Impopularité de Hollande : Valls appelle la majorité à tenir bon
"Il faut tenir. Les Français ont élu le président de la République pour cinq ans. C'est lui qui a la légitimité du peuple", explique le Premier ministre.
Les ténors du Parti socialiste appellent les membres de la majorité à serrer les rangs pour défendre François Hollande, qui écarte l'hypothèse d'une démission face à défiance qui s'élève dans l'opinion à mi-quinquennat. Après une semaine dévastatrice pour le chef de l'Etat, marquée par le livre vengeur de son ex-compagne Valérie Trierweiler le présentant comme un homme de gauche n'aimant pas les pauvres, un nouveau sondage vient noircir le tableau.
Selon une enquête de l'Ifop pour le Journal du dimanche (JDD), 85% des Français ne souhaitent pas qu'il postule à un second mandat et, surtout, l'idée d'une dissolution progresse, passant en moins de trois mois de 17% à 23%. François Hollande, qui traverse une impopularité record, a rejeté vendredi toute idée de démission avancée par certains élus UMP ou d'extrême droite, alors que le Front national semble progresser sondage après sondage.
"Il n'y a pas de sondage, aussi difficile soit-il (...) qui puisse interrompre le mandat que donne le peuple au président de la République", a dit le chef de l'Etat lors d'une conférence de presse. "J'agis et j'agirai jusqu'au bout". Des politologues considèrent que la marge de manœuvre de François Hollande, qui peut, outre démissionner, dissoudre l'Assemblée nationale ou convoquer un référendum qui le relégitimerait, est faible.
"Il faut tenir"
Mais le Premier ministre Manuel Valls, qui semble entraîné dans la chute du président seulement cinq mois après son arrivée à Matignon, appelle les socialistes à "tenir". "Il faut tenir. Les Français ont élu le président de la République pour cinq ans. C'est lui qui a la légitimité du peuple. J'en appelle à la responsabilité de la gauche et du PS, sinon nous serons balayés. Nous devons aller jusqu'au bout et convaincre les Français. Cela passe par le vote de la confiance, le 16 septembre. Cela passe aussi par une reconquête du cœur et des esprits de nos concitoyens par le Président qui prendra du temps", dit-il au JDD. "Je ne crois pas que les Français souhaitent une crise institutionnelle qui se grefferait à la crise économique, sociale, qui dure depuis des années."
Julien Dray, vice-président PS du conseil régional d'Ile-de-France et proche du chef de l'Etat, dénonce dimanche "la démocratie d'opinion" et les "orages médiatiques qui finissent par créer l'événement". "Je ne veux pas que s'établisse une sorte d'ébullition qui donnerait le sentiment que le pays est au bord du gouffre. Le pays n'est pas au bord du gouffre", a-t-il dit au Grand Rendez-Vous sur Europe 1, i>télé et Le Monde. "La gauche a besoin de se ressaisir", a-t-il ajouté en reprochant aux contestataires de gauche réclamant un changement de cap de jouer les "apprentis sorciers".
Des institutions "dépassées"
La maire de Lille, Martine Aubry, a fait entendre sa différence en annonçant qu'elle allait faire des propositions par écrit cette semaine au gouvernement pour obtenir une inflexion de la politique économique. "Je pense qu'il y a des inflexions à faire dans la politique économique", a-t-elle dit sur Europe 1. "Je parlerai dans quelques temps, les propositions je les ferai par écrit, pas dans les petites phrases". Pour Claude Bartolone, le président PS de l'Assembléee nationale, qui écarte toute idée de dissolution, la crise actuelle montre que les institutions sont "dépassées". "L'idée de confier, tous les cinq ans, notre destin à un sauveur suprême est finie", dit-il au JDD.
Jean-Christophe Cambadélis, le premier secrétaire du PS, prône lui aussi une réforme institutionnelle, appelant la gauche à la raison alors que Manuel Valls doit demander la confiance pour son second gouvernement le 16 septembre.
Le secrétaire national du PCF Pierre Laurent et l'ex-dirigeant du Parti de gauche Jean-Luc Mélenchon ont appelé samedi les parlementaires à voter contre la confiance. En dépit de la fronde d'une partie de l'aile gauche du PS, le Premier ministre a cependant dit ne pas douter d'obtenir la majorité requise.
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