Élu maire de Tourcoing, Gérald Darmanin va être autorisé à rester au gouvernement
Gérald Darmanin a été élu maire de Tourcoing (Nord) par le conseil municipal de la ville. L'actuel ministre de l'Action et des Comptes publics entend cumuler les deux fonctions.
Ministre et maire de sa commune. Gérald Darmanin, ministre de l'Action et des Comptes publics, a retrouvé samedi 23 mai le fauteuil de maire de Tourcoing, dans le Nord. Le conseil municipal, qui s'est tenu à huis clos mais qui était retransmis sur les réseaux sociaux l'a élu à ce poste qu'il avait occupé de 2014 à 2017.
Et Gérald Darmanin entend conserver ses deux postes, s'affranchissant d'une règle non écrite de la Vème République : pas question pour un membre du gouvernement d’exercer des responsabilités ministérielles tout en étant à la tête d’une mairie. Il y a un an, Edouard Philippe, le Premier ministre l’avait rappelé fermement à ses troupes lors d’un séminaire gouvernemental : "Lorsqu’on est ministre, on ne peut pas cumuler avec la tête d’un exécutif." C’est ce qui avait poussé Gérald Darmanin, en septembre 2017, à abandonner le poste de maire de Tourcoing quand Emmanuel Macron l’avait nommé à la tête du Budget.
"Tourcoing, c'est le diplôme de Gérald"
Mais aujourd’hui, plus question pour lui de lâcher la mairie, même si la crise sanitaire a éclipsé sa victoire, il a été réélu avec 60,9% des suffrages. "Face à tous les experts de la société civile et les énarques du gouvernement, Tourcoing, c’est le diplôme de Gérald", assure ce proche du ministre. Son fief aussi. Une ville populaire de plus de plus, de 100 000 habitants, qui lui permet de discuter de plain- pied avec Martine Aubry, la maire de Lille ou Xavier Bertrand, le président de la Région, dont il est proche.
Dès l’annonce de sa candidature aux municipales, Gérald Darmanin l’avait largement laissé entendre : si on le forçait à choisir entre ses responsabilités de maire et celle de ministre, il choisirait Tourcoing. Pendant le confinement, Gérald Darmanin a été discret. Surtout en regard du déploiement médiatique de Bruno Le Maire, l’autre occupant de Bercy. Mais sur sa page Facebook, il n’a cessé de s’adresser aux Tourquennois. "Il leur avait promis qu’il ne les laisserait pas tomber après l’élection", observe un élu local.
"L’exception Darmanin"
D’après nos informations, le président de la République et le Premier ministre ont donc autorisé Gérald Darmanin à cumuler ses responsabilités de ministre et de maire. Un pied à Bercy, l’autre à Tourcoing. Et une entorse à la bienséance politique qui veut que lorsque vous avez l’honneur d’être ministre, cela vous occupe 100% de votre temps. Ce feu vert obtenu au plus haut niveau sera rendu public dimanche. "C’est ce que l’on appelle l’exception Darmanin", observe un dirigeant de l’exécutif. "François Hollande avait aussi fait une exception pour Jean-Yves Le Drian, qui a cumulé la Défense et la Bretagne", remarque un fidèle politique de Darmanin. Une exception qui permet donc de mesurer l’influence du ministre du Budget.
La proximité politique entre Gérald Darmanin et Edouard Philippe est connue. Mais depuis 2017, il s’est aussi imposé auprès d'Emmanuel Macron, notamment au moment de la crise des "gilets jaunes". "L'atout populaire de Macron", résume un membre du gouvernement. Toutes les semaines, quand il revenait de Tourcoing, il donnait le pouls du terrain au Président. C’est notamment lui qui convainc Emmanuel Macron de ne pas laisser la question de l’immigration à l’extrême droite, de tenter de faire de la République en Marche un véritable parti populaire.
Un homme clef du jour d'après
Mais "Gérald Darmanin a su se tenir à équidistance du Premier ministre et du Président", remarque un fidèle d’Emmanuel Macron. Une assurance vie par les temps qui courent. Elle va permettre à Gérald Darmanin de rester ministre des Comptes publics au moins jusqu’à un éventuel remaniement qui pourrait intervenir entre le 28 juin et le 14 juillet ou à la rentrée. "Il a l’intelligence des situations, remarque le sénateur du Nord, Marc Philippe Daubresse, "et il aime bien avoir plusieurs fers au feu, pouvoir choisir entre un poste de ministre, sa mairie, voire un jour la Région".
Avec cette entorse au non-cumul, Gérard Darmanin va s’imposer au sein de la majorité, où les politiques de poids sont rares, comme l’un des hommes clefs du jour d’après. Et à 37 ans, son ambition est sans limite.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.