Comment Jean-Marie Le Pen a parasité le défilé du 1er-Mai du FN
Tout au long de la matinée, le président d'honneur du Front national a volé la vedette à sa fille, Marine Le Pen. Jusqu'à s'inviter sur scène pendant quelques secondes, au moment où elle devait débuter son discours.
Pendant une trentaine de secondes, Jean-Marie Le Pen a savouré son triomphe. Immanquable avec sa parka rouge et ses brins de muguet, le président d'honneur du Front national s'est invité à la tribune du traditionnel défilé du 1er-Mai de son parti, à Paris. Affaibli après un récent problème cardiaque, en bisbille avec sa fille, le patriarche n'a fait qu'une apparition éclair. Tout juste le temps de s'offrir, à 86 ans, une acclamation sur la place de l'Opéra, comme lorsqu'il dirigeait le parti. Et de voler la vedette à Marine Le Pen, obligée de patienter, le regard crispé, muette et en retrait, avant de débuter son discours.
"On doit tout à Jean-Marie Le Pen"
A elle seule, l'image symbolise la querelle familiale qui divise le Front national, tiraillé entre son fondateur et son actuelle présidente. L'avenir de Jean-Marie Le Pen est toujours suspendu à la décision d'un bureau exécutif extraordinaire, convoqué lundi pour décider d'éventuelles sanctions le concernant après ses propos controversés, dénoncés par Marine Le Pen.
Jean-Marie Le Pen sera-t-il exclu de son propre parti ? Impensable, à en croire la plupart des militants dans le cortège. "Il a perdu un peu de son talent, mais on ne peut pas effacer quarante ans de militantisme comme ça, estime Kelly, 19 ans, militante au Front national de la jeunesse. Il ne sera certainement bientôt plus là. Qu'il ne soit plus là parce qu'on l'exclut, ça ferait tout de même tache." "Ses propos malsains ne nous permettent pas d'être crédibles, concède Moïse, 68 ans. Mais on lui doit tout. Les gens y sont encore attachés et moi aussi."
"Mais il est où, Jean-Marie ?"
En tête du cortège, le "Menhir" a fait figure de grand absent : "Mais il est où, Jean-Marie ?" s'interroge une militante, visiblement déconcertée. Cette année, Marine Le Pen a préféré s'entourer des conseillers départementaux du parti, élus en mars. La présidente du Front national a ensuite déposé une gerbe de fleurs près de la statue de Jeanne d'Arc, mais là encore, sans son père.
Fidèle à ses habitudes, Jean-Marie Le Pen n'a pas manqué le rendez-vous. Un peu plus tard, lui aussi est allé rendre hommage à la pucelle d'Orléans. Sans sa fille, mais entouré de ses partisans, dont certains criaient "Jean-Marie, président !". Suivi par une nuée de journalistes, le président d'honneur du FN a ensuite regagné un hôtel voisin, son entourage ménageant le suspense autour de ses intentions pour le reste de la matinée. Il s'est finalement engouffré dans une voiture pour se rendre quelques instants place de l'Opéra et faire une apparition sur la tribune.
Sans prendre la peine d'assister au discours de Marine Le Pen, il est reparti aussi vite. Et a manqué l'action des Femen, seul événement venu perturber ce duel à distance entre le père et la fille.
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