires. Et il distille ses messages, au sujet du Mercosur et de la France qui ne veut pas signer en l'état (comme un clin d'œil aux agriculteurs en colère), ou au sujet de la 'tambouille politique' avec cet appel à l'unité de sa famille, à l'heure où Gabriel Attal va prendre la tête du parti qu'il a fondé, Renaissance. un de ses confidents en est persuadé : le président restera "une ombre portée sur la vie politique".

Un président omniprésent pour la réouverture de la cathédrale Notre-Dame

Emmanuel Macron va surtout tenter dans les prochaines semaines de jouer le rôle du fédérateur. Il a commencé cette semaine, à l'autre bout du monde, en réclamant la "stabilité" alors que Marine Le Pen menace d'appuyer sur le bouton de la motion de censure pour renverser le Premier ministre Michel Barnier. Pourtant, il y a quelques semaines, il ne s'était pas privé au détour d'une réception de chefs d'entreprise à l'Élysée ou au salon de l'Automobile, de dire tout le mal qu'il pensait des hausses d'impôts. "Sept ans qu'il est président, dix ans qu'il a les leviers économiques du pays, c'est une conversion des habitudes", sourit un proche.

L'objectif de l'Élysée avec ce déplacement samedi pour les 80 ans de la Libération de Strasbourg et l'hommage au résistant et l'historien Marc Bloch, c'est d'"exalter l'esprit de conquête et plutôt l'esprit de reconquête que l'esprit de défaite". Lundi 25 novembre, à midi, le président va remettre les insignes de commandeur de la Légion d'honneur à Élisabeth Borne, son ancienne Première ministre. "Il se console aussi avec ses ex", raille un député.

Vendredi 29 novembre, c'est la dernière visite de chantier avant la réouverture de la cathédrale Notre-Dame prévue le 8 décembre. Le chef de l'État sera omniprésent avec un discours sur le parvis pour vanter "un succès français", pour rendre hommage à un peuple de bâtisseurs. Ce sera aussi une manière de rappeler qu'il a tenu cette promesse en parvenant à tout reconstruire en cinq ans.   

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