Présidentielle : ce que disent les nouvelles affiches de campagne de Macron et Le Pen
Les deux candidats qualifiés pour le second tour ont aussi choisi un nouveau slogan. Franceinfo a interrogé Arnaud Mercier, professeur en communication politique, pour analyser la stratégie de chacun.
La bataille de la présidentielle passe aussi par là. A dix jours du second tour, Emmanuel Macron et Marine Le Pen ont dévoilé, mercredi 26 avril, leur nouvelle affiche et leur nouveau slogan de campagne. Il y a des points communs (un très léger sourire), mais aussi des différences (dans la posture). Arnaud Mercier, professeur en communication politique, décrypte pour franceinfo la stratégie des deux candidats.
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La composition
Emmanuel Macron. Sur sa nouvelle affiche, le candidat d'En marche ! apparaît en gros plan, sans le moindre décor autour de lui. "Le message est clair, on mise tout sur le regard. C'est une manière de dire qu'il s'adresse aux Français les yeux dans les yeux", analyse Arnaud Mercier. Un minimalisme appuyé par des tons monochromes : "Tout est bleu chez Macron. Le costume, la chemise, la cravate, le fond..."
Marine Le Pen. La candidate du Front national a, elle, opté pour un plan plus large. "Son regard, qui n'est pas la première chose que l'on remarque, semble assez froid, explique le professeur en communication politique. On sent qu'elle se force, que ce n'est pas tout à fait naturel." Et ce qui attire l'attention d'Arnaud Mercier, c'est le décor de fond : "La bibliothèque en bois n'est pas un choix anodin. C'est un élément qui rappelle le bureau présidentiel de l'Elysée et donc les photos officielles. Marine Le Pen veut qu'on se projette, qu'on la présidentialise, c'est là aussi un message subliminal."
La posture
Emmanuel Macron. Quant à sa posture, "tout cela est très codé, minimaliste, rien ne dépasse. C'est le candidat, et lui seul. Mais le risque, c'est d'y voir quelque chose d'hyper personnel, qui ne collerait pas du coup avec son message de rassemblement."
Marine Le Pen. La candidate FN a fait un choix "complètement différent, voire "surprenant". Plusieurs éléments montrent qu'elle est "clairement dans une opération de séduction." Assise sur le bord d'une table, elle porte "une jupe qui laisse apparaître une partie de sa cuisse". "On sent qu'elle assume sa part de féminité, cela lui donne un côté amazone", analyse Arnaud Mercier. C'est ce que confirme Florian Philippot à l'hebdomadaire L'Express. Il y voit une marque de "simplicité" et de "naturel". Un autre membre du staff va même plus loin : "C'est un parti pris assumé. Il s'agit d'un message subliminal par rapport à l'islam." Une façon de dire qu'en France, les femmes "s'habillent comme elles l'entendent".
Le slogan
Emmanuel Macron. Le slogan du leader du mouvement En marche ! a légèrement évolué par rapport au premier tour. Après "La France doit être une chance pour tous", voici "Ensemble, la France !" Il peut paraître "classique" mais le choix des mots est travaillé : "Sur un plan sémiologique, le terme 'ensemble" est fort. Il marque une volonté de rassemblement, de consensus."
Marine Le Pen. La candidate frontiste a fait le choix des lettres blanches et en capitales pour affirmer son nouveau slogan : "Choisir la France." Arnaud Mercier y voit un message très clair : "Il n'y a pas l'idée d'un mouvement ou d'une dynamique comme chez Macron. Là, on nous demande de choisir notre camp. C'est l'un ou l'autre. Soit on en est, soit on n'en est pas."
Les retouches
Emmanuel Macron. Toute affiche passe par la case retouches. "Chez Emmanuel Macron, je dirais que c'est assez sobre, pas excessif, analyse Arnaud Mercier. On a surtout fait ressortir son regard pour renforcer l'idée d'un lien direct entre le candidat et les Français."
Marine Le Pen. Pour la candidate FN, en revanche, "on a eu la main lourde, estime le spécialiste de la communication politique. C'est particulièrement visible au niveau du visage et de la taille, qui semble avoir été affinée. On pourrait alors se dire que certains vont y voir un manque de sincérité. Dans les faits, pas vraiment. Les électeurs convaincus restent convaincus. Aussi grossière soit-elle, ce n'est pas une retouche Photoshop qui viendra ébranler un scrutin."
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