Déclaration de politique générale : "Ce n'est pas possible de négocier avec un fusil sur la tempe", réagit Sophie Binet après l'annonce de nouvelles discussions sur les retraites

Article rédigé par franceinfo
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Publié Mis à jour
franceinfo mardi 14 janvier
"Ce n'est pas possible que le Medef soit en position de force", a ajouté la numéro un de la CGT, mardi.

Ce qu'il faut savoir

Ce direct est désormais terminé.

"Ils ont entre les mains une part décisive de notre avenir national." François Bayrou a annoncé, mardi 14 janvier, lors de sa déclaration de politique générale, qu'il chargeait les partenaires sociaux de négocier pour trouver des "pistes" d'amélioration de la réforme des retraites. "Dès vendredi", le Premier ministre réunira les "représentants de chaque organisation" et leur proposera "de travailler autour de la même table, de s'installer dans les mêmes bureaux ensemble pendant trois mois".

"Ce n'est pas possible de négocier avec un fusil sur la tempe. Ce n'est pas possible que le Medef soit en position de force avec d'ores et déjà l'engagement que s'il n'y pas d'accord c'est la réforme actuelle qui s'appliquera", a réagi Sophie Binet, la secrétaire générale de la CGT, auprès de France Télévisions. De son côté, le Medef se dit dans un communiqué "très attentif à ce que ces discussions s'inscrivent dans le cadre de budgets ne portant pas atteinte à la compétitivité, à la croissance et à l'emploi".

Le PS censurera le gouvernement sauf s'il obtient "une réponse claire" sur les retraites. "Le compte n'y est pas." Olivier Faure, le numéro un du PS, a dit être insatisfait après la déclaration de politique générale de François Bayrou, se plaçant toujours dans l'opposition. "Sur la question essentielle des retraites, le Premier ministre a entrouvert la porte", a-t-il toutefois souligné sur TF1. A ce stade, le Parti socialiste censurera le gouvernement sauf s'il obtient "une réponse claire" sur les retraites, a-t-il prévenu. "Le travail en commun qui va s'ouvrir sur les retraites n'a pas de sujet tabou. S'il y a une loi nouvelle, elle sera bien évidemment examinée devant cette Assemblée", a déclaré le Premier ministre en réponse à Boris Vallaud, le chef des députés socialistes.

Les écologistes voteront la censure. "Dans deux jours, nous voterons la censure" contre le gouvernement, a assuré la cheffe des députés écologistes, Cyrielle Chatelain, à l'issue du discours du chef du gouvernement. "On l'avait bien senti depuis deux jours : les discussions sont au point mort. Il n'y avait rien dans ce discours", a fustigé la députée qui a critiqué un "discours flou". Les députés de La France insoumise, les communistes et les Ecologistes ont déposé une motion de censure contre le gouvernement de François Bayrou, quelques heures après la déclaration de politique générale du Premier ministre.

Les partenaires sociaux appelés à négocier sur les retraites. Le chef du gouvernement a chargé les partenaires sociaux de trouver un "accord" dans les prochains mois pour une réforme "socialement plus juste" mais "équilibrée". François Bayrou, qui réunira les partenaires sociaux "dès vendredi", a assuré qu'il n'avait "aucun tabou, pas même l'âge" de départ, fixé à 64 ans dans la loi entrée en vigueur en septembre 2023. "Je souhaite que cet accord soit trouvé", a-t-il poursuivi. "Mais si les partenaires ne s'accordaient pas, c'est la réforme actuelle qui continuerait à s'appliquer", a-t-il mis en garde.

"Epée de Damoclès" budgétaire. Le chef du gouvernement a évoqué la situation budgétaire du pays, affirmant que la "dette est une épée de Damoclès au-dessus de notre pays et de notre modèle social". "Tous les partis de gouvernement" ont "une responsabilité dans la situation" d'endettement de la France, a-t-il poursuivi. Concernant le projet de budget, François Bayrou a déclaré viser un déficit public à 5,4% du PIB en 2025.

Pas de déremboursement des médicaments et des consultations. Le Premier ministre a évoqué ses pistes pour la santé, alors que le projet de loi de financement de la Sécurité sociale n'a pas été voté du fait de la censure du gouvernement de Michel Barnier. "Pour protéger les plus fragiles", François Bayrou a annoncé que "la mesure de déremboursement de certains médicaments et des consultations", proposée par le précédent gouvernement, "ne sera[it] pas reprise". 

Vers une réforme du mode d'élection des députés. "Le pluralisme suppose aussi que chacun trouve une place au sein de la représentation nationale, à proportion des votes qu'il a reçus", a déclaré le chef du gouvernement, défenseur du scrutin à la proportionnelle. "Je propose que nous avancions sur la réforme du mode de scrutin législatif" et "chacun exprimera alors sa position", a-t-il ajouté.

"Remettre en question" les normes et contrôles agricoles. "Pour les entreprises agricoles, je m'engage à ce que nous remettions en question les pyramides de normes. Ceux que l'on contrôle doivent avoir leur mot à dire sur les contrôles et s'il faut des remises en cause nous les conduirons avec eux dans un temps bref", a promis François Bayrou.

