Législatives : comment Emmanuel Macron tente de reprendre la main
Emmanuel Macron charge Élisabeth Borne de mener des discussions la semaine prochaine en vue de la formation d'un gouvernement d'action. Une manière de s'effacer un peu, sans se résoudre à l'enlisement.
Son allocution mercredi n’avait pas permis de dégager le début d’une solution. Ce qu’il faut retenir de l’interview du président de la République à l’AFP, samedi 25 juin, c’est d’abord qu’il renouvelle sa confiance à la Première ministre. Pas question d’offrir sa tête à la France insoumise ou au Rassemblement national. Cela veut dire que François Bayrou, ou Bruno Le Maire vont devoir remettre leur ambition personnelle au placard.
Avant de s'envoler pour la Bavière où débute, dimanche, le G7, Emmanuel Macron charge donc la Première ministre d’une mission très politique : la mise en place d’un contrat de gouvernement avec les groupes d’opposition. Du même coup, il écarte les critiques "de techno" qui la vise depuis sa nomination à Matignon. Mission délicate, car jusqu’à présent, les mains tendues sont restées ballantes. Mais Emmanuel Macron lui donne deux cartes maîtresses, deux atouts en quelque sorte.
D’abord ces discussions, selon Emmanuel Macron vont avoir lieu "sans tabou ni totem", en particulier sur l’épineuse question de la réforme des retraites. Le projet politique présidentiel pourra être amendé ou enrichi. Seuls postulats, pas question d’augmenter la dette et les impôts. Ensuite, le président de la République accepte de s’effacer un peu, de gommer un peu sa posture jupitérienne, largement critiquée sur tous les bancs de l’opposition. Il revient à la lettre et à l’esprit de la Ve République.
En chargeant Élisabeth Borne de faire des propositions pour la formation du gouvernement, il la consacre cheffe de la majorité, ce qui n’était pas encore pas le cas la semaine dernière lorsqu’il a reçu seul les chefs de partis.
Un contrat de gouvernement
Un gouvernement d’action cela veut dire qu’Emmanuel Macron ne se résout pas à l’enlisement, alors que le groupe Renaissance est privé de majorité absolue à l'Assemblée nationale. Il veut, malgré la situation politique inédite, se poser toujours en réformateur. C’est pour cela qu’il privilégie cette voie d’un contrat de gouvernement. C’est également pour cette raison qu’il fixe deux lignes rouges à ceux qui veulent rentrer au gouvernement ou aller dans le sens d’un contrat de gouvernement : le vote du budget et le vote de confiance.
En ce sens, il s’inscrit dans la tradition politique qui fixe toujours ces deux marqueurs comme la délimitation de la majorité et de l’opposition. Emmanuel Macron veut que les discussions de la semaine prochaine permettent de dégager une feuille de route pour les prochains mois et les prochaines années. Autrement dit ces discussions pourraient prendre beaucoup de temps et repousser le remaniement et le discours de politique générale d’Élisabeth Borne au cœur de l’été, même si les Français attendent d’abord des mesures en matière de pouvoir d’achat.
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