L'association anticorruption Anticor dénonce le non-renouvellement de son agrément par le gouvernement

Le gouvernement avait jusqu'à minuit, mardi, pour renouveler l'agrément d'Anticor, ce qu'il n'a pas fait. "Nous sommes bien conscients que nos actions contre la corruption agacent profondément le gouvernement", estime l'association.
Article rédigé par franceinfo
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L'association Anticor lutte depuis 2002 contre la corruption. (CAPTURE ECRAN FRANCE 2)

L'agrément d'Anticor n'a pas été renouvelé par le gouvernement. L'association anticorruption attendait d'ici au mardi 26 décembre la réponse à sa demande, après l'annulation par le tribunal administratif de Paris du précédent agrément. "C'est un refus implicite après six mois d'instruction par la direction des affaires criminelles et des grâces où absolument rien ne nous a été reproché", déduit mercredi 27 décembre au matin, Élise Van Beneden, présidente d'Anticor. Une information confirmée de source diplomatique à France Inter. 

"Cette décision ne nous surprend pas malheureusement car nous sommes bien conscients que nos actions contre la corruption agacent profondément le gouvernement", réagit-elle auprès de franceinfo. 

Mardi 26 décembre, peu avant minuit, l'association postait ce message sur le réseau social X : "Il reste 20 minutes au Quai d'Orsay pour renouveler l'agrément d'Anticor". Or, à "minuit passé, chou blanc", a écrit l'association dans une autre publication. Mercredi 27 décembre au matin, rien n'apparaît au Journal officiel sur cet agrément demandé par Anticor. Ce "refus implicite" intervient "après une instruction de six mois durant laquelle aucun dysfonctionnement ne nous a été reproché par le gouvernement et alors même que la Première ministre a considéré en octobre dernier qu'Anticor remplissait toutes les conditions pour être agréée", déplore Élise Van Beneden.

Elle annonce que l'association va "contester cette décision devant la justice administrative". Selon la présidente d'Anticor, "la bonne nouvelle c'est que c'est la justice qui va statuer sur le respect par Anticor des critères pour être agréée". Ainsi, poursuit-elle, "cela permet d'évacuer l'arbitraire auquel nous sommes soumis depuis trois ans".

Cette décision "nous attriste car elle constitue une entrave à l'action de centaines de bénévoles qui luttent partout en France contre les abus de pouvoir"

Élise Van Beneden, présidente d'Anticor

à franceinfo

L'agrément permet à Anticor d'intervenir dans des dossiers de lutte contre de la corruption présumée. Sans ce sésame, l'association ne peut plus se porter partie civile "alors que cette démarche est fondamentale puisqu'elle permet de contourner la décision d’un procureur, dont la carrière dépend du gouvernement, de classer sans suite une affaire politico-financière sensible", explique la présidente d'Anticor.

"En se constituant partie civile, Anticor allait chercher un dossier politico-financier sur le bureau d'un procureur pour le déposer sur le bureau d’un juge d'instruction qui est lui constitutionnellement indépendant", poursuit Élise Van Beneden. C'est essentiel car "cela permettait de faire barrage à l'impunité et de promouvoir, dans la mesure de nos forces, l'égalité devant la loi en disant haut et fort que les élus ne sont pas des super-citoyens et qu’ils doivent rendre des comptes à la justice et à travers elle, aux citoyens", conclut la présidente d'Anticor dans un message envoyé à franceinfo. 


"Cette décision ne remet aucunement en cause la détermination de la France à lutter contre la corruption", assure à France Inter une source diplomatique. "L'existence d'un parquet spécialisé présentant toutes les garanties d’indépendance, d’agences, de services d'enquête et de renseignement spécialisés en témoigne suffisamment", explique cette même source ajoutant que "la possibilité pour cette association comme pour d’autres de signaler des dossiers à la justice et de porter plainte reste intacte".

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