Baisse des APL : "une situation dramatique pour les locataires", selon le président de la Fédération des Offices publics de l'habitat
Alors que les APL baissent de 5 euros par mois à compter de dimanche, Alain Cacheux, invité de franceinfo dimanche, prédit une hausse obligée des loyers et "l'arrêt brutal de la rénovation urbaine".
À compter du 1er octobre, les aides personnelles au logement (APL) sont réduites de 5 euros mensuels pour 6,5 millions de ménages. Et selon les textes parus au Journal officiel, les APL pourront à l'avenir voir leur montant diminué par simple arrêté. Invité de franceinfo dimanche, le président de la Fédération des Offices publics de l'habitat (OPH) et vice-président de l'Union sociale de l'habitat, Alain Cacheux, dénonce "une situation dramatique pour les locataires". Il prévoit aussi des effets difficiles pour de nombreux bailleurs sociaux.
franceinfo : Quelles sont les conséquences de la baisse des APL pour les bailleurs sociaux ?
Alain Cacheux : Cette baisse des APL signifie que près de la moitié des 256 organismes que notre Fédération regroupe, et qui gèrent environ 2,5 millions de logements, vont tomber dans le rouge dès l'année prochaine. C'est une situation dramatique pour les locataires, parce que si 122 sur 256 organismes tombent dans le rouge dès 2018, cela veut dire qu'ils vont être obligés d'aller dans une caisse de garantie. Cette caisse est un peu notre sécurité sociale. Sa première décision sera d'augmenter les loyers. Et puis, il faut dire aussi que c'est un arrêt brutal de la rénovation urbaine.
Le gouvernement compte sur les propriétaires et bailleurs pour répercuter la baisse de 5 euros sur les loyers. Pensez-vous qu'ils joueront le jeu ?
Pour ce qui nous concerne, nous sommes dans l'obligation de répercuter cette baisse. Par contre, pas le moindre euro n'est demandé aux propriétaires privés, alors que chacun sait que la hausse des loyers résulte principalement d'un certain nombre d'excès dans ce secteur.
Le secrétaire d'Etat à la Cohésion des territoires, Julien Denormandie, dénonce un système sous perfusion, avec toujours plus d'aides à la personne et de moins en moins d'aides à la construction. Que lui répondez-vous ?
Je réponds tout simplement que c'est une présentation partiale de la vérité. Lorsqu'on a réformé les aides au logement à la fin des années 1970, on a fait de l'aide à la personne l'instrument essentiel de la solidarité nationale. J'ajoute que depuis 15 ans, le poids des APL n'a pas augmenté dans notre pays, c'est 0,8% du PIB de la France, alors qu'il a explosé dans un certain nombre d'autres pays, comme la Grande-Bretagne.
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