Au meeting d'Emmanuel Macron : "Et finalement, il y va ou pas ?"
Emmanuel Macron a prononcé un discours présidentiel lors du premier meeting de son mouvement En Marche !, organisé dans la salle de la Mutualité à Paris.
Un meeting très attendu, qui soulève de nombreuses interrogations. Emmanuel Macron, qui tenait mardi 12 juillet le rassemblement de son mouvement En marche !, a présenté un discours à l’allure présidentielle à la Mutualité à Paris, devant un parterre de soutiens, de curieux et de journalistes. Mais pour autant, l’ancien banquier se refuse à lever complètement toute ambiguïté. Le ministre de l'Economie n’a pas annoncé sa démission du gouvernement, ni officiellement sa candidature pour 2017. Il y va ? Il n'y va pas ? Impossible d'avoir une quelconque certitude, au risque de décevoir les "marcheurs" et les curieux présents lors du meeting.
La question risque d’agiter les commentateurs politiques pendant encore un certain temps. Entre un discours quasi-présidentiel, et son refus de quitter le gouvernement, ce dernier frôle en permanence la ligne rouge. Afin de se faire virer de Bercy, pour ne pas avoir à démissionner ?
"Macron président"
Après une heure et vingt minutes de discours, Emmanuel Macron termine sur cette phrase: "Ce mouvement, parce que c'est le mouvement de l'espoir et que notre pays en a besoin, nous le porterons ensemble jusqu'en 2017 et jusqu'à la victoire." Dans la salle de la Mutualité, le monde se lève. C’est l’euphorie parmi les "marcheurs", qui ont rempli à ras bord la salle de 2000 places et qui étaient encore 1500 dans une salle annexe à suivre le discours sur écran géant. Des "Macron président, Macron président" résonnent. L'intéressé quitte la scène, sous un tonnerre d'applaudissements et les journalistes se précipitent sur lui. Pour savoir ce qu'il a vraiment voulu dire...
Car Emmanuel Macron s'est complu pendant tout son discours dans une certaine ambigüité. Il évoque un pays "usé des promesses non tenues" et fatigué "de l'entre chien et loup". Des propos qui égratignent la classe politique française. Et en filigrane, le pouvoir exécutif: "Ce monde est ancien, il est fatigué, il est usé, il faut en changer." La foule frémit et guette l’annonce présidentielle, mais rien ne vient.
Un discours présidentiel
Tout au long de son intervention, si Emmanuel Macron fait monter la pression et laisse planer le doute sur ses intentions, son discours est particulièrement "calibré présidentiel". L'ancien banquier s'empare des questions régaliennes, en abordant des sujets variés, de l’international à l'environnement, en passant par le terrorisme et l’identité française. Des positions bien éloignées de son rôle de ministre de l’Economie.
Emmanuel #Macron: "l'histoire était tragique, elle est redevenue tragique (...) la guerre est revenue en Europe"
— Juliette Duclos (@Julietteduclos) 12 juillet 2016
Emmanuel #Macron: "Dans notre pays, des jeunes qui ont grandi chez nous, ont décidé pour des causes folles de tuer"
— Juliette Duclos (@Julietteduclos) 12 juillet 2016
Le résident de Bercy en profite même pour chasser sur les plates-bandes des autres. Emmanuel Macron évoque ainsi longuement la laïcité, et notamment la question du port du voile à l'université, que le Premier ministre, Manuel Valls souhaite interdire. "Je ne crois pas qu'il faille inventer de nouveaux textes (...) pour aller chasser le voile à l'université, pour aller traquer ceux qui lors des sorties scolaires peuvent avoir des signes religieux."
#Macron: "Au milieu de cette identité française, il y a des athées, des juifs, des musulmans et tous de nationalité française !"
— Juliette Duclos (@Julietteduclos) 12 juillet 2016
Acclamation de la salle de la Mutualité, la foule se lève. On se dit que ça y est, c'est le moment, qu’il va l’annoncer, qu’il se présente officiellement à l'élection présidentielle. Mais non. Et le ministre repart sur "l’aventure européenne".
Entre des propos digne d'un programme politique et le refus d'Emmanuel Macron de se prononcer ouvertement, le doute reste omniprésent parmi les journalistes. "Attendez, vous avez compris la même chose que moi, il se présente non ?" Emmanuel Macron a annoncé une victoire en 2017. Mais la victoire de qui ? Mystère. Jusqu’au bout, ce dernier refuse d’annoncer clairement la couleur. Bref, le ministre continue de frôler les limites, mais se garde encore bien de les franchir.
"Il n'a pas rompu avec l'ambiguité"
A la sortie, une fois les applaudissements épuisés, les réactions sont disparates. Parmi les "marcheurs", il y a les convaincus, à l'image de Simon et Quentin. Les deux étudiants en sont désormais persuadés, leur leader va se présenter.
Pour Quentin et Simon, "marcheurs venus du Sud", "on s'attendait à une annonce choc, on a été servi ce soir !" 1/2 pic.twitter.com/fvFRrVnHtw
— Juliette Duclos (@Julietteduclos) 12 juillet 2016
"Le message est clair là, même si Hollande y va, Emmanuel #Macron sera candidat" 2/2
— Juliette Duclos (@Julietteduclos) 12 juillet 2016
Et certains "curieux", comme ils se définissent, sont définitivement séduits par le discours du ministre.
Brève de meeting : "cet homme c'est le Petit Prince, si j'avais été une femme, je serais tombé sous le charme" #Macron
— Juliette Duclos (@Julietteduclos) 12 juillet 2016
Mais parmi la foule, nombreux sont ceux à rester dans l'expectative et se montrent déçus de la prestation du ministre de l'économie. Parmi les "marcheurs" - dont le nombre est évalué à 50 000 selon le Mouvement En marche! - une décision était attendue de la part d'Emmanuel Macron, et l'ambiguïté, qui plane encore, fatigue. Pour ces derniers, le ministre aurait dû sortir de son double jeu et annoncer sa sortie du gouvernement.
Pour Bobby, venu avec sa fille "j'attendais des choses plus concrètes, là il n'a pas encore rompu avec l'ambiguité" pic.twitter.com/eDbidE8CU7
— Juliette Duclos (@Julietteduclos) 12 juillet 2016
Dehors, alors que les derniers participants quittent la salle de la Mutualité sous la pluie, les quelques fumeurs qui restent continuent de se poser la même question. Et finalement, il y va ou pas, Emmanuel Macron ?
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.