Programme contre programme : que proposent Emmanuel Macron et Marine Le Pen ?
Emploi, Europe, santé, environnement, culture, lutte anti-terrorisme, sécurité et justice : avant le débat télévisé de mercredi soir, franceinfo passe au crible les projets présidentiels d'Emmanuel Macron et Marine Le Pen.
Emmanuel Macron et Marine Le Pen s’affrontent mercredi 3 mai pour un ultime face-à-face télévisé sur France 2, TF1 et franceinfo. Avant le débat, franceinfo passe au crible les projets présidentiels des deux candidats.
L'emploi : deux visions de l’économie
Si Emmanuel Macron et Marine Le Pen ont pour point commun de vouloir sortir la France du chômage de masse, les convergences de programmes s’arrêtent ici, tant leurs visions de l'économie sont différentes.
Flexisécurité, chez Macron. Pour Emmanuel Macron, la réponse au chômage ne se trouve pas dans le rejet de la mondialisation ou la fermeture des frontières mais au contraire dans une plus grande compétitivité des entreprises françaises. Il s’agit, pour lui, de mettre en place un système de "flexisécurité", inspiré des modèles nordiques : davantage de flexibilité pour les entreprises et dans le même temps, davantage de protection pour les salariés via une réforme ambitieuse de l'assurance chômage. Objectif : ramener le taux de chômage à 7% à la fin du quinquennat.
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Retrouver la souveraineté, chez Le Pen. La candidate frontiste, elle, souhaite créer un million d’emplois en cinq ans. Selon elle, la France doit retrouver sa souveraineté monétaire, politique, douanière, pierre angulaire de toutes ses mesures. Cela suppose de renégocier avec Bruxelles les règles de l’Union européenne ou de soumettre, à défaut d'accord, sa sortie à référendum.
Réformer le code du travail ? Pour créer des emplois, le candidat d’En Marche ! propose de réformer le code du travail par ordonnances pour aller plus loin que la loi travail. Sans toucher aux 35h, ni aux principes généraux fixés par la loi, il s'agit de donner plus de place aux accords internes aux entreprises pour négocier l'organisation du travail, de la production, afin de s'adapter aux fluctuations d'activités. Si Marine Le Pen, elle, souhaite supprimer la loi travail, la loi El Khomri, l'essentiel de son programme est ailleurs. Aussi revendique-t-elle un protectionnisme intelligent, conditionné pour beaucoup à la sortie de l'Union européenne. Cela passe tout d'abord par la protection des emplois en taxant l'embauche de salariés étrangers, en supprimant le décret sur les travailleurs détachés, ou encore en interdisant la vente des entreprises touchant des subventions publique à des sociétés étrangères. La priorité nationale sera aussi donnée à la commande publique avec une part réservée aux PME. La candidate promet par ailleurs 10 à 15 milliards d'euros par an réservés à la réindustralisation de la France.
Relancer l’embauche. Pour inciter les entreprises à embaucher, Emmanuel Macron prévoit certes des aides directes comme une prime de 15 000 euros pour les entreprises qui embaucherait un jeune des quartiers dit prioritaire. Pour autant, son principal levier d'incitation est surtout la baisse de la fiscalité : zéro charge sur le smic dès 2018 et transformation du CICE, le crédit d'impôt compétitivité emploi, en allègements de cotisations directes et pérennes, soit 6% de cotisations en moins. Marine Le Pen, de son côté, réserve l’essentiel de ces efforts aux petites et moyennes entreprises. Selon elle, ce sont ces dernières qui créeront le plus d’emplois. La candidate souhaite par ailleurs réserver le CICE aux seules PME et starts-ups, et abaisser l’impôt sur les sociétés à 24% pour les PME et 15% pour les TPE.
Quid de l’assurance chômage ? Emmanuel Macron propose une réforme de fond de l’assurance chômage, entièrement piloté par l'Etat, c’est-à-dire sans les syndicats et le patronat. L’assurance chômage version Macron deviendrait universelle : artisans, commerçants, travailleurs indépendants et, une fois tous les cinq ans, les salariés démissionnaires, pourraient en bénéficier. Le candidat d’En Marche ! souhaite imposer des devoirs nouveaux aux chômeurs, en renforçant les contrôles. Il deviendrait ainsi impossible de refuser plus de deux offres d'emploi si le salaire proposé n'est pas inférieur à 20% par rapport à celui de l’ancien poste, à peine de voir ses allocations réduites. En parallèle, Emmanuel Macron propose d’aider les chômeurs les moins qualifiés à retrouver du travail en mettant l’accent sur la formation via, notamment, un bilan de compétences. En tout, le candidat promet un plan investissement de 15 milliards d’euros pour la formation et une remise à plat totale de tout le système de formation professionnelle.
