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Vidéo Présidentielle : Emmanuel Macron est un "choix par défaut" et Jean-Luc Mélenchon "un fardeau pour la gauche", selon François Hollande

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Article rédigé par franceinfo
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L'ancien président socialiste appelle les personnalités de gauche qui se projettent en 2027 à se mobiliser déjà pour 2022.

"On dit de chaque élection qu’elle est vitale, mais cette fois-ci, c’est encore plus juste et plus vrai", a estimé mercredi 20 octobre sur France Inter François Hollande, appelant la France à faire "des choix courageux, audacieux" et à "favoriser une candidature sérieuse" pour la présidentielle de 2022. Selon l'ancien président de la République, "la France va affronter une grande mutation écologique, industrielle, éducative et sociale dans les prochaines années" et va devoir "l’affronter dans un désordre politique" inédit.

"Il n'y a pas d'alternative sérieuse aujourd'hui et il y a donc, forcément, une espèce de choix par défaut", poursuit François Hollande, concernant le poids d'Emmanuel Macron dans les sondages d'intention de vote. Selon lui, Emmanuel Macron n'a "pas de doctrine". "Il avance, il est pragmatique, intelligent" mais "il change au gré des événements". Ce n’est pas "en même temps", c’est "l’air du temps", juge François Hollande, estimant que le pays a besoin d’avoir "un sens, une vision et un projet global" là où Emmanuel Macron "distribue l'argent de tous en fonction des intérêts catégoriels".

François Hollande rappelle qu'Emmanuel Macron, contrairement à ses prédécesseurs, n’avait aucune expérience d’élu au moment de son élection. "Ce qu’il représentait était une technostructure qui pensait qu’elle pouvait faire mieux que les politiques. Il se trouve que le gouvernement qu’il a constitué représente aussi cette technostructure. Elle a beaucoup de qualités, mais elle a un grand défaut, elle est coupée de la société." En résumé : "On est dans une situation où le haut s'est beaucoup éloigné du bas."

Comme dans son nouveau livre Affronter, l'ancien chef de l'État dresse un portrait acerbe de son successeur mais affirme n'avoir ni "rancune, ni aucune rancœur". "Le passé est le passé, j'essaie de ne pas y revenir, j'essaie seulement de savoir ce qu'il se passe dans notre pays", poursuit-il tout en affirmant "laisser le Karcher à d'autres" et ne pas faire du vitriol "sa substance de communication".

La personnalité de Jean-Luc Mélenchon "interdit" tout programme commun

Pour François Hollande, la crise sanitaire a renforcé Emmanuel Macron, même s'il reconnaît qu'il y a "certainement une part d’adhésion" de certains Français. "Mais ça, ce n’est pas sa responsabilité, c’est celle de l’ensemble de la vie politique : effondrement des partis politiques, montée du populisme, et enfin, la dislocation de la gauche, avec pas moins de cinq candidats qui se réclament de la gauche."

Parmi eux, Jean-Luc Mélenchon est "un fardeau pour la gauche", selon François Hollande. "Pour qu'il y ait une alternative, il faut qu'il y ait l'idée d'un programme commun, d'un gouvernement commun, Jean-Luc Mélenchon par ses positions et par sa personnalité l'interdit, estime l'ancien président. Comment vouloir travailler ensemble à gauche avec un Jean-Luc Mélenchon qui veut sortir de l'Union européenne, demander à la Banque centrale d'effacer nos dettes et sortir de l'Alliance atlantique alors que la Russie est une menace ?"

Pour François Hollande, pour que la gauche, "dans l'éclatement qu'on lui connaît", arrive au pouvoir, il ne faut pas "chercher une fusion entre les candidatures ou un éventuel programme commun impossible à établir", mais plutôt trouver "une personnalité social-démocrate ou socialiste pour être la force principale autour de laquelle l'union se fait au second tour". Et Anne Hidalgo "a vocation à jouer ce rôle", estime François Hollande, "pour faire ce qui a été vrai avec François Mitterrand, Lionel Jospin" et avec lui-même. François Hollande assure qu'il y aura dans les semaines qui viennent "l'affirmation d'un projet".

François Hollande reconnaît sa part de responsabilité tout en s'interrogeant sur la responsabilité de la gauche, dans son ensemble, depuis cinq ans : "La gauche a-t-elle travaillé ? Est-ce qu'elle a bâti un programme ?" L'ancien président socialiste a regretté que la gauche fasse comme si elle avait déjà perdu ces élections. "Il y a ceux qui sont déjà en 2027 et qui ne se présentent pas et d'autres, à gauche, qui disent que ce n'est pas grave, qu'ils vont enjamber la présidentielle pour préparer les élections législatives, remarque-t-il. Ce n'est rien comprendre à la mécanique même des scrutins, il n'est pas possible de gagner les élections législatives quand on a été morcelé à la présidentielle."

L'ancien président appelle "au sursaut". "Ce sont les électrices et les électeurs qui devront choisir l'une de ces candidatures et je pense que c'est la candidature social-démocrate qui doit être celle qui permet le succès et la victoire".

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