Pourquoi l'embellie pourrait ne pas durer pour François Hollande
Le président de la République enregistre un bond historique de 21 points de popularité grâce à sa gestion des attentats, selon un sondage publié lundi. Mais la vie politique devrait vite reprendre ses droits.
Pour les observateurs, c'est un sans-faute ou presque. François Hollande s'est, semble-t-il, montré à la hauteur face aux d'attentats qui ont frappé la France. De l'attaque contre la rédaction de Charlie Hebdo à l'hommage rendu aux policiers tués, le président de la République a su gérer les événements, à en croire les résultats de plusieurs sondages.
Il enregistre ainsi un bond historique de 21 points de popularité. Après des mois de critiques, 40% des Français se déclarent, en effet, satisfaits de l'action de François Hollande, dans le dernier baromètre Ifop pour Paris Match et Sud Radio publié lundi. Francetv info vous explique pourquoi cette embellie pourrait n'être qu'éphémère.
Parce que l'unité nationale commence à se fissurer
Le chef de l'Etat profite actuellement d'un climat d'unité nationale, les attentats ayant soudé, dans une certaine mesure, la classe politique. En témoigne La Marseillaise, entonnée à l'unisson à l'Assemblée avant un discours de Manuel Valls, applaudi à gauche comme à droite. Combien de temps les indicateurs resteront-ils au vert pour le président de la République ? Tout "dépendra de la vitesse à laquelle la vie politique reprendra ses droits", estime, dans Le Figaro, Jérôme Fourquet, directeur du département opinion de l'Ifop.
Certains commencent déjà à faire entendre leur propre partition. "Le soutien à l'unité nationale ne veut pas dire chèque en blanc pour la majorité actuelle", a expliqué dimanche sur France 3 l'ancien ministre UMP Bruno Le Maire. Des ténors du parti font valoir leurs propositions, comme le député Xavier Bertrand, qui réclame, par exemple, le retour d'un "service national" de trois mois. A gauche aussi, la politique reprend ses droits. Prenant exemple sur le parti grec Syriza, Jean-Luc Mélenchon réitère sa ligne politique : "Aucun compromis avec le Parti socialiste", explique-t-il au Parisien, comme l'a repéré Le Lab.
Parce que les échéances électorales approchent
Les urnes n'attendent pas. Dans moins d'une semaine, une législative partielle doit se tenir dans le Doubs pour remplacer l'ancien ministre de l'Economie, Pierre Moscovici, devenu commissaire européen aux Affaires économiques. L'occasion pour le combat politicien de reprendre, comme l'évoque le JDD, cité par Le Lab : en plus de Marine Le Pen, qui fera le déplacement pour encourager sa candidate, les anciens ministres Laurent Wauquiez et Xavier Bertrand doivent venir soutenir le prétendant UMP, tandis que le Premier ministre Manuel Valls doit tenir un meeting pour le candidat socialiste.
La parenthèse de l'unité nationale devrait également se clore à l'occasion des élections départementales et régionales de 2015. Les électeurs sont appelés à désigner leurs conseillers généraux en mars et leurs conseillers régionaux en décembre.
Parce que la situation économique reste morose
"La réalité politique, fiscale, sociale, économique reste la même", tempère auprès de Reuters un conseiller de François Hollande. Avant les attentats, le président avait d'ailleurs de nouveau fait de l'emploi l'objectif de son quinquennat. "Il y a une responsabilité, celle que j'assume, avait déclaré le chef de l'Etat sur France Inter, confronté à des témoignages de chômeurs. Je ferai, dans ce quinquennat, tout ce que je pourrai", pour atteindre le but fixé, à savoir une inversion de la courbe du chômage.
Mais une telle embellie économique semble utopique en 2015 : l'Unédic voit déjà rouge pour l'année. Evoquant une "reprise plus tardive que prévu", l'organisme gestionnaire du régime d'assurance-chômage prévoit 104 000 chômeurs sans activité supplémentaires en métropole en 2015, après un afflux de 182 000 personnes déjà en 2014.
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