La candidate frontiste, de son côté, si elle ne s’adresse pas particulièrement aux chômeurs dans son programme, propose d’enrayer le chômage des jeunes en supprimant toutes les charges pendant deux ans pour l’embauche d’un jeune de moins de 21 ans. Par ailleurs, elle souhaite revoir la formation professionnelle de fond en comble, en développant massivement l’alternance, notamment dans l’artisanat, et l’autoriser dès l'âge de 14 ans.
L’Europe : deux projets irréconciliables
L’Europe est probablement le thème sur lequel les deux candidats sont aux antipodes, tant leurs visions du projet européen sont irréconciliables. Le seul point qui les rassemble sur ce sujet est le rejet d’un élargissement de l’union et de l’adhésion de la Turquie, l’Union, selon eux, se suffisant à elle-même. D’un côté un européen convaincu, Emmanuel Macron, qui veut renforcer la gouvernance européenne, de l'autre une eurosceptique, Marine Le Pen, qui mise sur une sortie de l'Union.
L'euro au centre des contradictions. Au centre de ces contradictions, il y a l'euro, adopté par la France il y a 15 ans. Pour Emmanuel Macron, la monnaie unique rend la France plus forte et a protégé la France des turbulences de la crise de 2008. Pour Marine Le Pen, l’euro est d'abord responsable de l'explosion des prix et des délocalisations. En somme, un "boulet", selon ses propres termes, dont il faut donc se séparer. Cela suppose, pour la candidate frontiste, d’obtenir de Bruxelles un traitement particulier pour que la France retrouve sa souveraineté notamment en matière monétaire. Autrement dit organiser un référendum sur la sortie de l'Union et de l'euro. Un scénario inconcevable pour Emmanuel Macron. Ce dernier souhaite maintenir la France dans l’euro, mais aussi aller encore plus loin avec à terme un parlement, un budget de la zone euro et un ministre des Finances pour les 27.
Cette sortie de l'euro souhaitée par Marine Le Pen ne semble plus sa priorité. Ces dernières semaines, la candidate d’extrême-droite a annoncé qu'elle attendrait les élections prévues en Allemagne et en Italie pour négocier avec Bruxelles. Ce sera donc au plus tôt en septembre et pas au premier jour de son mandat. Elle explique ensuite que le franc cohabiterait avec une autre monnaie utilisée, elle, par les Etats et les grandes entreprises européennes.
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Contrôle des frontières. Sur le contrôle des frontières, Marine Le Pen n’a pas changé de position. Pour elle les accords de Schengen qui permettent de circuler sans contrôle entre les différents États européen sont une "erreur majeure", qui encourage le trafic d'arme, l'immigration clandestine et la circulation des terroristes. La suspension desdits accords sera donc la première des dix mesures qu'elle appliquera lorsqu'elle sera au pouvoir.Toujours aux antipodes, Emmanuel Macron propose lui de renforcer les frontières extérieures de l'Union européenne, en créant 5 000 garde-frontières supplémentaires. Pour encadrer les flux migratoires ou améliorer la lutte anti-terroriste au sein de l’Europe, il parie sur une meilleure coopération entre Etats. Le candidat d’En Marche considère que la libre circulation est positive pour l'économie, la culture ou la vie quotidienne. Il propose d'ailleurs de généraliser le programme Erasmus : 6 mois dans un autre pays européen pour tous les étudiants et apprentis.
