Affaire des costumes : Bourgi accuse Fillon de lui avoir demandé de cacher son identité
Dans un entretien à Mediapart, l'avocat franco-libanais qui a offert les costumes à François Fillon s'explique.
Opération transparence pour Robert Bourgi. Dans un entretien publié vendredi 14 avril sur Mediapart, l'avocat franco-libanais, retiré à Beyrouth en raison de la "charge médiatique très forte" en France, revient sur les costumes de luxe qu'il a offerts à François Fillon. L'auteur de ces cadeaux y indique que le candidat et son entourage auraient fait pression pour qu'il ne révèle pas son identité. Des déclarations qu'il a aussi confirmées à franceinfo.
"Pendant six jours, du samedi ayant précédé les révélations du Journal du dimanche au vendredi suivant, François Fillon et sa très grande papesse de la communication, Anne Méaux, ont souhaité que je ne dise rien concernant l’identité de la personne qui a offert les costumes : moi", rapporte ainsi Robert Bourgi au site d'investigation, à propos de la révélation de l'affaire, le 12 mars. L'avocat affirme que François Fillon et Anne Méaux l'ont même appelé la veille de la parution du JDD "pour que je ne dise pas que c'était moi".
Je leur ai demandé pourquoi. Ils m’ont dit : 'Tu sais, c’est la Françafrique, on va penser que...' (...) J’ai été contraint pendant une semaine de mentir. Finalement, lorsque 'Le Monde' a sorti mon nom, j’ai confirmé. Je n’ai pas accepté d’avoir dû cacher mon identité pendant une semaine.
Robert Bourgiau site Mediapart
"Un cadeau pour une victoire électorale inespérée"
L'identité du mécène, proche de plusieurs dirigeants africains, avait été révélée le 17 mars par le quotidien, poussant Robert Bourgi à sortir du silence. Face à la controverse, François Fillon avait finalement annoncé, le 23 mars, sur France 2, avoir rendu les costumes à son ami, concédant "une erreur de jugement". Désormais, "ils sont entre les mains de la police à Nanterre", précise l'avocat à Mediapart.
L'avocat revient également sur les raisons qui l'ont poussé à offrir les deux costumes à François Fillon, "un ami de très longue date". "C'était un cadeau pour une victoire électorale inespérée. Il ne le savait pas", assure-t-il à propos de l'ancien Premier ministre.
Bourgi votera quand même pour Fillon
A moins de dix jours du premier tour de la présidentielle, Robert Bourgi maintient que, malgré tout, il votera pour François Fillon, membre de sa "tribu". Même si l'avocat souligne que, dans un pays anglo-saxon, un candidat mis en examen n'aurait pas pu rester.
Selon l'avocat, les électeurs de Nicolas Sarkozy pourraient en outre faire payer à François Fillon ses attaques contre l'ancien chef de l'Etat durant la campagne de la primaire. En août 2016, l'ex-Premier ministre avait eu cette phrase assassine : "Qui imagine un seul instant le général de Gaulle mis en examen ?". "Aujourd’hui, l’électorat de Nicolas Sarkozy, qui est puissant et solide, pourrait avoir de la mémoire pour ces paroles", estime-t-il.
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