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Attentat d'Arras, arrestation à Cannes, Benzema et les Frères musulmans... Gérald Darmanin communique-t-il trop et trop vite ?

La communication du ministre de l'Intérieur sur les réseaux sociaux ou dans les médias, ces derniers jours, est jugée par certains hâtive et anxiogène. Dernier exemple en date : le tweet de Gérald Darmanin sur Karim Benzema.
Article rédigé par Mathilde Lemaire
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin à la sortie du Conseil des ministres, le 13 septembre 2023 à l'Elysée (THOMAS PADILLA / MAXPPP)

Le footballeur Karim Benzema annonce, jeudi 19 octobre, porter plainte contre Gérald Darmanin pour fausses informations et injures publiques. Dans une publication sur X mercredi soir, le ministre de l'Intérieur l'a accusé d'être "en lien notoire avec le mouvement des Frères musulmans". "Faux, démarche purement opportuniste", répond le Ballon d'or 2022.

Avant cela, c'est une publication de Gérald Darmanin au sujet d'un événement à Cannes qui a beaucoup fait parler : mercredi soir peu avant 21h, le ministre écrit : "À Cannes, de courageux policiers de la BAC viennent d'interpeller un homme très dangereux porteur d'un couteau qui avait voulu s'en prendre à un individu, ils ont évité le pire". Le "pire" : on pense dans le contexte à une attaque terroriste avec des victimes. Mise au point, jeudi matin, du maire LR de Cannes David Lisnard : il dénonce un emballement médiatique et politique "grotesque", des "interprétations sensationnelles" après l'arrestation d'un homme ayant "menacé un commerçant avec un couteau."

Arras : le ministre démenti par le parquet antiterroriste

La semaine dernière, après l'arrestation de l'assassin présumé du professeur Dominique Bernard à Arras, Gérald Darmanin explique dans le journal de 20 heures de TF1 que "d'après ses renseignements, il y a un lien entre le passage à l'acte d'Arras et ce qui s'est passé au Proche-Orient". Éléments démentis finalement par le parquet national antiterroriste, mardi dernier au moment de la mise en examen de cet homme.

Ce même vendredi 13 octobre, c'est le président de la République qui, à Arras, avait parlé d'un autre attentat déjoué : une tentative d'attentat, expliquait Emmanuel Macron, avait eu lieu dans le même temps que les événements d'Arras, mais cette fois à Limay, dans les Yvelines. Dans les faits, l'homme interpellé à Limay a été condamné en comparution immédiate à six mois de prison pour port d'arme prohibé. Il avait été arrêté en possession d'un couteau non loin d'un lycée, une infraction de droit commun, aucunement des faits de terrorisme.

Cette communication parfois hâtive du président ou du ministre de l'Intérieur intérieur interpelle certains magistrats. Elle choque même Cécile Mamelin, la vice-présidente de l'Union syndicale de magistrats : "Ce n'est absolument pas le bon timing que de créer une sorte de psychose, de laisser entendre qu'on a déjoué des attentats alors qu'il s'avère en réalité qu'il s'agit de faits qui n'ont pas du tout la nature d'attentats. Cette communication tous azimuts nuit éventuellement à la qualité de l'enquête, parce qu'elle est susceptible de ne pas respecter la présomption d'innocence et surtout le secret de l'enquête." 

"Normalement, la communication judiciaire est réservée, de par la loi – c'est l'article 11 du Code de procédure pénale – au procureur de la République. Il est dommageable que le politique se précipite pour dévoiler des informations. C'est une dérive contre laquelle il convient de lutter."

Cécile Mamelin

à franceinfo

Interrogé, le ministère de l'Intérieur répond que les faits évoqués par Gérald Darmanin ne sont que des faits exacts. Au sujet de Cannes mercredi, le seul but aurait été de ramener le calme, avec des faits décrits strictement exacts, là aussi. En s’exprimant régulièrement, Gérald Darmanin répond "aux inquiétudes des Français et les rassure, dans le contexte actuel anxiogène, dit encore son entourage. C'est normal qu’il réponde à leurs questions."

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