La santé : de nombreux points de divergences, quelques propositions communes
La Sécurité sociale. Emmanuel Macron propose une prise en charge à 100 % des lunettes, des prothèses auditives et des soins dentaires d'ici à 2022, sans augmenter le prix des mutuelles. Marine Le Pen, elle, ne s'engage pas sur un remboursement total mais évoque une amélioration de la prise en charge. Pour maitriser les dépenses de santé, la candidate du Front national avance une série de mesures radicales : la suppression de l'aide médicale d'Etat réservée aux personnes en situation irrégulière, la lutte contre la fraude à la sécurité sociale en créant une carte Vitale biométrique et la lutte contre les arrêts maladies de complaisance. Mais elle ne précise pas combien ces mesures vont rapporter. Emmanuel Macron affiche un objectif : 15 milliards d'euro d'économie en cinq ans sur l'assurance maladie sans dire où ces économies seront réalisées. Par ailleurs, il souhaite supprimer les cotisations maladie et chômage, actuellement payées par les salariés. Elles seront compensées par une hausse de la CSG.
Et la médecine libérale ? Emmanuel Macron veut doubler le nombre de maisons de santé en cinq ans. Avant de confirmer la généralisation du tiers payant, il souhaite évaluer les bénéfices et les contraintes de cette généralisation. Pour lutter contre les inégalités sociales et territoriales, le candidat d’En Marche ! envisage de s'appuyer sur les nouvelles technologies, et annonce un plan d'investissement pour financer en particulier l'innovation et la télémédecine. Plus globalement, il veut renforcer la prévention. Marine Le Pen, de son côté, est, opposée au tiers payant généralisée et propose d’en faire le bilan avant de décider si elle revient ou non dessus. Elle veut développer les maisons de santé dans les zones sous-dotées, autoriser les médecins retraités à exercer dans ces zones en leur accordant des incitations fiscales. Par ailleurs, elle annonce la création d'un stage d'internat pour obliger les internes à exercer pendant six mois dans les territoires les plus touchés.
Opposition claire sur la PMA. Emmanuel Macron est favorable à l'ouverture de la PMA pour les femmes seules et pour les couples de femmes, mais il attendra l'avis du Comité consultatif national d'éthique sur cette question. Marine Le Pen souhaite de son côté réserver la PMA aux couples hétérosexuels qui rencontrent des problèmes de stérilité.
Et les allocations familiales ? Marine Le Pen veut rétablir l'universalité des allocations familiales, alors que le gouvernement actuel a baissé ces allocations pour les familles les plus aisées. Emmanuel Macron, lui, ne s'est pas prononcé sur cette question.
Quel avenir pour l’hôpital public ? Emmanuel Macron veut accélérer le déploiement des groupements hospitaliers de territoires, mis en place par Marisol Touraine pour faire travailler main dans la main les établissements publics de santé appartenant au même territoire. Marine Le Pen, elle, les rejette et préfère maintenir les hôpitaux de proximité. Emmanuel Macron, s’il souhaite réduire le nombre de fonctionnaires de 120 000, a cependant annoncé qu’il ne toucherait pas aux effectifs hospitaliers. Marine Le Pen indique qu'elle augmentera le nombre d'infirmières, d'aides-soignants, de praticiens et de sages-femmes.
Des positions communes. Les deux candidats veulent renforcer le droit à l'oubli pour les personnes qui ont été malades. Les deux veulent augmenter le numerus clausus d'accès aux études de santé pour former davantage de médecins. Enfin, ils prônent tous les deux une augmentation du montant de l'allocation aux adultes handicapés : +100 euros pour Emmanuel Macron et +200 euros pour Marine le Pen.
L’environnement : le grand absent
L’environnement fait partie des thèmes très peu abordés de la campagne de l’un comme de l’autre des finalistes. Si Marine Le Pen a, dès janvier dernier, tenu un discours sur la France durable et Emmanuel Macron dévoilé en février sa vision des enjeux environnementaux via la page Facebook du WWF, ni l'un, ni l'autre n'ont le logiciel environnement dans l'unité centrale de leur campagne.
Abandonner le nucléaire ? Sur le nucléaire, la position de Marine Le Pen a évolué. En 2011, quelques mois après Fukushima, elle évoque une énergie "dangereuse" dont il faudra se séparer, à terme. Depuis janvier dernier, Marine Le Pen a adouci son discours. Elle ne souhaite pas fermer la centrale de Fessenheim. Emmanuel Macron, lui, souhaite au contraire arrêter l’activité de la centrale alsacienne et poursuivre la loi de transition énergétique de François Hollande en diminuant la part du nucléaire.
