Primaire de la droite : François Fillon remporte largement le second tour, et représentera son camp à l'élection présidentielle de 2017
L'ancien Premier ministre a battu Alain Juppé, dimanche, lors du second tour avec 68% des voix, selon des résultats partiels communiqués après 21 heures.
Contre vents et sondages, il promettait de "casser la baraque". François Fillon a bel et bien réussi son pari : dimanche 27 novembre, il est sorti grand vainqueur de la primaire de la droite, au nez et à la barbe de son principal concurrent, Alain Juppé, une semaine après avoir éliminé Nicolas Sarkozy au premier tour.
L'ancien Premier ministre a remporté le second tour de la primaire avec une très large avance, recueillant près de 68% des suffrages face à Alain Juppé, selon des résultats partiels communiqués à 21 heures. "Je lui souhaite bonne chance", a aussitôt réagi Alain Juppé, reconnaissant sa défaite sans attendre les résultats définitifs.
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"Moi, je ne tremblerai pas"
Cette victoire inattendue, François Fillon a mis près de cinq ans à la préparer. Longtemps seul, mais toujours avec ténacité. Après la défaite de Nicolas Sarkozy, le 6 mai 2012, le Premier ministre doit quitter Matignon. Il décroche d'abord un siège à l'Assemblée nationale en se faisant élire dans la deuxième circonscription de Paris. Puis décide de se lancer dans la course à la présidence de l'UMP. Une campagne qui se termine en guerre fratricide avec Jean-François Copé. Le maire de Meaux (Seine-et-Marne), malgré les accusations de tricheries, devient finalement patron du mouvement.
L'ancien pensionnaire de Matignon voit alors plus grand. Dès mai 2013, en marge d'un voyage au Japon, celui que les critiques surnommaient "Mister Nobody" l'affirme : il sera "quoi qu'il arrive" candidat à la primaire de la droite pour 2017. En avril 2015, François Fillon confirme ses ambitions au Point : "Moi, je ne tremblerai pas..." A cette occasion, il dévoile une partie de son programme, placé sous le signe de la "rupture" et résolument libéral.
Mais malgré une intense campagne de terrain, et quelques piques adressées à ses adversaires, la candidature de François Fillon n'imprime pas, du moins dans les sondages. Le député de Paris, qui plafonne autour des 10%, est au coude-à-coude avec Bruno Le Maire. Le 1er novembre, il attaque la dernière ligne droite avec seulement 12% des intentions de vote dans un sondage de l'institut Ifop. Un score si faible que la presse se demande si François Fillon n'est pas déjà fichu.
La remontée fantastique
Mais François Fillon ne se laisse pas impressionner et continue de "tracer son sillon", comme il aime le répéter. L'ancien Premier ministre réussit ses prestations lors des trois débats télévisés de la primaire. Dans la dernière et ultime confrontation, une enquête Elabe pour BFMTV juge qu'il a été le plus convaincant. Et ça paye. Les sondages frémissent, puis décollent franchement.
De 12% le 1er novembre, les intentions de vote passent à 25% le 15 novembre. Et à deux jours du premier tour, une enquête Ipsos le crédite même de 30% des voix, devant Alain Juppé et Nicolas Sarkozy. Les cartes sont rebattues. Tout peut désormais arriver.
François Fillon se sent pousser des ailes. Dans un entretien publié dans le Journal du dimanche, il prédit qu'il "sera au second tour" : "Jusque-là, dès que j'arrivais quelque part en province, un journaliste me tendait son micro avec compassion : 'Vous y croyez encore ?' Aujourd'hui, on me demande jusqu'où ma campagne peut aller."
Le dimanche 20 novembre, dans les rédactions, on s'échange, à 18 heures, des sondages confidentiels réalisés à la sortie des urnes. François Fillon arriverait largement en tête, Nicolas Sarkozy serait éliminé. Il est un peu plus de 20 heures lorsque les résultats des bureaux de vote tombent progressivement. La rumeur n'en est plus une. François Fillon, à la surprise générale, surclasse littéralement ses concurrents, en obtenant 44,1% des suffrages, loin devant Alain Juppé et ses 28,6%. A 20,7%, Nicolas Sarkozy est contraint de se retirer.
Un entre-deux-tours sans merci
François Fillon est désormais l'homme fort. Il le sait : la primaire ne peut lui échapper. Son score, déjà très important, sera gonflé par les voix sarkozystes : dès le soir du premier tour, l'ancien président a annoncé son soutien à celui qu'il qualifiait jadis de "collaborateur". Alain Juppé, qu'une rumeur insistante disait sur le point de jeter l'éponge, a choisi de "continuer le combat". Ce sera un combat sans merci.
Le maire de Bordeaux attaque son adversaire tous azimuts, dans l'espoir de le déstabiliser. Alain Juppé dénonce d'abord "la brutalité" du programme de François Fillon, puis accuse le député de Paris de "cultiver la nostalgie du passé". Surtout, Alain Juppé décide de l'attaquer, le mardi 22 novembre, sur la question de l'IVG. Il lui demande de clarifier sa position sur l'avortement, l'ancien Premier ministre ayant confié être "philosophiquement" opposé à l'acte. Alors que le maire de Bordeaux multiplie les piques à l'égard de son concurrent, 215 parlementaires de la droite et du centre dénoncent, dans une tribune publiée le jeudi dans Le Figaro, ces attaques. "En se glissant dans les habits sémantiques de la gauche, ceux qui caricaturent François Fillon ne prennent pas seulement le risque de se renier aux yeux des Français, ils aggravent le malheur de la France", écrivent-ils.
L'ultime bataille est livrée sur le plateau de France 2, le soir même, pour le dernier face-à-face télévisé. Une joute plutôt cordiale, en dépit de brefs moments de tension. Résultat : selon une large majorité de Français, c'est François Fillon qui remporte le duel. D'après un sondage Elabe pour BFMTV, l'ancien Premier ministre a ainsi convaincu 71% des électeurs de la droite et du centre contre 28% pour Alain Juppé.
Le maire de Bordeaux l'a bien compris : le rapport de force n'évoluera plus. Trois jours plus tard, François Fillon est déclaré vainqueur du second tour, avec près de 70% des voix. "Mister Nobody" est désormais en route vers l'Elysée.
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