Européennes : quatre choses à savoir sur Jordan Bardella, la jeune tête de liste choisie par Marine Le Pen
A seulement 23 ans, il pourrait devenir le deuxième plus jeune élu de l'histoire du Parlement européen.
"Il maîtrise le fond et la forme, ce qui le rend très performant, notamment sur les plateaux de télévision." Sur LCI, Jean Messiha, membre du bureau national du Rassemblement national (RN), ne tarit pas d'éloges à propos de Jordan Bardella, l'étoile montante du parti.
A seulement 23 ans, voilà ce conseiller régional d'Ile-de-France et porte-parole du RN propulsé tête de liste aux élections européennes. Sa candidature a été officialisée dimanche 13 janvier par Marine Le Pen, lors d'un meeting à Paris. Franceinfo vous en dit plus sur ce jeune ambitieux, boulimique des plateaux télé et fidèle d'entre les fidèles de Marine le Pen.
1Une ascension express au sein du FN
Militant de la première heure, Jordan Bardella a gravi les échelons du parti d'extrême droite à vitesse grand V. Le jeune homme prend sa carte au FN à 16 ans, "séduit" par le discours de Marine Le Pen, qui vient de prendre la tête du parti en 2011. Son bac ES en poche, il devient responsable de la fédération FN de Seine-Saint-Denis, son département d'origine, avant d'être élu conseiller régional d'Ile-de-France en 2015, à seulement 20 ans.
Après la présidentielle, en septembre 2017, ce passionné d'aïkido devient l'un des porte-parole du parti et intègre dans la foulée le bureau national. Etudiant en géographie à la Sorbonne, il met ses études entre parenthèses pour se consacrer à ses fonctions politiques. En mars 2018, il devient président de Génération nation, la branche jeunesse du FN. "Comme pour le Rassemblement national, il est important de donner un second souffle à notre organisation de jeunesse. Et Jordan Bardella est en train de le conduire", déclare alors un membre du bureau national au Point.
"Sa nomination [comme tête de liste RN aux européennes] est aussi une forme de promotion du mérite", affirme le député et porte-parole du parti, Sébastien Chenu, dans les colonnes du Journal du dimanche.
C'est quelqu'un qui a commencé à 16 ans en collant des affiches dans un coin pas facile.
Sébastien Chenuau "Journal du dimanche"
Seule ombre au tableau dans cette ascension linéaire : ses défaites aux élections départementales de 2015 (battu au second tour par le Front de gauche) et aux législatives de 2017. Dans la 12e circonscription de Seine-Saint-Denis, que Jordan Bardella jugeait pourtant "gagnable", le candidat LREM, Stéphane Testé, était arrivé largement devant son rival.
2Il a grandi en Seine-Saint-Denis dans un milieu modeste
Il le répète lui-même au fil des interviews : Jordan Bardella a grandi dans les quartiers populaires de Seine-Saint-Denis, en banlieue parisienne. Né à Drancy en 1995, il affirme à Libération : "Ma mère habite en HLM à Saint-Denis. Je représente l'origine modeste et la fibre sociale." Son ancrage local lui a valu de fonder en 2016 l'éphémère collectif Banlieues patriotes. "La France des oubliés se trouve aussi dans les banlieues", déclare-t-il alors dans L'Opinion.
Dans Le JDD, le maire de Fréjus, David Rachline, salue "un parfait exemple de (...) méritocratie". "Il faut aussi donner des signes d'espoir à notre jeunesse et montrer que dans des partis politiques pourtant bien installés comme le nôtre, on donne aussi la chance à des jeunes qui sont issus de milieux populaires", vante le député Louis Aliot sur BFMTV.
3Il est omniprésent dans les médias
En décembre 2018, le conseiller régional, très apprécié au sein du parti pour son éloquence, a réalisé pas moins de "28 passages télé", relève Libération, "sans compter les directs et autres sollicitations médiatiques". Le jeune porte-parole se montre très à l'aise dans l'exercice, où il distille les éléments de langage du RN avec assurance. "Il s'est imposé sur les plateaux", s'enthousiasme Philippe Olivier, conseiller de Marine Le Pen, dans Le Point.
Sa première télé, il la doit à Florian Philippot, ancien proche de Marine Le Pen parti du FN pour fonder Les Patriotes. Contrairement à beaucoup de membres du RN, Jordan Bardella n'a jamais critiqué son ancien mentor. Ce profil très lisse lui aurait attiré les faveurs de Marine Le Pen, à qui il reste très fidèle, pour les européennes. Elle accompagnera d'ailleurs sa tête de liste dans presque tous les meetings prévus – une trentaine au total – dans les prochaines semaines.
4Au RN, certains le jugent trop fragile pour le poste
La jeunesse de Jordan Bardella s'est révélée être un argument de taille pour sa désignation comme tête de liste. Il a été préféré à des caciques du parti pour donner un second souffle au RN. Il est ainsi passé devant Nicolas Bay et Louis Aliot, aussi parce qu'il n'est pas sous le coup de procédures judiciaires, souligne Le JDD. Ces derniers sont en effet mis en examen dans l'affaire des emplois présumés fictifs au Parlement européen.
Mais quelques voix s'élèvent au sein du RN pour dénoncer son manque d'expérience. "Pour ce genre d'élections, soit c'est un présidentiable qui y va, soit c'est un second couteau", raille dimanche un dirigeant du parti dans Le Parisien. Dans Le Point, un cadre du RN juge aussi qu'il "manque de densité pour mener une campagne européenne". Un autre membre du parti souligne sur LCI : "Pour les élections européennes, le programme est technique, il s'agit de maîtriser les rouages de l'Union européenne, son histoire. Je crains qu'il ait les os un peu fragiles."
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