Affaire Penelope Fillon : "La question d'une interdiction" de l'embauche familiale d'attachés parlementaires "se pose"
L'épouse de François Fillon, aurait été rémunérée pendant huit ans comme attachée parlementaire de son mari ou du suppléant de celui-ci, selon "Le Canard enchaîné". Pour Mathilde Mathieu, journaliste de Médiapart, cela pose la question de "l'interdiction" de cette pratique familiale.
François Fillon est dans la tourmente après les révélations mercredi 25 janvier du Canard enchaîné sur l'emploi de son épouse comme attachée parlementaire. L'hebdomadaire satirique dit n'avoir guère trouvé trace de ses activités. Alors que le Parlement européen a interdit depuis 2009 l'embauche familiale, cette pratique est très répandue en France à l'Assemblée nationale et au Sénat.
Pour, Mathilde Mathieu, journaliste de Médiapart qui a enquêté sur les attachés parlementaires en 2014, cette affaire pose la question d'une "interdiction" de cette pratique familiale "au nom d'un principe de précaution".
franceinfo : Pourquoi une enquête a-t-elle été ouverte aussi rapidement ?
Mathilde Mathieu : Parce que l'enquête du Canard enchaîné est accablante et parce qu'il s'agit d'un candidat à l'élection présidentielle, la justice pouvait difficilement rester les bras croisés.
Comment les députés prouvent-ils réellement l'embauche d'un proche ?
Cela m'est arrivé plusieurs fois de demander à des députés et des sénateurs qui employaient leur épouse dans des conditions pour le moins ambiguë de prouver la réalité du travail qu'elles effectuaient. J'ai demandé des emails, des rapports, des notes. Quand il y a un doute, les réponses sont souvent : "Ce sont des conseils le soir, le week-end, c'est très informel, elle m'a aidé à préparer une émission de télévision, je n'ai pas de traces à vous fournir". Dans le cas de Penelope Fillon, on va voir ce que le candidat à l'élection présidentielle peut amener sur la table pour prouver la réalité d'un emploi qui a duré de nombreuses années.
Ces pratiques sont-elles courantes ?
Il y a beaucoup d'épouses et d'enfants qui travaillent réellement, il y a aussi des cas qui sont limites où il y a très peu de compétences. Je me souviens d'un député qui m'a répondu, "mais mon fils a eu la mention au baccalauréat" comme si c'était un sésame pour assurer un travail d'assistant parlementaire. L'institution n'a jamais mis en place aucun contrôle sur la réalité du travail effectué par les assistants parlementaires donc se pose aujourd'hui la question d'une interdiction au nom d'un principe de précaution. (...) Un principe de précaution qui s'impose au vue des abus répétés fréquents que la presse dénonce. En 2014, il y avait 115 députés qui employaient un proche, aujourd'hui on est à 98. Il y a une très légère baisse mais on est toujours autour de 20% de l'hémicycle. C'est énorme. C'est une proportion qui pose question. Il y a une forme de clientélisme presque familiale. Il est temps de faire quelque chose.
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