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Le secrétaire d'Etat au Numérique souhaite la création d'un "Conseil de l’ordre des journalistes", sinon "l'Etat s'en chargera"

Dans un entretien à l’agence de presse Reuters, Cédric O invite les journalistes à s'organiser pour lutter contre les fausses nouvelles et la désinformation. Mais il n'exclut pas que le gouvernement se saisisse du dossier.

Article rédigé par franceinfo
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Cédric O, secrétaire d'Etat au numérique, à l'Assemblée nationale, le 21 mai 2019. (THOMAS SAMSON / AFP)

Pour lutter contre les "fake news" et la désinformation, l'actuel secrétaire d'Etat au numérique du gouvernement est (lui aussi) favorable à la création d'un Conseil de déontologie pour les journalistes. Il l'a dit dans une interview accordée à l'agence de presse Reuters, mardi 25 juin. "Je considère qu'il doit y avoir un Conseil de l'ordre des journalistes, des journalistes entre eux, qui prennent des décisions et qui disent à l'Etat : ''Vous devez retirer l'agrément de tel ou tel canard, mettre des avertissements''', explique Cédric O.

Cédric O considère que des médias comme Russia Today (RT) ou Sputnik, sous influence russe, fragilisent volontairement la démocratie "pour aboutir à l'arrivée au pouvoir de tel ou tel parti politique". "Et cela marche. Aujourd'hui, sur YouTube, la chaîne qui a le plus de visibilité ce n'est pas BFM, ce n'est pas CNews, c'est RT", ajoute le secrétaire d'Etat, selon qui "les 'gilets jaunes' ne s'informent que par RT".

"S'ils ne le font pas, ce sera l'Etat qui le fera"

L'ancien conseiller de l'Elysée invite les journalistes à se saisir de cette lutte car "il y a une obligation de résultats de la société.". Mais "s'ils ne le font pas, ce sera l'Etat qui le fera, au bout du bout." 

A un moment, devant la menace contre la démocratie, on le fera.

Cédric O, secrétaire d'Etat au numérique

à Reuters

Un rapport commandé par le gouvernement français prône la création d'un Conseil de déontologie qui serait toutefois dépourvu de pouvoir de sanction. Il propose que, face à un contenu journalistique qu'il juge critiquable, un citoyen aura un autre recours que la saisine du juge ou de l'éditeur. Ce rapport propose aussi qu'en cas de manquement éthique ou déontologique, le même conseil pourra émettre "des avis qui pourraient être rendus publics". Toutefois, ce Conseil n'aurait pas de pouvoir de sanction. Il jouerait davantage le rôle de médiateur. 

"Je n’avais pas croisé cette idée depuis l’Italie des années 30"

Cette proposition de créer un "Conseil de l’ordre des journalistes" avait déjà été évoquée pendant la campagne présidentielle de 2017... par Aymeric Merleaud, un élu du Front national. "On souhaite créer un ordre des journalistes, un peu comme l’ordre des médecins, avec des journalistes à l’intérieur, avec des élections (...) en tout cas qui pourrait sanctionner des pratiques mauvaises", avait proposé le conseiller régional à l'époque.

Emanuel Macron, alors candidat, s'était dit contre cette idée. Celui qui allait devenir président de la République avait même comparé cette proposition à l'Italie fasciste. "Je n’avais pas croisé cette idée depuis l’Italie des années 30", avait-il réagi sur BFMTV.

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