Référendums, conventions citoyennes... Comment Emmanuel Macron veut demander aux Français de "trancher" des "sujets déterminants" en 2025

Lors de ces traditionnels vœux, le chef de l'Etat a annoncé mardi soir qu'il demanderait en 2025 aux Français de "trancher" des "sujets déterminants". Explications.
Article rédigé par franceinfo
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Emmanuel Macron a présenté ses traditionnels vœux télévisés aux Français le 31 décembre 2024. (KIRAN RIDLEY / AFP)

Un mea-culpa et une ouverture vers 2025. Emmanuel Macron a reconnu, le 31 décembre lors de ses vœux télévisés pour 2025, que la dissolution de l'Assemblée nationale a semé "divisions" et "instabilité", avant d'appeler au "ressaisissement collectif" face à la grave crise politique qu'elle a provoquée.

Enregistrés dans le jardin d'hiver du palais présidentiel, ces huitièmes vœux d'Emmanuel Macron sont aussi les plus courts, en onze minutes. Privé d'une grande part de son influence, le chef de l'État a annoncé qu'il demanderait lors de l'année qui s'ouvre aux Français de "trancher" certains "sujets déterminants" pour préparer l'avenir.

"Desserrer l'étau"...

Si le mot "référendum" n'a pas été prononcé, c'est bien ce à quoi pense le chef de l'État, confirme son entourage : non pas un, mais "des" référendums pour 2025. Une manière de "desserrer l'étau", souligne un fidèle, tant l'exercice peut s'avérer dangereux pour un président dont certains opposants, France insoumise et Rassemblement national en tête, demandent la démission. Le général De Gaulle en avait par exemple lui-même fait les frais : le 27 avril 1969, le non l'emporte à 52,41% sur une question sur "la création de régions et à la rénovation du Sénat". Un revers qui a conduit à la démission de Charles de Gaulle, comme il l'avait annoncé en cas d'échec.

... Et se replacer au centre du jeu

On se souvient également qu'à plusieurs reprises ces dernières années, les macronistes ont phosphoré autour de l'idée d'un référendum à questions multiples. Cette innovation institutionnelle présente l'avantage de ne pas faire du scrutin un vote de soutien ou de rejet du président de la République. Emmanuel Macron reste volontairement flou à ce stade, mais le message est limpide : il rappelle qu'il lui reste des leviers.

Demander aux Français de trancher pourrait également consister à organiser de nouvelles conventions citoyennes, indique l'Élysée. Une formule qui, avec le "grand débat", avait alors permis au chef de l'État de sortir de la crise des "gilets jaunes".

Dans les deux cas, là où l'Assemblée se montrerait trop divisée pour décider, le Président fait planer la menace de la court-circuiter, en sollicitant directement les Français. Manière, pour lui, de se replacer au centre du jeu. C'est la surprise qu'attendaient ses fidèles, désespérés de le voir condamner à l'impuissance.

"Qu'il commence par le référendum sur les retraites"

Aussitôt, dans l'opposition, de nombreuses voix se sont élevées. "En 2025, Macron découvre la démocratie. Tout arrive !", a ironisé sur X le secrétaire national du Parti communiste français, Fabien Roussel. "Après avoir refusé obstinément le référendum sur la réforme des retraites, Macron envisage de consulter les Français. Nous ne manquons pas d’idées à lui soumettre", a-t-il poursuivi. "Qu'il commence par le référendum sur les retraites", a réagi la députée écologiste Sandrine Rousseau sur franceinfo.

"Malheureusement, je crains que ce ne soit un énième effet d'annonce", a déclaré pour sa part le député RN Franck Allisio : "Le recours au peuple souverain est toujours une bonne chose", a dit le député, rappelant que "Marine le Pen a souvent dit qu'elle souhaitait un recours beaucoup plus fréquent au référendum". Cependant, selon lui, "le président n'a jamais eu recours au référendum depuis sept ans et c'est maintenant qu'il se retrouve en cohabitation qu'il va proposer un référendum. Mais sur quoi ?", termine-t-il. 

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