Cet article date de plus de sept ans.

Affaire Fillon : ces élus de droite qui ont lâché leur candidat

Si François Fillon tient bon et assure qu'il sera "candidat jusqu'au bout", en coulisses, de plus en plus de personnalités politiques de droite exigent son retrait.

Article rédigé par franceinfo
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
François Fillon, le 25 janvier 2017, lors d'une visite à Bordeaux (Gironde). (GEORGES GOBET / AFP)

Il y a ceux qui font bloc derrière le candidat. Et ceux qui l'abandonnent petit à petit. Depuis que François Fillon est soupçonné d'avoir offert pendant plusieurs années un emploi fictif d'attachée parlementaire à son épouse Penelope, certains élus de droite ont publiquement affiché leur ras-le-bol. Franceinfo fait le tour de ceux qui ont déjà tourné le dos à celui qui est encore leur candidat pour l'élection présidentielle.

Ceux qui l'attaquent frontalement

C'est lui le premier à avoir dégainé. Mercredi 1er février, Georges Fenech a officiellement lâché François Fillon sur franceinfo. Le député du Rhône a estimé que sa candidature était désormais "très compromise", et que le résultat de la primaire était "caduc face à cet événement imprévisible, qui se situe, non seulement sur le registre judiciaire mais également sur un registre éthique et moral". Rebelote quelques heures plus tard, sur BFMTV, lorsqu'il compare la situation actuelle à "l'orchestre du Titanic" : "Nous sommes en train de couler." L'élu des Républicains, proche de Nicolas Sarkozy, a donc décidé d'envoyer à tous les parlementaires de son parti une pétition pour changer de candidat. 

Cet e-mail, Alain Houpert l'a évidemment reçu, en tant que sénateur de Côte-d'Or. Cet élu, pas habitué des plateaux télé, n'a pas caché sa lassitude, jeudi 2 février sur LCI : "Je pouvais rester dans les salons du Sénat, murmurer. Mais j'écoute, j'entends mes administrés. Je suis déçu." Pour lui, les choses sont claires, "les conditions de l'alternance ne sont plus respectées" et François Fillon se bat "dans un marigot médiatique qui est celui des extrêmes". D'un "François, arrête", il demande à ce dernier de stopper sa campagne.

Ce qui lui arrive est terrible. C'est un gâchis. Il est en passe de devenir le quatrième homme de la présidentielle. Il faut s'arrêter, écouter, sortir de l'émotion pour aller dans la raison.

Alain Houpert

sur LCI

Ça tombe bien, c'est exactement ce que demande sur Twitter le député du Nord Sébastien Huyghe :

Pour Sébastien Huyghe, contacté par franceinfo, c'est cette instance, qui compte une centaine de dirigeants du parti, qui doit prendre une décision : "soit il décide de soutenir mordicus François Fillon, soit il constate que François Fillon n'est pas en mesure de remporter la présidentielle". Si cette deuxième option était choisie, "le bureau politique pourrait par exemple désigner un candidat et soumettre sa désignation au vote du conseil national [une instance plus large d'environ 2 000 militants]", imagine-t-il.

Renaud Muselier aussi ne fait que constater les dégâts. Sur France Bleu Provence, jeudi 2 février, l'eurodéputé des Républicains a rappelé que la droite "n’arrive pas à sortir de cette affaire". Surtout, "d’une élection imperdable, on se retrouve dans une situation où on est en grande difficulté. Notre famille politique se doit de se poser la question de savoir s’il continue, et si on peut repasser aux choses sérieuses qui concernent l’avenir de notre pays".

Ceux qui ont déjà un plan B

Quitte à demander le retrait de François Fillon, autant avoir déjà une idée de son successeur. Ils sont quelques-uns à sauter sur l'occasion pour (re)placer leur chouchou. Philippe Gosselin a ainsi lancé un appel très clair à Alain Juppé, mercredi 1er février, sur franceinfo. "Si Fillon ne pouvait pas y aller, j'appelle solennellement Alain Juppé à se poser la question d'y aller", a réagi le député Les Républicains de la Manche, proche du maire de Bordeaux. Il plaide pour que sa famille politique "reprenne son destin en mains" et réclame "la convocation d'un Conseil national extraordinaire des Républicains".

Une pièce sur un retour d'Alain Juppé ? Luc Ferry n'est pas contre. Le maire de Bordeaux, finaliste malheureux de la primaire de la droite, serait le seul à bénéficier de la "légitimité démocratique", estime le philosophe. L'ancien ministre de l'Education ne voit pas comment François Fillon peut encore s'en sortir. "Sa campagne est complètement plombée. Il n’est plus audible sur les questions de fond", a encore déclaré Luc Ferry sur LCI.

Cet appel du pied à Alain Juppé va bien au-delà du parti Les Républicains. Au centre aussi, ils sont quelques-uns à le supplier de revenir. Amor Louhichi, secrétaire nationale de l'UDI, menace carrément de démissionner de ses fonctions la semaine prochaine si son parti décide de soutenir François Fillon. Et pour être certain que son message est bien passé, l'élu de l'Eure a publié une photo de lui sur Twitter. On le voit faire un bras d'honneur... à François Fillon.

Ceux qui ont peur pour le terrain

C'est le fameux "j'écoute mes administrés". Plusieurs élus de droite ne cachent pas que l'affaire Fillon commence à avoir des conséquences sur le terrain. Parmi eux, le député-maire de Reims, Arnaud Robinet. Sur Twitter, il a adressé un message aux cadres des Républicains qui préféreraient que tout le monde fasse bloc derrière François Fillon.

A Châteaulin, dans le Finistère, c'est sur sa page Facebook que la maire Gaëlle Nicolas a choisi de vider son sac. "Chaque jour apporte son lot de révélations sur les sommes astronomiques qui ont ainsi été perçues. L'effet est désastreux et ôte tout crédit au projet politique porté par François Fillon", écrit l'élue des Républicains, qui évoque des faits "bruts, crus, choquants pour de très nombreux Français qui travaillent, sont confrontés à une baisse de leur pouvoir d'achat, connaissent le chômage, savent combien leur coûtent les études de leurs enfants..." Et de conclure : "François Fillon doit se retirer et la droite désigner un nouveau candidat dans les plus brefs délais."

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.