Remaniement : Manuel Bompard (LFI) fustige un "attelage brinquebalant" de "macronistes fanatisés" et de "mercenaires sans principe et sans conviction"

Le coordinateur national de la France Insoumise pointe notamment un manque de "cohérence politique" de nouveaux entrants et vise notamment la nouvelle ministre de l'Éducation nationale Nicole Belloubet.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Manuel Bompard, coordinateur national de La France Insoumise, invité de franceinfo le 9 février 2024. (FRANCEINFO / RADIOFRANCE)

Au lendemain de la nomination complète du gouvernement de Gabriel Attal, le coordinateur national de La France insoumise, Manuel Bompard, présente sur franceinfo la nouvelle équipe gouvernementale comme un "attelage brinquebalant" de "macronistes fanatisés" et de "mercenaires sans principe et sans conviction".

Parmi les "mercenaires sans principe et sans conviction", le député LFI range en premier lieu la nouvelle ministre de l'Éducation nationale, Nicole Belloubet, qui en 2016 "défendait (...) le fait qu'il fallait s'opposer au port de l'uniforme, que c'était quelque chose de ridicule" et qui aujourd'hui, en acceptant de devenir ministre d'Emmanuel Macron, est prête "à prendre en charge un programme politique" et "des propositions opposés et totalement contraires". Manuel Bompard souligne un manque de "cohérence politique" de la part de personnes "qui sont capables de dire une chose et quelques mois ou quelques années plus tard, de rejoindre un gouvernement pour faire l'inverse."

Le départ d'Amélie Oudéa-Castéra, "une bonne nouvelle"

Manuel Bompard salue par ailleurs le départ d'Amélie Oudéa-Castéra de l'Éducation nationale, qui lors des polémiques entourant la scolarisation de ses enfants dans le privé a "menti à plusieurs reprises", qui a "exprimé un mépris pour l'école publique" et qui "était sans doute le symbole le plus pur, comme elle l'a dit elle-même d'ailleurs, de cette caste déconnectée et privilégiée". Pour lui, "c'est une bonne nouvelle qu'elle quitte ses fonctions au ministère de l'Éducation" mais l'Insoumis se dit toutefois surpris qu'elle garde les portefeuilles des Sports et des Jeux olympiques et paralympiques : "Apparemment, en macronie, quand on ment, on ne peut pas être ministre de l'Éducation nationale mais on peut quand même être ministre de la Jeunesse [c'est Nicole Belloubet qui a la charge de ce portefeuille et non Amélie Oudéa-Castéra - Ndlr] et des Sports. Je trouve ça assez surprenant."

Sur la nomination de Frédéric Valletoux, qui a présidé la Fédération hospitalière de France entre 2011 et 2022, au poste de ministre délégué en charge de la Santé, Manuel Bompard espère qu'il "entendra ce qu'a dit la FHF, notamment après le passage par 49.3 du dernier budget de la Sécurité sociale", qui critiquait "un budget de l'hôpital public qui était bien en deçà de ses attentes". Les fédérations hospitalières avaient notamment dénoncé en octobre dernier, dans un courrier envoyé à Élisabeth Borne, un "coup de rabot" sur les finances des hôpitaux dans le projet de budget 2024. Le député Insoumis redoute que Frédéric Valletoux se retrouvera "peut-être confronté à une difficulté ou à une sorte de conflit de loyauté entre la réalité de ce qu'il faudrait faire, de ce que disait la Fédération hospitalière de France, et la réalité de ce que le gouvernement veut faire".

G. Kasbarian au Logement, "une provocation insupportable"

Le député Renaissance d'Eure-et-Loir, Guillaume Kasbarian, a quant à lui été nommé ministre délégué en charge du Logement, ce qui est aux yeux de Manuel Bompard "une provocation" : "Monsieur Kasbarian a porté il y a quelques mois à l'Assemblée nationale une proposition de loi [surnommée loi "anti-squat" contre l'occupation illicite des logements - Ndlr] qui visait à faciliter les expulsions, qui visait notamment à pouvoir dispenser des peines de prison à des personnes qui auraient des impayés de loyers. Et je trouve que le fait de le nommer, lui, comme ministre du Logement aujourd'hui, quand on sait la difficulté qu'ont les Français aujourd'hui pour se loger, quand on est confronté à une inflation sur les prix alimentaires, sur les prix de l'énergie, quand on sait la difficulté pour avoir accès à un logement social, (...) quand vous allez jusqu'à l'idée de dire que des gens qui n'arrivent pas à payer leur loyer tout simplement parce qu'ils ne s'en sortent pas, qu'ils n'y arrivent pas, vous allez les mettre en prison, je trouve que c'est un symbole et une provocation qui est insupportable."

La loi en question a été adoptée en juin 2023, après avoir été allégée lors de son passage au Sénat qui a supprimé la mesure de création d'une peine de prison pour les locataires refusant de quitter leur logement en cas d'impayés. Cette loi, rappelle l'Insoumis, avait notamment été critiquée par "la Défenseure des droits et par des rapporteurs spéciaux de l’ONU qui ont dit à quel point elle violait des engagements internationaux de la France". Aujourd'hui, conclut-il, "toutes les associations de logement disent que la nomination de M. Kasparian est une provocation".

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