Commission européenne : "Personne n’a eu ma peau, c’est moi qui ai démissionné parce que je devais le faire", affirme Thierry Breton

Invité de l'émission Questions politiques, l'ancien commissaire européen s'est expliqué sur sa récente démission. Il a également commenté la composition du gouvernement de Michel Barnier, annoncée samedi soir.
Article rédigé par franceinfo
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l'ex commissaire européen Thierry Breton invité de Questions politiques, le 22 septembre 2024 (RADIO FRANCE)

"Personne n’a eu ma peau, c’est moi qui ai démissionné, parce que j’ai estimé que je devais le faire", a réagi Thierry Breton, ancien commissaire européen chargé du marché intérieur, invité dimanche 22 septembre de Questions politiques sur France Inter, franceinfo TV et Le Monde. Il a démissionné lundi 16 septembre de la Commission européenne, au terme d'un bras de fer avec la présidente de la Commission Ursula von der Leyen.

"Si vous estimez que vous n’avez plus les conditions, vous en tirez les conséquences", dit-il, évoquant une "décision qu’on ne prend pas à la légère".

"Je n'avais plus ma place au sein de ce collège"

Concernant les raisons, sinon les conditions, de sa démission, Thierry Breton explique avoir "compris" qu'il y avait un enjeu autour de sa candidature négociée entre Emmanuel Macron et Ursula von der Leyen. Selon lui, la présidente de la Commission a demandé à Emmanuel Macron de choisir entre "un plus grand portefeuille avec quelqu'un d'autre" que Thierry Breton à sa tête ou "un plus petit" portefeuille en échange de son renouvellement. Le "choix [d'Emmanuel Macron] a été son choix, je le respecte, mais lorsque j'ai compris que tel allait être son choix, j'ai estimé que dans ces conditions, je n'avais plus ma place au sein de ce collège et j'en ai tiré les conséquences, sans acrimonie aucune", témoigne Thierry Breton. L'ex-commissaire européen dit ne pas contester cette décision et ne pas s'être senti 'lâché' par le chef de l'État. "Quand on accepte de faire de la politique à ce niveau, on doit prendre ses responsabilités", poursuit-il.

Thierry Breton admet, à demi-mot, ne plus être en adéquation avec la gouvernance d'Ursula von der Leyen. "Si j'estime que je ne suis pas à l'aise avec cette gouvernance, j'en tire les conséquences", assume-t-il. Il constate d'ailleurs le passage de trois exécutifs vice-présidents dans la dernière commission à six aujourd'hui, "tous nouveaux". "Il n'y a plus que trois commissaires qui restent, tous les autres sont partis ou ont été incités à partir, il y a donc un peu moins d'expérience", poursuit-il, évoquant une "organisation plus verticalisée".

Thierry Breton dément par ailleurs toute pression, pouvant expliquer son départ, de la part d'Elon Musk, le patron de X (ex-Twitter) en lien avec le règlement DSA (pour Digital Services Act) qu'il a piloté et qui impose aux plateformes en ligne de lutter contre la diffusion de contenus illicites ou préjudiciables ou de produits illégaux. "J'ai été la victime pendant cinq ans de pressions, de lobbies, intenses, venant des plateformes dans tous les domaines, mais on l'a fait. La loi dit que désormais ce n'est plus le far west sur ces réseaux sociaux", ajoute-t-il.

La France, comme l'Europe, plus à droite

Invité à commenter la situation politique en France, Thierry Breton a estimé que "c'est un gouvernement qui est clairement de centre-droit, on a enfin une coalition entre Renaissance et les Républicains, sous le contrôle de l'extrême droite et de Marine Le Pen."

Interrogé sur ce que signifie l'absence du bloc de gauche dans cette coalition gouvernementale, Thierry Breton rejette l'idée d'un déni de démocratie. "Je pense que le président de la République a eu raison, estime-t-il. Force est de constater que cette coalition (droite et centre-droit) est plus solide que l'autre", ajoute-t-il. Selon l'ex-commissaire européen, la France n'échappe pas à ce qui se passe en Europe : une bascule "massivement et significativement" à droite des pouvoirs politiques. "15 États sur les 27 qui constituent l'UE sont à droite, certains plus que d'autres, on peut penser à la Suède, aux Pays-Bas, à l'Italie, c'est ça l'Europe dans laquelle nous sommes aujourd'hui", constate-t-il.

"Notre classe politique est maintenant fragmentée partout en Europe", estime Thierry Breton pour qui il est temps d'apprendre à "vivre ensemble", à "faire campagne, puis à se remettre ensemble pour travailler ensemble". "C'est ça, la culture de coalition, il faut l'avoir partout, en France, on ne l'avait pas encore", affirme l'ex-commissaire européen.

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