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Faillite de la SVB : "Il y a zéro risque pour les banques françaises", soutient un économiste

"S'il y avait le moindre risque, l'État viendra" en renfort, "parce qu'on ne peut pas se permettre de voir les banques partir", explique Philippe Dessertine.
Article rédigé par franceinfo
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Philippe Dessertine était l'invité de franceinfo le jeudi 16 mars 2023. (FRANCEINFO)

Au lendemain du plongeon en Bourse du Crédit Suisse, chahuté par la faillite de la Silicon Valley Bank, le numéro 2 du secteur bancaire helvétique a annoncé dans la nuit de mercredi 15 mars 2023 qu'il emprunterait jusqu'à 50 milliards de francs suisses auprès de la banque centrale suisse. Cette annonce démontre qu'il n'y a pas lieu de s'inquiéter pour les banques françaises, "il y a zéro risque" soutient ce jeudi sur franceinfo Philippe Dessertine, directeur de l'Institut de Haute Finance.

Selon cet économiste, cet emprunt prouve au contraire que "s'il y avait le moindre risque, l'État viendra parce qu'on ne peut pas se permettre de voir les banques partir". En revanche, "la vraie question qui se pose, c'est plutôt pour le contribuable", indique Philippe Dessertine. Il rappelle que depuis la crise de la dette publique grecque, en 2011, "on a eu une explosion de la dette", sans compter la crise sanitaire liée au coronavirus, ce qui "fait que les États sont fragiles". Ainsi, si "les États doivent continuer à venir à la rescousse des banques", ils risquent de finir par se tourner vers les contribuables, en augmentant les impôts, craint l'économiste.

>>Banques : le Crédit Suisse dans la tourmente

Philippe Dessertine se veut toutefois rassurant : il affirme que le Crédit Suisse "ne peut pas faire faillite", puisque "la banque centrale suisse viendra à sa rescousse s'il manque de liquidités". Cet expert rappelle si l'action de la deuxième banque suisse a chuté de 24% jeudi en Bourse, c'est en raison surtout des propos tenus par son actionnaire principal, la banque nationale saoudienne, qui a en effet exclu toute nouvelle injection d'argent en cas de besoin. Ces propos "ont suffi à déclencher la panique, parce qu'on se demandait si ce qui s'était passé aux États-Unis avec la Silicon Valley Bank n'allait pas se passer aussi pour le Crédit Suisse, qu'on sait fragile depuis des années".

Les déboires du Crédit suisse surviennent en plus alors que la Banque centrale européenne doit indiquer dans la journée de combien elle augmente ses taux directeurs. Or, l'inquiétude du côté suisse "change complètement la donne", alerte Philippe Dessertine. "Le problème de la liquidité, devenu central dans le système financier, suppose des injections massives potentielles de la part des banques centrales", explique le directeur de l'Institut de Haute Finance. Or, se pose la question de choisir entre "la peste et le choléra" : car si augmenter les taux permet de lutter contre l'inflation, "cela fragilise énormément les bilans bancaires".

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