"Parcoursup est une question" pour le Premier ministre. François Bayrou a estimé nécessaire d'"ouvrir les portes" et d'"inventer la période de l'année d'articulation entre l'enseignement secondaire et l'enseignement supérieur". "Vouloir sélectionner précocement, sans qu'aient mûri l'esprit et les attentes, je pense que c'est une erreur, en tout cas une faiblesse", a-t-il ajouté, critiquant en creux la plateforme post-bac d'orientation lancée en 2018.

Le Live

L'actu en continu
  • franceinfo
    Il y a 1 jour
    #POLITIQUE Michel Picon, le président de l'Union des entreprises de proximité (U2P), a salué l'annonce de François Bayrou de remettre le sujet des retraites "en chantier avec les partenaires sociaux". "Pourquoi ce qu'on a été capable de faire sur l'Argic-Arrco, on ne serait pas capable de le faire sur le régime général des retraites ?", s'interroge le responsable de l'U2P.
  • franceinfo
    Il y a 1 jour
    #POLITIQUE Gérard Larcher appelle au "dépassement des postures" au Parlement. Lors de ses vœux aux sénateurs et en présence de François Bayrou, le président Les Républicains du Sénat a promis au Premier ministre une Haute Assemblée "exigeante" et qu'il faudra "convaincre", après la déclaration de politique générale du chef du gouvernement.
  • David-Angers
    Il y a 1 jour
    #POLITIQUE Bonsoir FI, mais même si les socialistes votent la censure du gouvernement, ils n'auront pas assez de voix pour cela, non ? Il faut le NFP et le RN ? Merci pour votre éclairage !
    Clément Parrot
    franceinfo Il y a 1 jour
    Bonsoir @David-Angers. Tout à fait, la position des socialistes relève pus du principe, car tant que le RN décide de ne pas voter la censure, le gouvernement de François Bayrou peut espérer se maintenir. Mais les troupes de Marine Le Pen ont montré à Michel Barnier le risque d'un tel pari. Pour rappel, il faut la majorité absolue de 289 députés pour censurer un gouvernement et voici les rapports de force actuellement à l'Assemblée :
  • franceinfo
    Il y a 1 jour
    #POLITIQUE Il n'y aura "pas de baisse des postes mis aux concours pour le recrutement" des enseignants, a assuré François Bayrou à l'Assemblée, en dépit des chiffres officiels déjà parus pour le second degré qui font état d'une baisse dans certaines disciplines par rapport à 2024. "Ce sera le même nombre de postes dont nous savons tous qu'on les affiche, mais qu'on ne les remplit pas parce que la question principale, c'est devenu le manque d'attractivité du métier d'enseignant", a estimé le Premier ministre.
  • Arnaud Rousseau
    président de la FNSEA Il y a 1 jour
    "Ces paroles, le Premier ministre doit les transformer en actes. Nous attendons désormais un calendrier clair pour que ces promesses dues au monde agricole depuis plus d’un an se concrétisent enfin."
    #POLITIQUE Sur X, le président de la FNSEA a souhaité "saluer le Premier ministre François Bayrou qui, dans sa déclaration de politique générale, s’est porté comme le défenseur de nos agriculteurs sur les accusations qui leur sont faites injustement de nuire à la nature". #AGRICULTURE
  • François Rebsamen
    ministre de l'Aménagement des territoires Il y a 1 jour
    "François Bayrou a en lui la conviction que la réconciliation des Français est possible, il y croit (...) un peu à Nelson Mandela."
    #POLITIQUE Sur BFMTV, François Rebsamen n'hésite pas à comparer le Premier ministre à l'ancien président sud-africain Nelson Mandela. "Il faut sortir de cet esprit de confrontation auquel nous sommes trop habitués", avance l'ancien ministre de François Hollande. "Quand il y a l'intérêt général, une forme de synthèse s'opère."
  • franceinfo
    Il y a 1 jour
    #POLITIQUE Déficit, pouvoir d'achat, démocratie... François Bayrou a détaillé ses priorités dans son discours de politique générale. Il s'est montré très clair sur sa principale priorité : la lutte contre le surendettement de la France. France Télévisions revient sur les annonces phares du Premier ministre.
  • Sophie Binet
    secrétaire générale de la CGT Il y a 1 jour
    "Ça n'est pas possible que nous négociions avec le fusil sur la tempe. Ça n'est pas possible que le Medef soit en position de force."
    #POLITIQUE Dans son discours de politique générale, François Bayrou n'a pas annoncé la suspension de la réforme des retraites, mais trois mois de concertation avec les syndicats. Pour la CGT, ces renégociations sont d'ores et déjà biaisées.
  • franceinfo
    Il y a 1 jour
    #POLITIQUE "C'est une déclaration de politique générale relativement floue", commente sur franceinfo le député RN Julien Odoul. Concernant une refonte de la réforme des retraites, Julien Odoul estime qu'"il sera très difficile de changer de cap", au vu de ceux qui soutiennent aujourd'hui le gouvernement. Pour ce qui est de la création "d'une banque de la démocratie et d'une introduction de la proportionnelle", revendication de longue date de l'extrême droite, "ça va dans le bon sens", reconnaît l'élu de l'Yonne.
  • Jérôme Guedj
    député PS Il y a 1 jour
    "François Bayrou a 48 heures pour être vraiment sécurisant, nous donner des garanties."
    #POLITIQUE "Je suis agacé parce qu’il y a un décalage entre la qualité des négociations et la proposition finale", confie à franceinfo Jérôme Guedj. En revanche, il estime que sur la méthode, "la différence est totale, par rapport à Michel Barnier".