Enquête ouverte pour "tentative de viol" visant Damien Abad : "Il ne passera pas le remaniement", assure un pilier de la majorité
Le parquet de Paris a annoncé mercredi l'ouverture d'une enquête après la plainte d'une troisième femme qui accuse le ministre des Solidarités de l'avoir agressé sexuellement. Fin mai, la Première ministre s'était engagée à tirer toutes les conséquences si un élément nouveau apparaissait.
Une enquête a été ouverte le 28 juin dernier pour tentative de viol visant Damien Abad après qu'une plainte a été déposée contre l'actuel ministre des Solidarités, a appris franceinfo ce mercredi auprès du parquet de Paris. Les investigations ont été confiées à la BRDP (Brigade de répression de la délinquance contre la personne).
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La justice veut ainsi faire la lumière sur des faits survenus début 2010, selon la plaignante. Selon elle, cette tentative de viol s'est déroulée lors d'une soirée privée au domicile de l'actuel ministre. Ce soir-là, elle raconte être tombée nez à nez avec Damien Abad à la sortie des toilettes. D'après elle, celui qui est alors député européen l'entraine de force dans une pièce, lui fait une clé de bras, pousse sa tête contre son entrejambe et tente de lui imposer une fellation. Elle raconte alors s'être débattue, et l'avoir frappé avant de parvenir à s'enfuir.
Cette élue raconte aussi plusieurs faits de harcèlement et des agressions sexuelles de la part de Damien Abad, dès 2009, mais ces faits sont a priori trop anciens pour faire l'objet de poursuite. L'enquête va donc se concentrer sur les accusations de tentative de viol. Le ministre des Solidarités, de l'Autonomie et des Personnes handicapées Damien Abad est visé par deux autres accusations, cette fois pour viol, révélées par Mediapart quelques jours après sa nomination au gouvernement, le 20 mai. Une femme a porté plainte deux fois pour un viol qu'elle dit avoir subi en 2011. Le parquet de Paris a classé ces deux plaintes sans suite en 2012 et 2017.
"Boulet"
Mais si le ministre des Solidarités plaide l'innocence, en coulisses, la position devient fragile, alors qu’Elisabeth Borne s’apprête à faire des propositions au président de la République pour remanier le gouvernement après les élections législatives. "Il ne passera pas le remaniement", parie ainsi un pilier de la majorité. Dès le 22 mai, Elisabeth Borne s’engageait à tirer toutes les conséquences si un élément nouveau apparaissait. Or, avec l'ouverture d’une enquête, il sont plusieurs au sein de l’exécutif à juger que la Première ministre le tient alors que Matignon a laissé fuiter il y a quelques jours dans la presse qu’en privé, elle qualifie son ministre de "boulet".
"L'ouverture d’une enquête est une non-information puisqu’elle est systématique après une plainte", fait valoir la défense de Damien Abad à franceinfo. "Présomption d’innocence", répond pour le moment le Président lui-même. Le remaniement offre néanmoins "une opportunité", juge une source gouvernementale.
Mais s’il se sépare de Damien Abad, qui ne compte pas partir de lui-même selon son entourage, Emmanuel Macron devra aussi remercier Chrysoula Zacharopoulou, relève un conseiller du pouvoir. La secrétaire d’Etat chargée de la Francophonie est également visée par une enquête après des plaintes pour viol et violences gynécologiques, dans le cadre de sa profession de médecin. Avec les trois ministres battues aux législatives, ce sont donc au moins cinq membres du gouvernement qu’il faudrait remplacer.
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