Energies renouvelables. Les deux candidats veulent tous les deux développer les énergies renouvelables, Marine Le Pen pariant davantage sur le solaire et l'hydrogène. A cet égard, la candidate frontiste a, par exemple, annoncé un moratoire sur l'éolien… Si Emmanuel Macron compte sur une part d'investissements publics et 30 milliards d'euros du privé, Marine Le Pen souhaite s’appuyer sur un EDF à 100% public, avec une baisse de 5% du prix de l’électricité.
Quelle agriculture ? Sur l'agriculture, Marine Le Pen veut favoriser les circuits courts et interdire les fermes-usines, les importations de produits agricoles qui n'ont pas les mêmes normes que nous tout en aidant l'exportation des produits français "de qualité". Elle prône par ailleurs l'autosuffisance alimentaire de la France. Emmanuel Macron vante lui aussi les circuits courts et bio, et promet par exemple de revoir le système d'homologation des pesticides pour éviter les débats comme celui sur le glyphosate. Il ne dit cependant pas comment il souhaite procéder, concrètement.
Bien-être animal. Le thème du bien-être animal, lui, semble davantage être utilisé par clientélisme électoral. Si le Front national défend l'obligation d'étourdir les animaux avant de les tuer en abattoir, contrairement ce qui se fait parfois pour l'abattage rituel casher ou hallal, on l’entend moins s'opposer à l'abattage des agneaux pour Pâques. Emmanuel Macron s’est timidement aventuré sur le terrain sensible du bien-être animal en promettant d'interdire la vente d'œufs de batterie, tout en défendant les chasses traditionnelles devant la Fédération des chasseurs… où Marine Le Pen avait envoyé un de ses conseillers. Les deux candidats, sur ce sujet, semblent donc s'égaler dans un manque global de cohérence.
La culture : un programme modeste
La culture n'est pas un thème majeur de la campagne des deux candidats, même si dans cet entre-deux tours, quelques artistes font plutôt timidement entendre leur voix contre le Front national. Des grands et bons sentiments habillent un programme peu développé.
L'accès à la culture privilégié par Macron. Le fondateur d'En Marche ! veut renforcer l’apprentissage des arts et de la culture à l’école. Il souhaite l'ouverture des bibliothèques le soir et le dimanche et il veut créer un pass culture de 500 euros pour tous les jeunes de 18 ans. Pour le reste, il promet de maintenir le budget de la culture à hauteur de 1% du budget de l'État. Toutes les politiques publiques seront évaluées pour évaluer le gaspillage.
Le patrimoine protégé par Marine Le Pen. La candidate du FN veut, elle, un meilleur soutien à l’entretien et à la préservation du patrimoine, avec une augmentation de 25% du budget qui lui est consacré. Il ne serait plus question de vente à l’étranger et au privé de palais et de bâtiments nationaux. Elle évoque le développement du mécénat populaire par la création d’une plate-forme numérique dédiée. Marine Le Pen veut aussi remettre en ordre, pour le conserver, le statut d’intermittent du spectacle, avec la création d’une carte professionnelle.
L’audiovisuel public figé ou remodelé ? Emmanuel Macron est le candidat qui semble avoir le plus réfléchi à la question. À ses yeux, l'actuelle gouvernance est dysfonctionnelle. Il pense donc à un rapprochement des groupes publics. Il est aussi question de la transformation de leur conseil d’administration qui désignerait le PDG. Emmanuel Macron n’hésite à parler de chaînes moins nombreuses pour le futur. De son côté, Marine Le Pen affirme simplement vouloir réformer le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) avec la création de trois collèges. L'un serait composé des représentants de l’État, le deuxième de professionnels et le troisième de représentants de la société civile, via notamment des associations de consommateurs, de téléspectateurs.
Terrorisme et sécurité : une agence spéciale et des recrutements
La lutte anti-terroriste n'a pas été au cœur de la campagne sauf dans la toute dernière ligne droite, après l'attentat déjoué à Marseille et l'assassinat d'un policier sur les Champs-Élysées à Paris.
Le sort des jihadistes. La mesure phare de Marine Le Pen est l'expulsion de tous les fichés "S" étrangers, dès "le lendemain" de son élection. La candidate du Front national indique également vouloir fermer toutes les mosquées extrémistes et interdire le financement étranger, tout comme le financement public des lieux de culte. Elle écrit sur son programme qu'elle rétablira l'indignité nationale pour "les personnes coupables de crimes ou de délits liés au terrorisme islamiste" si elle est élue. Sur la question très délicate du retour des jihadistes sur le territoire français, Emmanuel Macron préconise la création de centres fermés de petite taille. Les détenus radicalisés rencontreraient des repentis mais aussi des intervenants extérieurs. L'ambition est de les convaincre qu'une autre vie est possible après le jihadisme.
Création d'une agence centrale. Pour améliorer le rouage entre les différents services de renseignement, Marine Le Pen souhaite créer une agence centrale de lutte anti-terroriste rattachée au Premier ministre. Sur ce point, Emmanuel Macron propose une mesure quasiment similaire : créer une cellule spéciale anti-Daesh, "une task-force" de 50 à 100 agents. Cette cellule ne sera pas rattachée à Matignon, comme le prévoit son adversaire, mais directement au président de la République.
La sécurité au quotidien. Emmanuel Macron veut mettre en place une sorte de police de proximité, la police de sécurité quotidienne. Elle sera chargée de mieux lutter contre les infractions les plus courantes en permettant aux policiers de sanctionner de fortes amendes les auteurs d'incivilités. Emmanuel Macron tient aussi à lutter contre les contrôles d'identité abusifs en généralisant les caméras piétons, déjà largement expérimentées par les forces de l'ordre.
Les moyens alloués aux forces de l'ordre. Le candidat d'En Marche ! promet de créer 10 000 nouveaux postes sur cinq ans : 7 500 policiers et 2 500 gendarmes. Marine le Pen, elle, va plus loin avec plus de recrutements : création de 15 000 postes de gendarmes et de policiers et, pour rétablir nos frontières et sortir de l'espace Schengen, 6 000 douaniers. Elle veut également réarmer les policiers, moderniser les commissariats et les casernes de gendarmerie et réduire les tâches administratives.
La justice : vision radicale contre vision "plus humaine"
Système judiciaire. Sans surprise, Marine Le Pen porte un regard très sévère sur le système judiciaire actuel, qu'elle estime beaucoup trop laxiste. Parmi ses propositions, on trouve pêle-mêle, le rattachement de l'administration pénitentiaire au ministère de l'Intérieur, le développement du renseignement pénitentiaire ou encore la suppression de l'École nationale de la magistrature auquel, dit-elle, elle tient "tout particulièrement". La candidate FN voit dans l'ENM, l'un des symboles de cette "République des juges" qu'elle ne cesse de dénoncer.
Prison. Marine Le Pen promet de créer 40 000 places de prison supplémentaires, à la hauteur, selon elle, d'une répression accrue de tous les crimes et délits. C'est le programme le plus radical en la matière. Emmanuel Macron se contenterait lui de 15 000 constructions de nouvelles places en détention. Le candidat d'En Marche ! se veut le champion d'une vision plus "humaine" de la prison avec un objectif de 80 % de détenus en cellule individuelle. Il prône également le développement de petits et moyens établissements, plus adaptés, selon lui, aux programmes de réinsertion.
Politique pénale. Marine Le Pen veut "l'arrêt des lois laxistes" de Christiane Taubira, garde des Sceaux de 2012 à 2016. La candidate FN compte ainsi restaurer les fameuses peines-plancher, ces peines automatiques pour les récidivistes créées sous Nicolas Sarkozy avant d'être supprimées sous le quinquennat Hollande. Elle souhaite aussi la perpétuité réelle incompressible, c'est-à-dire la vraie prison à vie pour les crimes les plus graves. Emmanuel Macron est aussi un défenseur d'une forme de tolérance-zéro. Il veut que toute personne condamnée à une peine de prison ferme inférieure ou égale à deux ans soit effectivement incarcérée. Sur l'exécution des mesures d'incarcération, le leader d'En Marche ! se dit favorable à des aménagements aux deux-tiers de la peine. Il propose aussi d'éloigner provisoirement de leurs quartiers certains délinquants, sous le contrôle d'un juge
Dépénalisation ou légalisation du cannabis ? Emmanuel Macron est tenté par la dépénalisation pour la possession de petites quantités de drogue même s'il dit vouloir encore réfléchir avant de prendre une décision. Marine Le Pen, elle, ne souhaite aucune évolution de la loi en la matière, bien au contraire. Son parti juge "délirant" toute idée de tolérance plus grande à l'égard des consommateurs de cannabis.
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